L’Ile de Sein (29) se mobilise contre le réchauffement climatique
Jean-Pierre Kerloc’h, maire de l’Ile de Sein, est satisfait. Aujourd’hui, lorsqu’il parle de la montée des eaux, on ne le regarde plus avec de gros yeux, il y a eu une prise de conscience générale. Car la montée des eaux, les Sénans la visualisent concrètement et depuis longtemps à travers le témoignage des anciens.
C’est ce qu’est venu relaté le maire au festival « Si la mer monte » ce week-end (2-3 juin 2012) à l’Ile-Tudy, où l’Ile de Sein était l’invité d’honneur. Avec un point culminant à 9 mètres et une altitude moyenne de 1,5m, l’île est particulièrement vulnérable. La tempête Johanna survenue le lendemain de l’investiture des nouveaux élus en 2008 était là pour le leur rappeler. La priorité a été la réparation et le prolongement des digues (2473 mètres de digues protègent l’île), toujours en cours actuellement. Mais pour les Sénans, faire face au risque d’érosion et de submersion, cela se traduit aussi dans des actions quotidiennes : surveillance de l’état des digues et des quais, suivi des conditions météorologiques, maîtrise de l’urbanisme, sensibilisation des touristes pour éviter le « pillage » des galets et aussi, en plus des témoignages lors d’évènements comme celui-ci, participation à des programmes de recherche comme COCORISCO (connaissance, compréhension et gestion des risques côtiers) qu’était venu présenté le géographe Alain Hénaff, étude pluridisciplinaire pour laquelle l’Ile de Sein, mais aussi Pénestin ou Le Tour du Parc, autres communes adhérentes, participent comme « sites tests ». Une jeune architecte sénane Ann-Aël Tourniel est venue quant à elle présenter son travail de fin d’études, avec des propositions d’adaptation de l’habitat sur l’île : maisons sur pilotis, flottantes, … si ces réalisations nous laissent songeurs aujourd’hui, elles ont déjà été mises en oeuvre ailleurs comme aux Pays-Bas.
Et comme la montée des eaux est induite par le réchauffement climatique, les Sénans se mobilisent sur ce point également. C’est ce dont était plus particulièrement venu témoigner Serge Coatmeur, 1er adjoint de l’Ile de Sein, ce même week-end au Festival des Etonnants voyageurs à Saint-Malo, en compagnie de Jean-Louis Etienne et d’Isabelle Autissier. Avec l’association des Iles du Ponant, des programmes ont déjà été entrepris avec par exemple des incitations au changement des vieux frigos et congélateurs, et à l’utilisation de lampes basses consommation (financement par l’ADEME, la Région Bretagne et EDF). D’autres projets sont en réflexion comme l’aide au financement de l’isolation des maisons. Car à Sein, tout est électrique et l’électricité est produite sur place, à partir de groupes électrogènes qui consomment pas loin d’1 mètre cube de fioul par jour. Alors pour être cohérents jusqu’au bout, la mairie projette de se tourner vers des énergies alternatives : panneaux photovoltaïques et/ou éoliennes, tout devra être envisagé, l’objectif étant de se rapprocher du 100% renouvelable. Pour Serge Coatmeur, ce projet ne pourra pas se faire sans la participation active des habitants à travers la création d’une société locale de production d’énergie, dans laquelle les habitants pourront avoir des parts. Les étapes sont encore nombreuses pour arriver à cette fin, mais le projet séduit, parce qu’il est emblématique et plein de bon sens. Nous ne manquerons pas de vous en donner des nouvelles…
Rédigé en juin 2010
Thématique : Démarches globales, Démarches globales et participatives