Gisèle Guilbart, maire de Quistinic (56)
C’est un bien bel honneur pour moi d’introduire la thématique de « la construction durable » que nous avons effectivement largement prise en compte à Quistinic. Pour répondre à vos questions, il me faut remonter le temps et reprendre la genèse de nos projets.
- Comment avez-vous tenté de traduire la question du développement durable au cours de vos 2 mandats ?
Au lendemain des municipales de 2008, nous avons découvert une situation financière désastreuse. Il me plaît à dire encore aujourd’hui que cette mauvaise surprise nous a obligés à réduire drastiquement les dépenses de fonctionnement puis à être plus intelligents et plus inventifs dans toues nos actions. L’acte fondateur de notre démarche de développement durable a été l’adhésion à BRUDED. En effet, les retours d’expériences des autres communes adhérentes nous ont fait prendre conscience de la nécessité d’avoir une vision transversale et qualitative pour chaque projet : qualité des matériaux, gestion des déchets, prise en compte du contexte humain et participatif, efficience économique, … avec le souci permanent du bien-vivre ensemble.
Nos deux premiers chantiers ont été le passage en zéro phyto et la réhabilitation des espaces publics du bourg. Le choix de l’innovation environnementale nous a permis de bénéficier de subventions conséquentes et ainsi de compenser notre manque de moyens des premières années. Il nous vaudra aussi le trophée régional du développement durable, catégorie construction d’équipements publics, pour notre pôle enfance éco-construit (paille-terre-bois). La revitalisation du centre bourg aura été un autre axe fort de notre action : la rénovation de notre presbytère et la densification d’une dent creuse, en partenariat avec Lorient Habitat, nous ont permis de créer des logements et des cellules commerciales.
Nous pouvons d’ores et déjà constater de nombreux signaux positifs : reprise de la démographie (+ 150 habitants environ sur les 10 dernières années), réouverture de commerces, installation de nouveaux professionnels et services.
- Plus spécifiquement, quelles sont les grandes lignes de vos réalisations en termes de construction durable ?
C’est en visitant les premières constructions en paille et terre au sein du réseau – Mouais, Muël ou encore Silfiac, qu’a germé l’idée d’utiliser des matériaux bio-sourcés pour la construction de notre futur pôle enfance : un nouvel équipement destiné à regrouper une cantine pour les deux écoles, une garderie et un relais d’assistantes maternelles. Ces retours d’expériences et l’enthousiasme communicatif des élus de ces communes nous ont convaincus que c’était aussi envisageable à Quistinic en organisant des chantiers participatifs. Ils ont réuni habitants, élus et agents : ramassage et pose des bottes de paille en isolation, enduits terres, haies en osier tressé et barrières en châtaigner local.
Le choix d’une équipe de maîtrise d’œuvre en phase avec la philosophie du projet et expérimentée a été déterminant dans la réussite de ce projet. Nous avons beaucoup travaillé tous ensemble sur la performance énergétique et la maîtrise des coûts. Au final, nous disposons d’un bâtiment éco-construit, quasi passif et moins coûteux que la plupart des bâtiments conventionnels. Les usagers apprécient particulièrement le confort acoustique et la qualité de l’air intérieur procurés par ces matériaux sains.
Cette réussite nous a incités à retenir la même équipe pour la construction d’une nouvelle école à côté du pôle avec les mêmes matériaux. Les travaux démarreront fin 2019.
Gisèle Guilbart, maire de Quistinic
En savoir plus
Des projets en bois-paille-terre
- Pôle enfance-jeunesse construit avec des matériaux biosourcés à Quistinic (56)
- Une salle multifonction passive en bois, paille et terre, à Mouais (44)
- Multi-accueil en paille à Muël (35)
- PAPI, le Pôle d’Accueil de Proximité Intergénérationnel à Silfiac (56)
Rédigé en novembre 2019
Thématique : Chantiers participatifs, Matériaux écologiques et locaux, Écoles et périscolaire