Brocéliande Communauté (35) : deux lignes de covoiturage spontané pour desservir les communes sans transport en commun

Covoiturage spontané_CC BrocéliandeCovoiturage spontané_CC Brocéliande
Borne_Covoitgo_CC Brocéliande
Panneau_borne Covoitgo_CC Brocéliande

Infos pratiques

Adhérent depuis 2017
Président : Bernard Ethoré
Adresse : 1 Rue des Korrigans, 35380 Plélan-le-Grand
Téléphone : 02 99 06 84 45
Nbre d’habitants : 19 355
Superficie : 296,86 km²

www.cc-broceliande.bzh
Contact BRUDED : Rozenn Simon

Autres expériences de CC Brocéliande, Maxent, Plélan-le-Grand, Saint-Péran

Depuis mi-juin 2023, la communauté, accompagnée par la société Ecov, a mis en place deux lignes de covoiturage baptisées ‘Covoit’Go’, avec arrêts aménagés reliant Plélan-le-Grand aux deux communes non desservies par les transports en commun : Maxent et Saint-Péran. Le système est entièrement gratuit pour les usagers et basé sur la solidarité des conducteurs.

Cliquez ici pour en savoir plus sur cette expérience

Desservir les communes non desservies par BreizhGo

Le territoire de Brocéliande communauté regroupe 8 communes pour 19 000 habitants. Il est bien desservi par le réseau BreizhGo vers Rennes, avec les lignes 1A et 1B. Toutefois, deux communes ne sont pas desservies : Maxent (1467 habitants) et Saint-Péran (418 habitants). C’est ce constat qui a été le point de départ de la réflexion : essayer d’apporter des réponses à ces deux communes. Dans le cadre de l’appel à projet TENMOD, Robin Clavard, chargé de mission mobilité a été recruté. Son accompagnement a permis à la collectivité d’identifier la possibilité d’une ligne de covoiturage spontanée. En effet, la ville de Plélan-Le-Grand est une centralité pour ces deux petites communes (commerces, services), qui sont reliées par deux axes rectilignes. Amener des transports en commun dans des petites communes coûte très cher, la solution du covoiturage spontané a semblé la plus intéressante aux élus, d’autant que « la société ECOV que nous avons recrutée nous a donné à voir des exemples de projets similaires, menés dans des collectivités de même taille, c’est ce qui nous a convaincus », comme le précise Murielle Douté-Bouton, Vice-Présidente mobilité à Brocéliande communauté.

Quand nous avons commencé à parler du service Covoit’go, nous avions des craintes sur sa perception par les deux communes concernées, mais il a été très bien accueilli. Nous avons envisagé ce projet comme une expérimentation, en nous disant que si les chiffres étaient bons, nous verrions si nous mettions en place un transport différent. C’était rassurant pour nous, ça nous permettait de mettre en place une solution assez vite, sans partir dans des études avec un coût qu’on n’aurait pas pu assumer.

Murielle Douté-Bouton, Vice-Présidente aux mobilités

Une mise en œuvre souple et rapide

Le projet a été monté en un temps record : seulement neuf mois entre les études et le déploiement ! Quatre phases ont été programmées : une étude préalable, une phase de déploiement du matériel, une phase d’exploitation et une phase importante de communication durant l’été et l’automne 2022. « Nous avons étudié plusieurs corridors, et analysé les trafics. La société ECOV a fait des tests terrain, ils sont venus sur place, ont fait du stop pour voir si cela fonctionnait », comme l’explique Murielle Douté-Bouton, « les tests ont été fructueux, avec un temps d’attente de 4 à 5 min ! Il y a beaucoup de solidarité sur le territoire, c’est un système qui fonctionne bien ! ». « La maire de Saint-Péran a elle-même voulu tester le stop, elle a pu faire 2 a/r en quelques minutes, après ça, elle était convaincue ! », complète Robin Clavard.

C’est une solution adaptée à la taille de notre collectivité et aux moyens dont nous disposons.

