La CC Erdre & Gesvres (44) initie la structuration d’une filière éco-construction sur son territoire

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La communauté de communes Erdre et Gesvres, située aux portes nord de l’agglomération nantaise, compte 12 communes pour 60 000 habitants. Elle porte actuellement une démarche visant à structurer une filière en matière d’écoconstruction, de la production des matériaux (bois, paille, terre, chanvre…), à leur mise en oeuvre lors des chantiers. Ces travaux sont à la croisée de la stratégie de l’intercommunalité qui se concrétise par plusieurs démarches complémentaires : stratégie de développement durable et Plan Climat Air Energie (PCAET), stratégie économique et Gestion, Territoriale Prévisionnelle des Emplois et des Compétences.

Une stratégie de développement durable co-construite avec les acteurs locaux

L’intercommunalité s’est lancée depuis avril 2017 dans la réactualisation de la stratégie de développement durable de son territoire, qui doit aboutir notamment à l’adoption de son Plan Climat Air Energie en début d’année 2019. Elle se positionne en animateur de la réflexion en lien avec la diversité des acteurs du territoire (citoyens, associations, acteurs sociaux-économiques, entreprises, monde agricole, communes….).

De nombreux ateliers pour co-construire le projet

Sur la base d’un diagnostic finalisé en septembre 2017, la CCEG a mené une démarche de concertation comprenant une plénière de partage du diagnostic suivie de 11 ateliers de concertation regroupant près de 240 personnes et aboutissant à plus de 230 propositions d’actions.

Une stratégie déclinée en fiches actions dans le PCAET

En s’appuyant sur ces propositions issues de la concertation, la CCEG a défini une stratégie, validée en février 2018 par les élus communautaires. Afin d’affiner le contenu des actions cadres identifiées dans cette stratégie, la CCEG a organisé jusqu’au mois d’octobre 2018 des chantiers de co-construction des actions. Ces chantiers doivent aboutir à la rédaction de fiches actions, qui seront soumises à la validation des élus et qui constitueront les fiches actions du PCAET.

Une fiche-action sur l’écoconstruction à définir

L’éco-construction est ressortie de la concertation comme un thème à travailler. Elle peut en effet répondre à beaucoup d’objectifs du PCAET :

  • Diviser par deux la consommation énergétique d’ici 2050
  • Diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050
  • Porter la part des énergies renouvelables à 32% en 2030
  • Développer les productions biosourcées à usage non alimentaire (paille, chanvre…)
  • Réduire les polluants atmosphériques (améliorer la qualité de l’air intérieur également avec un choix de matériaux plus sains)
  • S’adapter au changement climatique (périodes de canicule, ressource en eau)

Développement économique : une Démarche de Gestion Territoriale Prévisionnelle et Emplois et des Compétences en cours (GTPE)

En complémentarité avec la stratégie de développement durable, un groupe prospectif regroupant une diversité d’acteurs a mené une réflexion sur le territoire de 2030 afin de répondre à la question « quelles compétences et attractivité pour vivre et entreprendre sur le territoire en 2030 ? »

Ils ont abouti à identifier trois scénarios possibles puis se sont accordés sur un scénario plus souhaitable que les autres. Ce troisième scénario, retenu aussi par les élus, met l’éco-construction au coeur du développement économique du territoire. La démarche va se poursuivre par une série d’enquêtes auprès de chefs d’entreprises et acteurs de l’éco-construction. L’objectif à terme est de construire avec l’ensemble des acteurs un plan d’actions permettant au territoire de développer les emplois et les compétences de demain

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Structuration d’une filière d’écoconstruction : deux réunions participatives pour définir le projet

L’éco-construction étant ressortie comme un enjeu fort pour le développement durable et économique du territoire, la CCEG a choisi d’organiser 2 réunions avec l’ensemble des acteurs de l’écoconstruction de son territoire et des alentours (Loire-Atlantique voire Grand Ouest). Objectif : recenser les acteurs, définir la notion d’écoconstruction, ses enjeux principaux et les actions concrètes à développer.

