Delphine Mesgouez et Pascal Laporte, adjoints à Plérin (22)
La ville de Plérin – 14000 habitants – s’attèle depuis plusieurs années à la question de l’approvisionnement en bio local au sein de sa restauration collective qui fournit 1300 à 1400 repas jour. Elle a d’ailleurs obtenu en 2022 le Label Territoire Bio Engagé qu’elle considère comme un moyen de communication à destination des habitants et comme une reconnaissance de la collectivité pour le travail des élus et des agents en restauration collective.
Aujourd’hui, elle souhaite aller plus loin en produisant elle-même ses légumes.
Parole à Delphine Mesgouez, adjointe à la restauration collective et Pascal Laporte, adjoint au développement durable qui pilotent le projet de création d’une régie maraîchère municipale.
Vous ambitionnez de produire les légumes pour vos cantines, pouvez-vous nous rappeler la genèse de ce projet ?
En 2009 : la commune se positionne sur un approvisionnement en produits bio locaux qui prend d’année en année une part de plus en plus importante jusqu’à atteindre 40% en 2021. L’objectif est de tendre au 100% d’ici la fin du mandat.
Afin de sécuriser cet approvisionnement, un groupement de commandes a été créé en 2013. Il est depuis utilisé par quinze communes de l’agglomération de Saint Brieuc et piloté par la ville de Plérin.
Toutefois, l’approvisionnement en légumes reste toujours un peu compliqué. L’adéquation entre les besoins d’une cuisine centrale et l’organisation des producteurs qui doivent planifier à l’avance leurs cultures est parfois délicate. De ce constat est née l’idée de nous réapproprier la production.
Quelles sont les motivations de la commune à créer une régie maraîchère municipale ?
Nos objectifs sont clairs : impulser une action publique volontariste, résoudre les difficultés d’approvisionnement en les sécurisant et privilégier la qualité et la saisonnalité des légumes ; sans oublier le volet pédagogique. Ce qui nous plait, c’est aussi l’aspect transversal du projet qui concerne aussi bien les services éducation, urbanisme, espace verts, etc. Tout le monde au sein de la collectivité – agents, élus, habitants – peut être concerné.
La régie maraîchère nous a paru être une forme intéressante. Nous nous sommes donc inspirés de la commune de Mouans-Sartoux (06) où certains d’entre nous sont allés visités la célèbre régie.
Tout est possible et rien n’est encore défini : cela pourrait fonctionner avec les agents des espaces verts et un agent compétent en maraîchage biologique. Mais aussi pourquoi pas avec des saisonniers, des chantiers d’insertion sous convention … Nous ajusterons le format en fonction des réalités.
Naturellement, si nous voulons être autonomes en légumes, nous souhaitons néanmoins conserver le groupement de commandes pour les autres produits et pour compléter le cas échéant.
Une régie maraîchère sous-entend avoir des terres agricoles à cultiver. Où en sont vos démarches sur le foncier ?
A ce jour, le manque de foncier nécessaire freine le projet. Idéalement, nous aurions besoin de 2 à 3 hectares, proches du centre-ville pour être accessibles notamment aux écoles.
Le fait que nous soyons une commune littorale complique le projet du fait de l’installation de serres ou du recours nécessaire à de l’irrigation.
Il faut être en veille constante et active, être proche des agriculteurs, communiquer sur le fait que nous sommes en recherche. Il faut aussi repérer les parcelles peu ou pas exploitées, rencontrer les producteurs à la retraite.
Vous êtes en train de contractualiser avec un maraîcher. En quoi cela consiste-t-il ?
C’est une opportunité qui s’offre à nous. Alors que nous peinions à trouver le foncier nécessaire, nous avons été sollicités par Sylvain Wolff, un porteur de projet agricole qui recherchait des terres pour s’installer. Ce dernier a réussi finalement à trouver des terres éparses sur les communes alentour, notamment avec le soutien du Conservatoire du Littoral.
Mais l’étincelle avait déjà eu lieu : la rencontre avec Sylvain Wolff est l’occasion de pallier le projet de régie freiné par le foncier et permet d’engager la démarche. C’est ainsi que l’idée d’une contractualisation est née.
Nous en sommes aux prémices de cette contractualisation, d’autant plus de Sylvain Wolff est lui aussi en phase d’installation mais nous cherchons dès à présent à évoluer ensemble pour que tout le monde ressorte gagnant de cette expérience. À terme, nous imaginons organiser la planification pour répondre aux besoins de la cuisine centrale : le maraîcher planifiera ses cultures en fonction des quantités de légumes nécessaires.
Vous renoncez à la régie alors ?
Non, cela reste vraiment une envie forte mais nous avons conscience que c’est un projet de longue haleine, il va demander du temps et probablement évoluer. Qui sait, Sylvain Wolff pourrait peut-être devenir à terme l’agent de la régie ?
Pour l’instant, ce partenariat nous donne le sentiment d’avoir démarré et c’est essentiel !
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La page-expérience : Plérin (22) cherche à créer une régie maraîchère
Rédigé en septembre 2022
Thématique : Agriculture et restauration collective, Cantines en bio et local, Soutien à l’agriculture locale