Grand Champ (56) : Des tiny houses pour loger les actifs

Grand Champ, vaste commune de 6 700 hectares et 5 600 habitants en deuxième couronne de Vannes est un territoire très attractif à l’identité rurale et à proximité du golfe du Morbihan. La commune, chef-lieu de canton, est identifiée comme l’un des trois pôles d’équilibre dans le SCoT de Vannes agglomération. Elle fait également partie du dispositif ‘Petites Villes de Demain’.

Au travers d’un large projet de renouvellement urbain appelé ‘les balcons de Guenfrout’ (lien vers la page projet), la commune souhaite diversifier l’offre de logements et réinventer des segments du parcours résidentiel notamment pour les jeunes actifs qui ont beaucoup de difficulté à se loger dans le secteur. L’objectif est de proposer des logements intermédiaires pour la période de vie faisant la jonction entre la maison des parents ou le logement universitaire, et le premier logement familial, avoir une offre pour le premier appartement pour un stage, pour le premier emploi, ou lors de l’arrivée sur le territoire le temps de trouver un autre logement…

Le site de l’ancien camping municipal fermé depuis 10 ans, jouxte le large de projet de renouvellement urbain des Balcons de Guenfrout. En 2019, une partie de l’ancien camping a retrouvé une fonction d’accueil touristique avec la création d’un « Camping de mon village » porté et géré par l’opérateur « camping-car park » locataire du terrain communal. Deux offres sont proposées :

• Une aire de camping-car de 20 emplacements
• Des emplacements de camping

Pour le reste du site soit 7 500m², les élus projettent la construction d’un village de tiny houses pour compléter la diversification de l’offre de logement pour les jeunes actifs.

Les 30 emplacements auront 3 gestionnaires qui auront chacun 10 emplacements :

• Morbihan Habitat, le bailleur social dont les 10 tiny houses seront installées en mars 2024
• Des entreprises locales qui souhaitent investir pour proposer des solutions de logement pour leurs stagiaires, apprentis ou nouvelles recrues. Une première tiny house va être installée en septembre 2023
• La commune qui louerait les emplacements à des particuliers.

La question du logement pour les actifs est particulièrement critique. La collectivité se doit d’intervenir parce que si nous laissons faire le marché, nous ne pourrons plus construire ! Nous ne sommes pas entrain d’arriver dans le mur, nous y sommes. Alors à situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. 

Yves, Bleunven, maire.

Les aménagements

En septembre 2023, la commune va déposer le permis d’aménager avant la réalisation des travaux d’aménagement : les accès, les réseaux et un bâtiment commun équipé d’une buanderie, d’un local vélo sécurisé, d’une pièce commune, d’une chambre d’amis. Chaque tiny house aura les réseaux électrique, eau et assainissement à disposition et sera équipée de sous-compteurs pour assurer une facturation individuelle. Les stationnements seront mutualisés dans un parking à l’entrée du site.

L’aménagement du site nécessite un investissement estimé à 400 000€ : VRD (environ 150 000€), le bâtiment commun (Environ 250 000€). La commune est subventionnée à hauteur de 250 000€ par la région (fond « bien vivre en Bretagne »), l’état (DSIL) et l’agglomération. Le reste à charge de pour la commune sera amorti sur une durée d’environ 20 ans par les loyers des entreprises et des particuliers. Les loyers seront d’environ 100 € /mois.

Les prestataires en charge de la conception et du suivi de chantier sont le cabinet CPA et l’agence d’architecture ArchiUrba56 basés à Auray (56).

Perception sociale du projet

« Les habitants ont été informés de ce projet et de son avancement. Il n’y a pas eu d’opposition particulière, la démarche est comprise et acceptée. »

L’acceptation sociale du projet est aussi facilitée par l’absence de voisin proche.

« Par ailleurs, le projet répond aussi à un besoin de gens qui souhaitent vivre différemment, sur un modèle plus collectif où l’on mutualise davantage. Depuis que le projet est sorti dans la presse, des gens intéressés par une installation en tiny appellent presque tous les jours en mairie. » Christian Travert, Directeur de l’aménagement et des grands équipements.

Une adaptation nécessaire du PLU

La parcelle concernée est aujourd’hui classée en UL à destination d’activité et d’hébergement de loisir. Une modification du PLU va être nécessaire pour permettre l’hébergement en résidence principale.

Une offre qui entre difficilement dans le cadre du logement social

Le logement social est très encadré par la réglementation et il existe plusieurs incompatibilités entre l’habitat léger et le logement social qu’il reste encore à résoudre :

• Le bailleur sera usager du terrain d’implantation encadré par une convention d’occupation précaire alors qu’il doit en être propriétaire ou avoir un bail de longue durée pour construire du logement social
• Le plafonnement des loyers par un prix maximum au mètre carré ne permet pas l’équilibre financier de l’opération car les logements sont petits avec des espaces optimisés par des couchages en mezzanine par exemple.
• La caisse d’allocation familiale ne donne pas d’APL pour de l’habitat léger.

Morbihan habitat croit en son projet et souhaite aboutir le conventionnement. Ce serait une première en France !! Cependant, si le cadre réglementaire ne peut s’adapter, les logements ne seront pas conventionnés.

« C’est un projet expérimental et nous apprenons en marchant. Il reste des interrogations sur la construction du projet, sa gestion mais nous avançons pas à pas. Le partenariat fort et historique avec BSH aujourd’hui Morbihan Habitat, nous permet de sortir des sentiers battus pour expérimenter. » Christian Travert, Directeur de l’aménagement et des grands équipements.

Pour des questions de diversité de bâti et d’expérimentation, Morbihan Habitat a retenu trois candidatures de constructeurs de tiny houses suite à un appel d’offre. Le coût unitaire se situe entre 50 000 et 60 000 euros

La gestion

Le mode de gestion reste à définir. La commune pourrait faire un appel d’offre de gestion locative. Ce fonctionnement mise en place pour la gestion du foyer de jeune travailleur au foyer intergénérationnel de Lanvaux a donné satisfaction.

Le bailleur, les entreprises et la commune auront leur propre mode de gestion.

Page rédigée en juillet 2023