La Haye Fouassière (44) : démarche globale pour reconstruire et renaturer la ville
Thématique(s): Environnement et biodiversité - Zéro phyto & Espaces verts
Infos pratiques
Adhérent : 2020
Maire : Vincent Magré
Adresse : La Haye-Fouassière, France
Téléphone : 02 40 54 80 23
Nbre d’habitants : 4660
Superficie : 11,81 km²
Intercommunalité : Clisson Sèvre et Maine Agglo
www.la-haye-fouassiere.fr/
Contact BRUDED : Anne-Laure Marchal
Autres expériences de La Haye-Fouassière
La Haye Fouassière, commune de 4800 habitants, située à 20 minutes de Nantes en tram-train a mis au cœur du projet de ce mandat la reconstruction/renaturation de la ville en développant le concept d’une « ville rurale ». Par là elle entend développer les commodités que peut offrir une ville : espaces publics généreux, commerces de proximité, équipements publics pour tous les âges, culture et loisirs et le cadre de vie que promet la campagne : végétalisation et nature prégnantes, joie de se déplacer à pied ou à vélo sur des chemins dédiés ou encore préservation de la biodiversité.
Un cap politique clair
Suite à notre élection en 2020, nous nous sommes posés la question : comment on reconstruit la ville ? Nous tentons d’y répondre avec l’exigence de l’adaptation au changement climatique
Vincent Magré, maire
un cap politique clair qui se traduit par trois enjeux :
- La place de l’eau, tant en termes de quantité que de qualité, avec des économies à réaliser
- Les mobilités, qui interrogent la place de la voiture, dans cette commune à la fois périurbaine et rurale, dont les particularités déterminent les types d’aménagements à réaliser
- La place de la nature, et la définition de cette nature : quelle nature voulons-nous ? Comment est-elle pensée à La Haye-Fouassière ?
Outils : connaitre son territoire et se donner une feuille de route globale
Pour répondre à ces trois enjeux, l’équipe municipale a défini un plan d’actions avec trois outils majeurs :
- L’élaboration d’un plan guide, permettant d’avoir une vue d’ensemble, une feuille de route faisant écho à l’appel à manifestation d’intérêt du Département de Loire-Atlantique
- L’élaboration d’un Atlas de la Biodiversité Communale : « c’est fondamental », souligne le maire, « car il nous donne les clés de lecture pour penser la nature dans notre commune« . Son élaboration, soutenue par l’OFB, a duré trois ans, avec l’intervention précieuse du CPIE 49 « permettant un vrai travail collectif d’inventaire sur plusieurs saisons », ajoute l’adjoint « Cadre de vie et Environnement », Jean-Marie Morel. Le CPIE a ainsi conduit la définition de l’ABC et produit des indicateurs de suivi, précieux pour la suite.
- Un outil plus démocratique, autour des comités consultatifs qui impliquent la population et les acteurs locaux. Notamment, un comité a été mis en place sur la mobilité, pour définir un schéma communal de liaisons douces ; « cela nous permet de ne pas penser à la place des habitants et usagers, mais plutôt de regarder comment les habitants se saisissent de ces enjeux de changement de pratiques de mobilités » précise le maire.
Réorganisation des services techniques : fusionner voirie et espaces verts
Nous faisons beaucoup de choses en régie et quand on va chercher des équipes de maitrise d’œuvre sur des projets d’ampleur, on essaie toujours d’avoir un cap politique clair et explicite.
Jean-Marie Morel, adjoint à l’environnement et au cadre de vie
Pour traduire concrètement cette approche globale, le rôle des services techniques est fondamental. C’est pourquoi les élus ont accompagné une réorganisation du service, en lien avec Loïc Dumont, Directeur des services techniques de la commune.
Ainsi, les 9 agents étaient auparavant répartis en 2 équipes, l’une spécialisée ‘voirie’, et l’autre ‘espaces verts’ : « ce sont deux approches métiers complètement différentes, qui génèrent des incohérences dans les aménagements », souligne Loïc Dumont, directeur des services techniques de la commune. « Nous avons donc fusionné les équipes en un service baptisé « conduite écologique des espaces publics », qui propose des compétences plus transversales. L’enjeu c’est de décloisonner, de faire en sorte que les agents se parlent ; il faut créer de la coopération. « Nous avons désormais plus une approche de génie écologique que de gestion des espaces verts ».
