Éric Bréhin, adjoint à Trémargat (22)
Éditorial rédigé à l’occasion de la parution en ligne du document de mutualisation « 24 retours d’expériences pour animer des démarches participatives et soutenir des projets citoyens «
Si aucun des projets réalisés à Trémargat n’est particulièrement original, force est de constater que la commune, à tort ou à raison, est souvent citée en exemple dans le domaine de l’active participation citoyenne de ses habitants à la conception et/ou réalisation de ces projets.
Des projets pour la commune pilotés par la municipalité ou portés par les citoyens
Si exemplarité il y a, c’est sans doute dans une assez forte densité de réalisations de cette nature sur une commune de petite échelle ; soit parce que les municipalités successives ont lancé des initiatives reprises au bond par ses habitants, soit parce qu’elles ont relayé, appuyé ou contribué à structurer des projets émanant d’eux, soit ‒ le plus souvent ‒ parce que de fructueuses dynamiques entre les deux mouvements se sont créées. C’est si vrai que dans les cas de plusieurs projets mis en œuvre, il serait bien difficile de les classer parmi la catégorie des projets « pilotés par la commune » (partie 1) ou bien parmi celle des « projets portés par des citoyens ou des acteurs locaux » (partie 2).
L’épicerie associative (en circuit court et bio, 100 % bénévole) « Epice et Tout », ouverte sur la commune depuis 2012 exemplifie le caractère en partie artificiel de cette distinction. Elle illustre plutôt une dynamique de co-élaboration (voir exemple 19 de la partie 2).
De même, au fil des années, les chantiers participatifs de rénovation d’une maison des associations et de transformation complète de la place centrale du bourg de Trémargat ont-ils concrétisé et considérablement enrichi, en les modifiant, les initiales ébauches de projets municipaux, au point que l’on puisse décrire cette dynamique en termes de co-conception avec réalisation par les habitants.
Une porosité élus/citoyens ancrée dans la culture locale
Cette forte dimension participative et citoyenne s’enracine dans un passé et un présent assez spécifiques, créateurs d’éléments d’une culture commune plutôt égalitariste, où place est laissée à chacun pour apporter sa pierre à l’édifice ‒ au sens figuré comme au sens propre lorsqu’il s’agit par exemple de construire un four à pizza communal que fait régulièrement chauffer et vivre une association récemment née.
Parmi les facteurs favorisant une dynamique participative, la grande porosité entre associations et municipalité (avec liste ouverte aux élections, circulation des membres au fil des mandats, comités consultatifs et rotation des maires dans le cas de Trémargat) n’est pas le moindre : il contribue à entretenir l’implication citoyenne et à nourrir un capital collectif en matière d’envies et d’élaboration de projets. Sur le long terme, l’ouverture du cadre municipal à la respiration démocratique et associative constitue donc un ingrédient de choix dans le maintien et le développement d’une logique citoyenne de construction de projets. Cette ouverture peut permettre, sur une étroite ligne de crête, d’éviter d’un côté le risque de sclérose d’une équipe municipale, de l’autre celui de la table rase résultant du classique « changement de majorité ». Cette histoire n’est cependant jamais écrite par avance et se tisse au quotidien, requérant sans cesse attention et adaptation à des circonstances nouvelles, dont les difficultés ne sont pas absentes.
À l’échelle de chaque projet, une même attention à la position institutionnelle de chacun des acteurs partie prenante (citoyens, associations, municipalité, « experts », tels que le CAUE ou autre…) et aux capacités à créer du commun à partir de ces positions relatives doit être constamment maintenu en éveil : il s’agit en quelque sorte de broder une dentelle chaque fois nouvelle dans le canevas souple mais tangible de l’intérêt général toujours recherché.
Rédigé en juillet 2020
Thématique : Démarches globales et participatives