Rénovation bio-sourcée de l’ancienne mairie des Touches (44) en maison de santé et coworking

Infos pratiques

Adhérent depuis 2024
Maire : Laurence Guillemine
Adresse : Place de la Mairie, 44390 Les Touches, France
Téléphone : 02 40 72 43 80
Nbre d’habitants : 2 614
Superficie : 35,15 km²

www.lestouches.fr/
Contact BRUDED : Anne-Laure Marchal

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Après la rénovation de l’ancien presbytère en mairie, c’est au tour de l’ancienne mairie de faire peau neuve avec un nouveau programme : coworking à l’étage et maison de santé au rez-de-chaussée. Pour cette rénovation-extension, les élus ont entrepris un projet 100% biosourcé.

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La commune des Touches, située sur le territoire périurbain de la CCEG, connait un dynamisme démographique important. Elle accueille aujourd’hui un peu plus de 2600 habitants. Pour accompagner ce développement, les élus ont engagé depuis ces dix dernières années des projets d’envergure de création et de rénovation de ses équipements publics : création de l’école publique en 2012, déplacement de la mairie dans l’ancien presbytère en 2020. La création d’une maison de santé et d’un coworking dans l’ancienne mairie est le premier projet de ce nouveau mandat, il prévoit : deux cellules pour des médecins, quatre pour du paramédical, deux bureaux fermés et six bureaux ouverts pour le coworking, une salle de réunion et une tisanerie.

Le mandat a débuté avec une nouvelle équipe pour qui l’écologie est importante, et recourir à des matériaux bio et géo-sourcés est devenu un projet en soi. Au-delà du confort d’usage que ces matériaux permettent d’atteindre, y recourir revient pour les élus à placer la santé des occupants au centre du projet : « nous voulions construire la maison de santé avec des matériaux sains pour l’homme », témoigne Stanislas Bommé, adjoint aux bâtiments. « Agissant pour la collectivité, nous voulions être exemplaire, montrer que construire avec des matériaux naturels, c’est possible. », ajoute Laurence Guillemine, maire des Touches.

L’importance du recrutement de la maitrise d’œuvre

Retour quelques années en arrière. En 2008 quand les élus abordent la rénovation de l’ancien presbytère en mairie, ils imaginent déjà une rénovation écologique, avec matériaux bio-sourcés et source d’énergie renouvelable. Pourtant, avec le recul, ils reconnaissent que le résultat est assez loin de leurs premiers objectifs, et assument pour partie cette expérience en demi-teinte : « nous n’avons pas eu l’accompagnement que nous imaginions par notre architecte qui n’a pas compris nos objectifs de rénovation écologique. Et en tant que néophytes, nous ne nous sentions pas en mesure de réfuter ses arguments techniques et financiers. » indique Laurence Guillemine. Finalement les élus ressortent grandis de cette première rénovation, plus expérimentés et plus aptes à conduire le projet de la rénovation de l’ancienne mairie comme ils l’entendent. « Nous avons été beaucoup plus attentifs au recrutement de notre maitre d’œuvre, avec beaucoup plus d’attentes sur ses références et sa capacité à nous proposer un projet biosourcé et à le mener jusqu’au bout. Les candidats ont déposé un dossier avec présentation, références et motivations pour le projet. Nous avons auditionné les 5 meilleurs candidats afin de sélectionner l’architecte qui correspondait le mieux à nos attentes », poursuit l’élue. L’équipe du CAUE 44 et Elissa Giraudet, chargée de mission en éco-construction à la CCEG, aideront les élus à bien retranscrire leurs objectifs et leur volonté dans le cahier des charges. Hélène Houpert, architecte experte dans la construction et rénovation écologique, basée à Nort-sur-Erdre, sera choisie à l’issue des auditions.

Le duo maitre d’ouvrage / maitre d’œuvre est vraiment très important, c’est une clé de réussite du projet !

Laurence Guillemine, maire des Touches

Il y a dix ans quand un cahier des charges mentionnait les matériaux biosourcés, je savais que la collectivité allait vraiment porter cette envie de bout en bout, aujourd’hui c’est beaucoup moins le cas. La rédaction du cahier des charges est d’autant plus importante. Il faut qu’il retranscrive les attentes claires et incarnées des élus, aller au-delà d’une rédaction bateau et de ce qu’impose la norme.