Murielle Douté-Bouton

 Les élus ont voulu une solution technique simple et un montage du projet qui soit le plus souple possible, comme l’explique Murielle Douté-Bouton : « Le fait est qu’on n’a pas trainé dans la prise de décision ! Et nous avons fait un montage de marché public sur le principe des marchés à bon de commande, plus souple pour la collectivité ».

La question de la sécurité des personnes (avoir l’identité du conducteur et du passager) a fait partie des débats. On aurait pu s’arrêter là dans le projet mais on a décidé d’y aller quand même ! Les gens pas rassurés n’utiliseront pas le service. On ne s’engage pas sur la sécurité des voyageurs, mais sur le fait de rendre visible les personnes qui veulent covoiturer. Des milliers de gens covoiturent tous les jours sans souci.

 Murielle Douté-Bouton

Du covoiturage en complément des cars BreizhGo et de liaisons cyclables

La communauté de communes a pris la compétence mobilité fin 2020, mais avait déjà avancé sur le sujet des mobilités dès 2017, avec le projet de liaisons cyclables interbourg qui prend forme depuis 2022. La collectivité s’inscrit dans une démarche de construction d’un plan de mobilité simplifié (validation courant 2023), pour définir les contours de la politique mobilité sur le territoire. Ses grands projets portent sur ces lignes de covoiturage spontané, pour pallier au fait que le réseau ne desserve pas les communes de Maxent et Saint-Péran. Par ailleurs, une nouvelle ligne régionale Breizhgo reliant Plélan-le-Grand à Redon, fruit du travail entre Brocéliande communauté, Oust à Brocéliande communauté et Redon agglomération a été mise en service en janvier 2023. Enfin, un travail est également mené sur le Pacte des mobilités locales avec le Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine.

Des arrêts d’auto-stop en sortie des 3 communes concernées

Concrètement, quatre points de départ ont été aménagés en sortie de bourgs : deux à Plélan-le-Grand, un à Saint-Péran et un à Maxent. Il s’agit d’un plot amovible, équipé d’un système de panneau lumineux alimenté uniquement à l’énergie solaire grâce à un panneau photovoltaïque et une batterie. Chaque plot a été installé sur une poche de stationnement existante, qui devient un « arrêt minute covoiturage ». Un arrêté municipal a été nécessaire dans chaque commune, pour attribuer ces places à l’usage du covoiturage. Un marquage au sol a été réalisé pour matérialiser l’arrêt.

L’usager appuie sur un bouton pour sélectionner l’une des destinations proposées, qui reste affichée pendant cinq minutes. Pour attendre, il peut s’assoir sur un support d’assis-debout. Le conducteur qui passe peut voir le message et s’arrêter en toute sécurité, sur la place de stationnement dédiée.

Il s’agit d’un système simple sans planification, basé sur le principe de solidarité, qui fonctionne 24h/24 et sept jours sur sept. « Avec ce système, on ne vient pas ajouter du flux supplémentaire par rapport à un transport en commun. C’est une installation sobre, qui ne nécessite pas d’application sur le téléphone », explique Robin Clavard.

Communiquer pour expliquer

La phase de communication est très importante sur un projet qui amène du changement de comportement, comme l’explique Murielle Douté-Bouton : « Il s’agit de l’expérimentation d’une solution assez innovante. ECOV nous a fourni un kit de communication ‘clef en main’, avec un guide des lignes, des macarons à coller dans les véhicules des conducteurs, mais également de la communication numérique. Nous avons créé un groupe Facebook, ‘Covoit’Go Brocéliande’, qui compte plus de 200 membres aujourd’hui ! On poursuit la communication toute la fin d’année 2023, pour lancer le service ». Par ailleurs, la société ECOV est également intervenue à l’occasion de 8 journées de présence pour réaliser des animations terrain : stands sur des événements existants, tournées des commerçants, petits déjeuners aux arrêts, etc.

Au début, on s’est gentiment fait moquer, on nous a dit qu’on voulait réinventer le stop ! Mais en fait, on l’institutionnalise, on amène de la sécurité, on aide au changement de comportement autour du covoiturage.