Réunion 1 : repérer les acteurs, définir l’écoconstruction

La première réunion qui s’est tenue en juillet 2018, avait pour objectifs d’identifier les différents maillons de la chaine d’acteurs, de repérer qui se situe dans quel maillon, et de réfléchir à ce que recouvre l’éco-construction. Il en est ressorti un grand nombre d’idées associées à cette notion : faire ensemble, coopération, préservation de l’environnement, maitrise de l’énergie, urbanisme/bioclimatisme, matériaux bio-sourcés, naturels, abordables, confort, intensité sociale (remettre l’humain au coeur des projets), cycle de vie, économie circulaire, santé, emploi local, formation des professionnels, démarche globale.

Une cartographie des acteurs a également été réalisée, permettant de repérer quelques acteurs manquants à
associer au projet.

La structuration de filières sur un territoire contribue à la pérennité des entreprises et permet de créer des emplois locaux non délocalisables. La démarche de Gestion Territoriale et Prévisionnelle des Emplois et Compétences a pour objectif de préparer l’avenir. L’objectif ici est de voir comment chacun peut contribuer à structurer cette filière, en se positionnant sur les besoins de nos entreprises de demain. » Philippe Euzenat, Vice-Président à l’économie de la CC Erdre et Gesvres

Réunion 2 : définir les priorités et identifier des actions concrètes à mener

Lors de cette réunion qui s’est tenue en octobre 2018, la quarantaine d’acteurs présents a travaillé sur la définition d’objectifs opérationnels et l’identification d’actions concrètes. Afin de structurer une filière en écoconstruction, la CCEG a e effet souhaité fixer des sous-objectifs, dit objectifs opérationnels. Il a été demandé aux participants de faire des propositions de formulation d’objectifs opérationnels (par post-it qui commencent par un verbe et soient précis). Les différentes propositions ont ensuite été lues et regroupées en 5 grands thèmes. Les participants se sont ensuite répartis en 5 ateliers pour réfléchir collectivement aux actions à mener pour atteindre chaque objectif opérationnel.

Thème 1 : Développer et accompagner la commande publique en éco-construction

Avant le projet : Intégrer dans le PLUI des caractéristiques sur les enjeux de la construction durable (via l’insertion paysagère, mais vérifier la faisabilité), définir un cadre permettant d’inciter la réalisation de bâtiments exemplaires, proposer un accompagnement technique global de l’idée au projet, mettre en place un soutien financier intercommunal conditionné à la réalisation de bâtiments exemplaires et orienter vers des financements spécifiques (nécessitant une veille particulière).
Au moment de l’idée du projet : Soutenir les communes dans une approche globale, remettre du politique dès la programmation : définir les enjeux qualitatifs des projets au-delà de la question de l’usage du bâtiment , organiser des visites sur des retours d’expériences pour toucher les élus (BRUDED, ATLANBOIS), partir de la préoccupation des élus pour aller vers l’éco-construction (ne pas employer ce terme mais celui qui « parle » aux préoccupations des élus),  traduire la volonté politique dans la commande publique, s’appuyer sur un accompagnement et sur les réseaux (BRUDED, ATLANBOIS), recruter un bureau de contrôle en amont.
Concernant les Zones d’activités et les ZAC-lotissement : inciter (ou imposer ?) dans les cahiers des recommandations et les règlements à faire de l’écoconstruction, réaliser des documents « communiquants » afin d’accompagner d’orienter (parler plutôt de bien construire et non de contraintes à respecter), organiser des animations (CAUE et EIE), avoir des exigences auprès de bailleurs en termes de qualité du bâtiment.

Thème 2 : développer les projets privés d’éco-construction

Les cibles sont les particuliers, les bailleurs, les entreprises, le tertiaire.
Pistes d’actions : encourager la standardisation, faire un cadre qui facilite les choses pour les porteurs de projets. La CCEG pourrait définir une stratégie, incitative ou coercitive (rendre obligatoire pour que ça marche). Dans le cadre de salons de l’habitat, la CCEG pourrait communiquer sur sa volonté de développer des éco-quartiers (stand) ; elle peut valoriser son territoire pour faire venir des habitants. L’impact sur l’économie locale est un des facteurs de valorisation.