Hélène Houpert, architecte

La terre crue s’invite dans le projet

Le projet prévoit la rénovation des deux bâtiments en pierre et une extension. Côté éco-matériaux, l’architecte propose pour l’extension : ossature bois, ouate de cellulose et fibres de bois dense et pour les deux bâtiments rénovés : chanvre, biofibre, laine de bois et ouate de cellulose en toiture. L’isolation des bâtiments existants est initialement prévue en chaux-chanvre mais au moment où Elissa Giraudet prend son poste de chargée de mission éco-construction au sein de la CCEG (intégrer lien vers PP), un filon de terre crue est mis à disposition des artisans du territoire par la comcom. Le projet de rénovation de la mairie qui démarre est l’opportunité de proposer aux élus touchois et à leur architecte d’intégrer ce matériau dans le projet. L’équipe accepte de relever le défi : la terre crue sera utilisée mélangée au chanvre pour l’isolation des murs intérieurs des bâtiments existants en pierre (12 cm).

Quelques garde fous pour « oser dans la sécurité »

Pour sécuriser la mise en œuvre d’un matériau encore émergent, Hélène Houpert propose aux élus quelques garde fous. Elle réalisera notamment un travail de recherche en amont du lancement des marchés pour trouver les entreprises du territoire capables de mettre en œuvre la terre crue, questionner leur capacité à répondre à un marché public et identifier les techniques qu’elles utilisent (terre projetée ou banchée). Après ce premier travail, l’architecte propose de « marier » une entreprise de maçonnerie classique qu’elle connait bien avec une entreprise référente dans la mise en œuvre de la terre crue. Ce montage est avantageux pour toutes les parties. Il sécurise l’entreprise émergente qui n’a pas à porter un marché trop important par rapport à ses ressources humaines et financières, et permet à l’entreprise « classique » de se former à des nouvelles pratiques, et in fine participe à la structuration de la filière terre.

Des détails à soigner dans la rédaction du CCTP …

  • Le lot terre est volontairement sorti du le lot gros œuvre pour que les maçons terre n’aient pas à porter le marché public mais qu’ils soient sous-traitants.
  • La finition attendue ainsi que la question de la provenance de la terre restent ouvertes pour ne pas bloquer le marché et laisser les entreprises libres de proposer des solutions. La finition chaux-chanvre est mise en base (déjà très ambitieuse), et la terre-chanvre en option pour éviter un lot infructueux

Finalement le gisement de la CCEG ne sera pas utilisé, car l’entreprise LB ECO HABITAT a défini un procédé personnel à partir d’un de leurs gisements de terre qu’ils maitrisent bien.

 

Mieux vaut s’appuyer sur l’expertise de l’entreprise que d’être trop ambitieux sur les objectifs. Nous n’avons pas utilisé le gisement de terre de la CCEG mais nous avons retenu une entreprise très qualifiée et expérimentée. Innover, oui mais dans la sécurité !

Elissa Giraudet, chargée d’éco-construction à la CCEG

…Et sur le chantier

Ça demande de l’anticipation et de la finesse dans la rédaction du CCTP pour bien coordonner les entreprises et notamment les jonctions entre les matériaux. Il est important qu’il y ait une réunion de démarrage du chantier pour mettre en connexion l’ensemble des entreprises qui interviennent. Michel Brochu, Atelier Isac, entreprise de charpente, membre du Collectif biosourcé

Il est important de caractériser la terre par un labo pour spécifier les usages : enduit, pisé, bauge, BTC…

Christophe Lubert, LB ECO HABITAT, entreprise experte dans la mise œuvre de la terre crue

Réemploi sur le chantier

Au-delà de l’emploi d’éco-matériaux, le projet a fait l’objet d’un diagnostic ressource (obligatoire pour les bâtiments de + de 1000 m²) avec l’association Ecrouvis basée à Redon pour identifier ce qui était valorisable. Le parquet de la salle du conseil municipal et trois radiateurs en fonte sont mis de côté. Les radiateurs seront malheureusement subtilisés sur le chantier, mais le parquet sera réutilisé dans la salle du coworking. Le reste a été confié à une plateforme de réemploi.

Faire appel au réemploi nous parlait beaucoup parce que, pour la mairie actuelle, nous avions récupéré beaucoup de mobiliers de seconde main.

Laurence Guillemine, maire des Touches

Coût du projet

Coût travaux : 1.215.000 € HT

Coût honoraire : 152.830 €

SPS + contrôle technique + étude de sol + diagnostics : 17.500 €

Surface Utile projet : 314 m²

Ratio de construction en €HT/m² : 3870 €HT/m²SU

Recettes

Subventions :

À ce jour, sont attribuées :

  • 224.717 € du Département
  • 221.459 € du Fond Vert

La commune attend des nouvelles de la Région et de Leader.

 

 

rédaction : septembre 2024

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