Murielle Douté-Bouton

Des coûts d’investissements et de fonctionnement limités

Le projet s’est voulu le plus sobre possible en termes de travaux : utilisation de poches de stationnement existantes, choix de plot amovibles, autonomie électrique avec le système de panneaux solaires pour permettre également au projet d’évoluer si besoin.

Ce projet a bénéficié d’un taux de subvention de 80%, grâce à l’appel à projet TENMOB, l’AMI Licov et à une subvention de la MSA via l’AAP Grandir en Milieu Rural. « Nous n’avons pas sollicité le fonds vert, mais le fait est qu’il peut subventionner ce type de projet. En Ille-et-Vilaine, les pactes de mobilité locaux peuvent également soutenir les lignes de covoiturage », précise Robin Clavard.

Les coûts du projet

  • Études à 4 874,00 € HT (pris avec AMI Licov)
  • Déploiement : 4 points d’arrêts à 13 072,80 € HT (pris avec AMI Licov)
  • Communication / Animation à 12 380 € HT
  • Fonctionnement : à 7 239,20 € HT / an soit 21 717,60 € HT sur 3 ans

 Un projet financé à 80 %

  • L’AMI Licov a permis d’avoir un reste à charge réduit (divisé par 2,5 pour les parties études et déploiement)
  • L’AMI TENMOD (Ademe) subventionne en investissement et fonctionnement
  • La MSA, via l’AAP Grandir en Milieu Rural subventionne à hauteur de 12 000 €
  • Pas de demande au fonds vert car déjà subventionné à hauteur de 80 %

Un enjeu inter-EPCI

Dans les destinations proposées depuis Plélan-Le-Grand, la collectivité propose d’aller à Montfort-sur-Meu, située en dehors de la communauté de communes. Murielle Douté-Bouton précise : « A la suite de notre expérimentation, Montfort communauté a finalisé son Plan de mobilité simplifié. l’EPCI étudie actuellement la mise en place de plots similaires, notamment sur la ligne Monfort-sur Meu/Plélan-Le-Grand, ce qui permettrait de relier les deux EPCI ».

L’enjeu de la coopération entre EPCI et de la diversité des solutions de mobilités proposées est un sujet fort dans le contrat de coopération. Nous avons un lien avec la métropole rennaise et aussi entre nous ! Nous devons aussi étudier la question de la concurrence avec les bus, nous avons besoin d‘explorer cela.

Murielle Douté-Bouton

Des résultats encourageants

Tous les appuis sur les boutons des arrêts ne représentent pas nécessairement des trajets, c’est la limite du système, « ce qui est frustrant, c’est que nous n’avons pas de registre de preuve de covoiturage» ajoute Murielle Douté-Bouton. Cette limite est toutefois modérée par ECOV, qui indique que d’après ses estimations, entre 75 et 80% des appuis boutons représentent des trajets effectifs.
Huit mois après le démarrage du projet, les statistiques indiquent entre 10 et 25 appuis boutons par semaine toutes destinations confondues. La ligne Saint-Péran/Plélan-Le-Grand est un peu plus sollicitée que Maxent-Plélan/Le-Grand.
L’absence de données personnelles sur les usagers ne permet pas d’analyse fine des profils, toutefois, il semble que beaucoup d’usagers soient des personnes âgées et des personnes en situation précaire, pour lesquelles l’auto-stop est une réelle solution au manque de véhicule.

Globalement, il y a un très bon accueil des habitants. Sur le groupe Facebook, il y a des messages pour covoiturer au-delà du territoire, même si nous n’avons pas la prétention de nous substituer à Ouest go ! Le niveau de service est très différent de ce qui est proposé sur les autres territoires, celui-ci est adapté à ce qu’on pouvait apporter .

Murielle Douté-Bouton

Rédaction mai 2024

Documents techniques

Expériences similaires

Abonnez-vous à nos Brèves mensuelles

Recevez les actualités du réseau, des adhérents et de nos partenaires ainsi que des invitations aux événements régionaux


  Recevez nos Brèves mensuelles !