Saint-Quay-Perros (22) accueille deux habitats légers et réversibles pour loger des saisonniers

Infos pratiques

Adhérent : depuis 2020
Maire : Olivier Houzet
Adresse : 2 Avenue de la Mairie, 22700 Saint-Quay-Perros, France
Téléphone : 02 96 49 80 40
Nbre d’habitants : 1289
Superficie : 4.72 km²

mairie-saintquayperros.fr
Contact BRUDED : Cécile Jamoneau

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Au cœur d’un lotissement, la commune met à disposition une dent creuse permettant l’installation de deux maisonnettes réversibles en vue de loger des saisonniers. Un projet mené en partenariat avec deux associations : la première en faveur du logement des jeunes, la seconde pour le développement de l’habitat léger.  

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Commune de 1300 habitants située entre la ville de Lannion, la station balnéaire Perros-Guirec et la mer, Saint-Quay-Perros a à cœur de mêler ruralité et dynamisme. Comme une grande partie des communes littorales et encore plus sur la côte trégoroise, la place des résidences secondaires et de tourisme est prépondérante. L’accès à un logement pour les jeunes actifs, saisonniers, étudiants est problématique. Dans son projet électoral, l’équipe actuelle élue en 2020 avait déjà identifié l’habitat léger comme une solution à explorer. 

Deux associations aux valeurs communes

Habitat Jeunes en Trégor-Argoat (HJTA) défend la place des jeunes sur le territoire à travers l’accès au logement et la construction de solutions d’habitats pour les jeunes. En parallèle des classiques foyers de jeunes travailleurs (Lannion, Guingamp), elle propose des logements en diffus (meublés en sous-location avec un bailleur social ou avec des particuliers). Elle développe aussi des solutions pour les saisonniers à travers des logements en colocation sur Perros-Guirec, Lanmodez et Penvénan (voir la fiche BRUDED sur le rando-gîte de Penvénan).  

De son côté, l’association Trégoroise pour l’intégration de l’habitat réversible (ATIHre) fait la promotion et accompagne le développement d’un habitat plus respectueux de l’environnement et plus accessible financièrement. Pour elle, l’habitat réversible peut à la fois répondre aux problématiques d’accès au logement et diminuer l’impact de l’habitat sur l’environnement. 

HJTA est sans en cesse en quête de nouvelles solutions pour développer le logement à destination de son public cible. En février 2023, elle se rapproche d’ATIHre ; une rencontre qui vient les conforter réciproquement sur la pertinence à mutualiser leurs moyens et leurs compétences autour de la création d’habitats réversibles à destination des saisonniers. 

Une dotation comme déclencheur

HJTA répond à un AAP du fonds de dotation Kernae (créé en 2022 par la Coopérative immobilière de Bretagne, groupe militant de l’habitat et du logement social) qui souhaite soutenir dix projets innovants en faveur du logement des jeunes. Elle présente le projet de deux maisonnettes de maximum 20 m² au sol chacune, conçues en habitats réversibles (démontables ou transportables). Lauréate à l’AAP, elle doit désormais enclencher le projet, alors que son conseil d’administration reste frileux quant à la prise de risque qu’induit ce projet expérimental, d’autant plus que le partenaire opérationnel ATIHre est une structure jeune sans expérience similaire à revendiquer, ni projet abouti à ce jour. Toutefois, l’implication de la commune sera perçue comme une garantie 

Une autre prise de risque pour HJTA est d’investir pour devenir propriétaire des maisonnettes. À ce jour, elle n’est pas propriétaire des logements qu’elle gère. Ici, il s’agit de l’achat et de l’installation des maisonnettes qu’elle louera directement, pour lesquelles elle devra assurer les travaux d’entretien : un projet dont elle ne pourra pas se retirer. Le directeur de la structure et sa directrice-adjointe en charge de l’habitat pour les saisonniers sont néanmoins convaincus de la pertinence de l’expérimentation et convainquent leur CA.  

C’est une prise de risque collective autour d’enjeux forts et de valeurs communes 

Chantal Friderich, directrice-adjointe HJTA

 La recherche d’un terrain

Le rôle de la commune, qui a déjà signifié son intérêt pour l’habitat réversible en domiciliant ATIHre, est de leur trouver le lieu : ceci est peu évident dans un contexte de raréfaction du foncier et de la loi ZAN. Elle identifie toutefois trois parcelles. La première connaît une levée de bouclier de la part des riverains, la seconde est inadéquate du fait de la non-rétrocession de la voirie par l’aménageur à la commune.  