Associer projets de long terme et expérimentations ‘flash’
Pour les élus, ces démarches nécessitent à la fois de porter des actions sur le temps long, mais aussi d’intercaler des projets sur des temps plus courts, via des expérimentations peu couteuses, qui permettent de préfigurer les aménagements à venir, et « de les faire éventuellement évoluer, car on peut se tromper ! » admet Vincent Magré.
Jean-Marie Morel illustre : « On fait des tests, des essais, avec des aménagements temporaires, en installant des quilles blanches J11 sur les voiries ; et si ça fonctionne, on pérennise ». Par exemple, la commune a ménagé un espace extérieur très naturel et « libre » pour le tout nouveau pôle enfance; les professionnels souhaitaient initialement qu’il soit « propre« , mais « nous avons tenu bon pour qu’il soit « sale » », avec de la terre, des la végétation, etc. En effet le nouveau bâtiment s’implante en lisière d’une ancienne friche de vignoble, où des boulots se sont spontanément implantés. Cela génère forcément des questions et problèmes, notamment en lien avec le piétinement de la prairie, les racines apparentes… « Mais les enfants adorent et les professionnels apprécient ce cadre de travail. » se réjouissent les élus.
Tester… et parfois, se tromper
Lorsqu’on expérimente, on peut aussi se tromper, il ne faut pas avoir peur de le reconnaitre, d’adapter le projet, et au besoin, de rétro-pédaler.
Vincent Magré
En témoigne la récente expérimentation de piétonnisation d’une rue longeant l’église, qui reste compliquée pour l’attractivité des commerces. « Nous n’avons pas su accompagner le passage en sens unique et la création de mobilier festif avec une politique d’animation ambitieuse, et les commerçants nous le font savoir », témoigne Jean-Marie Morel.
De même, la commune a choisi de ne plus arroser ses espaces verts, et à certains endroits, des plants n’ont pas résisté ; il faut donc replanter, en repensant la palette végétale.
Une démarche d’innovation qui innerve tous les projets
Jean-Marie Morel ajoute : « En parallèle de la construction de l’atlas de la biodiversité et du plan guide, on a avancé concrètement :dans tous nos projets, on se demande systématiquement comment ramener de la végétation ; c’est fondamental quand on sait qu’un hectare de prairie peut stocker jusqu’à une tonne de CO2, autant que la même surface de forêt ! ».
La commune porte un projet de nouveau quartier « Les terrasses de Sèvres », qui proposera 130 logements dont 30 pavillons et une centaine de logements en petits collectifs. « Pour ce projet, nous avons vraiment travaillé à préserver l’espace forestier en cœur d’espace urbanisé ; c’était un intangible du projet ! » poursuit l’adjoint.
De même, suite aux élagages réalisés par la commune sur certaines haies, tout le bois est laissé en place afin qu’il pourrisse et puisse ainsi nourrir la faune, les insectes… « c’est le meilleur hôtel à insecte qui puisse exister », sourit l’adjoint, avant d’ajouter « les hôtels à insectes que nous construisons sont intéressants d’un point de vue pédagogique, mais favorisent parfois la transmission de maladies entre espèces ; nous privilégions des hôtels à insectes monospécifiques et la meilleure option reste de laisser la nature faire son travail ».
Les réalisations germent !
- Renaturation de la cour d’école : Avant 2020, la précédente équipe avait lancé une réflexion sur l’évolution de la cour, qui a été reprise par la nouvelle équipe en 2020.
- Renaturation et restructuration d’un parking en régie
- Renaturation du cimetière : De même, le cimetière a été renaturé avec plusieurs actions : hydroseeding des allées (= enherbement), plantation d’arbres, de fleurs, et de thym dans les intertombes
- Création de 4 km de pistes cyclables en site propre, avec un sol perméable (sablé) : « c’est pratique pour les déplacements de loisirs ou quotidiens, un peu moins pour les cyclistes sportifs, mais ce n’est pas notre cible prioritaire », indiquent les élus.
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page projet rédigée en juin 2024