Autre piste, inviter tous les bailleurs à une réunion pour communiquer sur l’ambition et définir une stratégie ; imposer aux entreprises un cahier des charges éco-construction en échanges d’avantages financiers pour s’installer?
Enfin, s’appuyer sur les acteurs des filières et former les élus.

Thème 3 : mettre en place des mesures incitatives et/ou d’accompagnement

Distinguer l’incitatif et l’accompagnement. Il y a deux profils différents : personnes qui ne connaissent pas l’éco-construction, et collectivités qui jouent un rôle pour accompagner les projets d’éco-construction. Mettre en place des soutiens financiers auprès des particuliers qui pourraient prendre la forme d’une réduction du coût du foncier ou de l’achat de matériaux (ex : paille) pour le particulier. S’affranchir parfois de certaines réglementations dans le cadre d’expérimentations ?

Thème 4 : organiser la production de matériaux biosourcés sur le territoire d’Erdre et Gesvres

Le développement de la filière d’éco-construction sur la CCEG doit se faire par le développement de la
production durable de matériaux sur le territoire.
1. Identification des matériaux pouvant être produits sur le territoire: principalement matériaux biosourcés isolants (peu de forêts sur le territoire) : chanvre, paille, roseau, écales de céréales, terre crue et éventuellement le bois de travail des haies.
2. Evaluer les besoins de matériaux biosourcés en QUANTITE et en QUALITE

  • en QUANTITE: selon le nombre de logements à construire et à rénover, calculer les cubages nécessaires en isolants et évaluer une part à attribuer aux matériaux biosourcés. Cette action a pour but d’avoir des éléments chiffrés concrets pour mobiliser les agriculteurs à produire une quantité de matériaux définie et nécessaire.
  • en QUALITE: mettre en relation les producteurs et les constructeurs pour définir des lignes de qualité
    de production pour les adapter aux contraintes de l’éco-construction.

3. Identifier les acteurs qui peuvent fournir la matière première : répertorier les listes d’adhérents à des réseaux,  chercher parmi les agriculteurs existants ceux qui peuvent avoir le profil de producteurs de
matériaux bio-sourcés, mettre en place un outil de communication pour proposer la création d’activités agricoles qui vont dans ce sens.
4. Former les producteurs à produire et conditionner les matières premières en vue de leur utilisation dans la construction
5. Donner les moyens aux producteurs de remplir cette tâche en parallèle d’autres activités agricoles : créer des aires de stockage publiques de matériaux bio-sourcés (la saisonnalité de production des
matériaux n’est pas forcément la même que la saisonnalité de construction), créer des aires de stockage de terre de déblais de chantiers de terrassement.

Thème 5 : développer la formation et favoriser l’organisation des professionnels

Il y a une offre des acteurs en place, formés ou formateurs (Echobat, MFR de Riaillé, Noria et Cie…), qui ont un
bagage ont un savoir à diffuser, partager ; développer la formation pour devenir formateurs. Dans les formations, développer le volet « bio-sourcés ». Développer également des formations pour les prescripteurs, les élus, des services urbanisme des communes : pour sensibilier les décideurs et les équipes de maitrise d’oeuvre. Etre vigilant sur la sémantique pour toucher au mieux les entreprises.
Idée de mettre en place des chantiers de professionnels avec un « coach » sur une ou des techniques liées à l’éco-construction. Favoriser via la commande publique, des chantiers école.

Les suites de la démarche

La CCEG va s’appuyer sur ces travaux collectifs afin de définir des objectifs et actions concrèes pour le projet de structuration de la filière. Cette démarche sera rattachée à la direction économique avec le recrutement en cours d’une personne chargée de piloter le projet et d’animer la démarche de coopération entre les acteurs (poste financé sur des fonds européens).

Rédigé en novembre 2018
Thématique : Accueil d’entreprises, Associer la population à ses projets, Démarches globales, Matériaux écologiques et locaux, Économie locale, commerces et services

 

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