La troisième parcelle située dans le lotissement de Pors-Ty-Olu semble la plus adaptée : une dent creuse de 610 m² constructibles, avec les réseaux disponibles, proche du bourg et de ces commerces ainsi que de l’axe de mobilité entre Lannion et Perros-Guirec. Elle sera louée à HJTA dans le cadre d’un bail emphytéotique de 25 ans, à l’issue duquel elle en retrouvera l’usage. Les riverains de cette parcelle restent néanmoins peu ouverts à ce projet, tout comme ils se sont d’abord opposés au projet de vente de ce terrain à des particuliers pour y construire une maison classique. 

Les dents creuses sont considérées par les riverains comme des espaces publics. Ils aimeraient que rien ne s’y passe alors que la loi ZAN va nécessairement induire des projets dessus. Ce projet a donc aussi valeur de sensibilisation au ZAN.  

Olivier Houzet, maire de Saint Quay Perros 

Une concertation avec les riverains

Face à la réserve des riverains pour le projet, la commune entreprend une démarche de concertation mais dont un invariant est signifié dès le départ : le projet d’habitats réversibles sera réalisé sur une partie du terrain (200 m²). La concertation porte donc sur l’autre partie du terrain et les propositions fusent : espace public avec plantations, mobilier de pique-nique, jeux pour enfants, parking collectif …   Un « schéma d’aménagement en intelligence collective » est ainsi élaboré grâce à l’animation d’ATIHre. HJTA assurera la viabilisation des maisonnettes et l’aménagement du reste du terrain.

Le montage financier

HJTA obtient donc 10 000€ de Kernae. De son côté, Lannion Trégor Communauté subventionne à hauteur 7000€/logement puisque le projet fait écho aux réflexions engagées dans le cadre de l’élaboration du PLUi-H. À noter  : HJTA et ATIHre sont membres du conseil de développement et plus particulièrement dans le groupe de travail habitat innovant, actif dans l’élaboration du PLUi-H.  

LTC conditionne sa subvention à la contribution de la commune ; laquelle valorise alors la mise à disposition du foncier (autour de 100€/m² x 200 m² soit 20 000€). Anticipant les critiques sur le non-assujettissement des maisonnettes à la taxe d’habitation, la commune évalue le montant de cette taxe à 500€ ; elle définit donc le loyer annuel de son bail emphytéotique de 25 ans en conséquence. 

HJTA bénéficie également d’une subvention LEADER de 100 000€ pour financer le mobiliser de ces logements saisonniers, 10 000€ sont destinés à l’ameublement de ces deux maisonnettes. Action Logement intervient également à hauteur de 15 000€.  Avec un loyer charges compris à 500€ mensuel, HJTA entend atteindre son ROI (retour sur investissement) d’ici 10 ans.  

La construction des maisonnettes

Le plan de financement de l’opération étant bouclé, l’été 2024 est consacré à la construction de la première maisonnette. La conception est réalisée bénévolement par une architecte et un charpentier membres d’ATIHre, cette dernière assurant également la coordination du chantier. Dans la continuité des partenariats locaux engagés, la construction est réalisée en chantier participatif (en lien avec la Mission locale notamment mais aussi avec des bénévoles d’ATIHre désireux de s’initier à la construction). Elle est en cours de réalisation grâce à des matériaux biosourcés : ossature et bardage en bois douglas, isolation en panneaux bois Duo-Dry de Steico et laine de bois) et du réemploi (menuiseries, OBS, parquet, sanitaires) grâce aux ressources de la matériauthèque Repair de Pleyber-Christ (29). D’ailleurs, les plans ont été conçus parallèlement au sourcing afin d’adapter l’ossature aux menuiseries qui auront été récupérées.  Le volet réversible se trouve dans ses fondations légères (pilotis sur pneus) et sa démontabilité.  

Elle comprend un rez-de-chaussée de 13 m² avec salon, cuisine et salle de bain/WC et un étage de 17 m² accueille deux chambres. Elle est conçue pour pourvoir héberger deux personnes en colocation (la promiscuité encourage HJTA à proposer une colocation choisie avec une personne déjà connue, ce qui n’est pas le cas pour les autres colocations qu’elle gère), un couple, voire un couple avec un enfant. Le loyer total charges comprises sera de 500€ mensuel ; ce qui reste abordable pour une personne seule. 

La deuxième maisonnette sera réalisée en 2025 par une entreprise locale et/ou en chantier d’insertion pour tester un essaimage possible avec des acteurs locaux, sur la base des plans de la première maisonnette qui seront mis à disposition. 

Un tiers-lieu en parallèle

Enfin, le projet entend créer des synergies entre ces habitats et un tiers-lieu qui vient tout juste d’être livré : la Maison Kénanaise. Composée d’espaces de convivialité, de réparation, de coworking et d’une salle d’événementiel, elle contribue à proposer un espace de vie annexe à des habitats de taille très restreinte comme les maisonnettes proposées par HJTA.

Contacts

 Rédigé en novembre 2024

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