Les habitants au cœur des projets de revitalisation du centre bourg à Laurenan (22)
Thématique(s): Centres-bourgs : Etudes et Habitat - Commerces - Démarches globales et participatives
Infos pratiques
Adhérent entre 2016 et 2020
Maire : Pascal Rouxel
Adresse : 22230 Laurenan, France
Téléphone : 02 96 25 67 00
Nbre d’habitants : 726
Superficie : 30,60 km²
Intercommunalité : Loudéac Communauté − Bretagne Centre
www.laurenan.fr
Contact BRUDED : Cécile Jamoneau
Autres expériences de Laurenan
Depuis 2017, élus et habitants s’investissent dans une démarche participative initiée par la municipalité pour redynamiser le centre de ce bourg rural. Une dynamique qui porte déjà des fruits inattendus comme l’ouverture d’un café-épicerie associatif animé par une trentaine de bénévoles.
Laurenan est une commune rurale de 730 habitants, située en Centre Bretagne dans le Pays du Mené. L’agriculture et l’agro-alimentaire sont les moteurs de l’économie du territoire. Elle est connue pour sa culture du « faire-ensemble » impulsée par la vie associative. Depuis 20 ans, l’association culturelle Laur’art organise 5 à 10 soirées discussions par an qui drainent un public régional. La médiathèque compte 300 abonnés. La municipalité soutient cette dynamique et s’appuie sur elle pour mener une démarche de revitalisation du centre bourg après l’avoir déjà fait pour élaborer le PLU.
Gouvernance partagée et claire …
La commune a été lauréate en 2017 de l’appel à projet régional dédié à la « Dynamisation des bourgs ruraux ». Les axes stratégiques de revitalisation et d’attractivité du centre-bourg avaient été définis dans le cadre d’une étude à laquelle les habitants ont été étroitement associés.
Elle va ainsi bénéficier d’une enveloppe de 424 000 € pour mener 6 projets dont la rénovation avec isolation paille par l’extérieur de la salle des fêtes, la transformation de l’ancienne poste en logement social, la transformation d’un ancien café en café-épicerie associatif et l’aménagement citoyen de la place haute. Chacun d’eux fera à nouveau l’objet d’une co-construction avec les habitants animée par Sylvain Cocquerel de Territoires en mouvement.
Quels objectifs ? Quelle méthode ? Quelles échéances ? Qui pilote ? Qui décide et quand ? Qui coordonne ? … Tous ces éléments ont été interrogés et les choix validés collectivement par tous les acteurs de la démarche. Valérie Poilâne-Tabart, maire de 2009 à 2020, estime qu’il ne peut y avoir de flou et que « tout doit être posé et validé de manière transparente. Le cap fixé pour les objectifs de développement durable doit être tenu ».
Les élus ont eu le souhait de ne pas épuiser les habitants dans une concertation où tout serait à définir car selon la maire : « Il est préférable de solliciter leur capacité d’invention dans le comment faire plutôt que de partir d’une feuille blanche ».
Mettre en mouvement les habitants pour consolider la communauté locale est essentiel si l’on veut porter des projets de développement durable innovants et assurer la transition écologique.
Valérie Poilâne-Tabart, maire de 2009 à 2020
Animation et participation transversale
Elle associe citoyens, élus, agents municipaux et expertises externes : Urbaniste-paysagiste, CAUE, Tiez Breiz, DDTM, BRUDED, notaires …). Des ateliers ont été organisés selon la chronologie des opérations :
- 2017: conception et futurs usages de la salle des fêtes et de son jardin
- 2018 : habitat et résorption de la vacance / l’Ecoquartier au cœur de bourg / l’aménagement paysager
- 2018 : Nouveau commerce et lieu de rencontre
- 2019 : aménagement de la place haute / l’aménagement des clôtures et des haies nourricière
Chaque projet est mené par un groupe de travail habitants/élus avec pour cadre les engagements pris dans le dossier de l’AAP régional. Ils fonctionnent comme des commissions extra-communales. Le comité de pilotage, mixte aussi, est chargé du suivi de la démarche globale, de la préparation des ateliers participatifs, de l’organisation de chantiers participatifs et des moments festifs autour du vivre et faire ensemble.Le conseil municipal valide ce qui nécessite des délibérations
Un autre objectif important pour les élus est que : « la démarche assure une montée en compétences collective de tous les participants par de la formation décloisonnante et la découverte d’expériences collaboratives sur d’autres territoires ».
Concilier le besoin de réflexion et celui d’action
Une démarche participative aussi poussée se traduit par de longs temps de réflexion et de concertation autour des projets. Pour éviter que certains participants perdent de leur motivation au fil des mois et que enthousiasme s’essouffle, les élus ont fait en sorte qu’elle soit jalonnée de chantiers participatifs organisés dans un esprit festif. Les participants en « mal d’action » ont ainsi pu voir assez vite les premiers résultats du changement en cours. Plusieurs opérations de fleurissement de pieds de murs et de trottoirs ont permis d’embellir le bourg. « Cette initiative a été appréciée par de nombreux habitants qui ont choisi de s’associer à cet élan participatif » .
Pour le projet d’aménagement citoyen de la place haute, des bénévoles ayant des dispositions artistiques ont dessiné au sol ce que pourrait être sa nouvelle configuration. « Lors des rendez-vous, comme la fête de la musique, des craies seront mises à la disposition de tous pour rajouter à l’existant pérenne des dessins éphémères.»
Des chantiers collectifs sont aussi prévus pour la pose des bottes de paille pour isoler la salle polyvalente.
Un bar-épicerie associatif durable
Il s’est installé dans l’ancien café-épicerie situé en cœur de bourg racheté par la commune. Très rapidement, les membres du groupe de travail ont souhaité plancher sur un projet associatif porté par des bénévoles dans l’idée qu’il soit aussi un lieu de rencontre et de convivialité, tout en veillant à ce qu’il ne fasse pas concurrence au café-restaurant existant. Pour affiner leurs objectifs, élus et habitants sont allés visiter des lieux existants dont le « Champ commun « à Augan (56) et le café associatif de Monteneuf (56). Une association a ensuite été créée « Les Cœurs de bourg » pour organiser les travaux de remise en état de la partie café, et l’ouverture du lieu début 2019. Depuis, 34 bénévoles se relayent sur 5 plages horaires hebdomadaires pour distribuer le pain, des produits de première nécessité ou issus de circuits courts, servir des boissons chaudes et discuter avec les « clients ». Côté agencement tout est issu de la récupération : mobilier, vaisselle…
Des élus animateurs
Valérie Poilâne-Tabart tire déjà des enseignements de cette démarche participative : « Cela implique un changement de posture des élus. Il faut savoir endosser un rôle d’animation et de communication, s’investir dans la gestion des relations humaines qui ne sont pas toujours simples avec autant de monde et d’avis différents autour de la table. D’où l’importance d’une méthode définie, qui concilie rigueur et souplesse, à savoir une capacité à remettre en cause et à réajuster le processus car on est en train d’inventer les chemins de la participation. L’accompagnement d’une personne extérieure rompue dans l’exercice d’une animation à la fois cadrée et joyeuse est essentiel »
Des projets partagés
« Nous sommes convaincus que ces projets seront plus riches, plus originaux et mieux appropriés par les habitants. Cette dynamique collective de faire ensemble et de savoir-faire accumulé va certainement faire germer de nouvelles idées ». se réjouit la maire.