Eaux pluviales : objectif zéro rejet pour un lotissement de Plérin (22)

Infos pratiques

Adhérent : 2020 (et de 2011 à 2017)
Maire : Ronan Kerdraon

Téléphone : 02 96 79 82 00
Nbre d’habitants : 15 189
Superficie : 27 km²
Intercommunalité : Saint-Brieuc Armor Agglomération
www.ville-plerin.fr
Contact BRUDED : Cécile Jamoneau

Autres expériences de Plérin

Un lotissement sans bassin de rétention, ni canalisations d’eaux pluviales, mais avec de larges noues d’infiltration en bordure des voies publiques. Chaque parcelle privée gère elle-même les eaux collectées par la toiture de l’habitation. Une façon de prévenir les inondations mais aussi d’améliorer la qualité de l’eau et de s’adapter aux changements climatiques.

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La ville de Plérin, 15 000 habitants, possède 13 km de littoral, cinq plages et une proximité avec la ville de Saint-Brieuc qui la rend attractive. L’une des conséquences à cette attractivité est une très forte urbanisation ces dernières années.  Elle est parallèlement concernée par plusieurs risques : littoral (érosion côtière, submersion marine, vasières), inondation (débordement de cours d’eau et ruissellement des eaux dû à l’imperméabilisation) et mouvements de terrain. La problématique submersion marine et inondation par débordement de cours d’eau est intégrée dans le Plan de Prévention des Risques Littoraux et d’Inondation (PPRL-i) de la Baie de Saint-Brieuc ; approuvé par arrêté préfectoral le 28 décembre 2016.

Une ville engagée dans le développement durable

La prise en considération de ces risques s’accompagne d’une prise de conscience par les élus en matière de développement durable. L’axe 2 de son agenda 21 finalisé en 2011 est d’ailleurs « Protéger la biodiversité, les milieux et les ressources ». Ainsi, dès 2010, des actions apparaissent dans le cadre des projets d’aménagements de la ville : le développement de jardins de trottoir ou fleurissement de bas de murs, la systématisation des parkings en dalles engazonnées, la rédaction d’un atlas de la biodiversité, la mise en œuvre de la politique zéro-phyto, etc.  Cette intention se traduit également en urbanisme : la révision du PLU en 2014 limite fortement l’étalement urbain et la consommation des espaces agricoles et naturels. Sur Saint-Laurent de la Mer, l’un des principaux quartiers de la ville, seuls 4,2 hectares sur les 12 initiaux sont conservés pour des lotissements.

Un choix fort dès la conception

Sur ces 4,2 hectares, une surface de 3,4 ha est dédiée au projet de lotissement des Terres Blanches : il s’agit d’un terrain plutôt accidenté (pente de 3 à 6%) dont l’OAP impose la présence d’espaces verts, un minimum de 30% de logements sociaux et la préservation d’un cône de vue. Il accueillera au final 52 lots individuels et un lot comprenant 2 collectifs de logements sociaux par Terres d’Armor Habitat (soit 30 logements). En cohérence avec la démarche de développement durable engagée, la ville impose alors deux axes pour ce lotissement : la gestion intégrée des eaux pluviales et des actions en faveur de la biodiversité.

Le recul du trait de côte, les inondations en cas de fortes pluies, la pollution des eaux pluviales par le réseau d’assainissement qui contraint à fermer les plages en contre-bas … tout ceci nous a poussé à imaginer autrement la gestion des eaux pluviales de ce nouveau lotissement.

Pascal Laporte, adjoint à l’urbanisme et au développement durable de Plérin

En matière de gestion des eaux pluviales, la réglementation générale impose la gestion de la pluie décennale et un rejet à débit régulé à 3 l/s/ha. Dans la perspective des évolutions climatiques à venir, il est décidé pour les Terres Blanches de gérer la pluie cinquantennale et de n’émettre aucun rejet d’eaux pluviales, ce que l’on va appeler par la suite le ‘zéro rejet’.

La Gestion intégrée des eaux pluviales (GIEP) consiste à stocker et infiltrer l’eau au plus proche de son point de chute en utilisant les éléments du projet urbain. On intègre ainsi l’eau dans la ville sans concevoir d’aménagement spécifique (réseau, bassin d’orage). Cela induit des investissements moindres et coûts d’entretien mutualisés. Ex : un parking perméable est d’abord conçu pour le stationnement ou bien des espaces verts d’un projet d’aménagement qui deviennent des noues sans que leur entretien soit supérieur au projet initial.

L’aménagement du lotissement est confié à Nexity, lequel s’appuie sur INFRA Services (BE ingénierie et conception durable de l’espace public) pour traiter le volet GIEP et le traitement du paysage. Dans le but du zéro rejet, la GIEP est traduite tant sur le domaine public et que sur le domaine privé.

Les eaux de l’espace public dans les noues

Les eaux pluviales tombant sur l’espace public sont uniquement gérées par des noues, espaces de faible profondeur qui permettent le stockage et l’infiltration en bordure de chaussée. La pente nécessite ici d’assurer la continuité hydraulique entre les noues avec une surverse de sécurité en aval dans la noue aval. Ainsi, l’eau a petit à petit le temps de s’infiltrer pour qu’il n’y ait plus aucun rejet à la fin.

Pour matérialiser ces noues, il a été fait le choix de concevoir des voies rétrécies à 4,5 m de largeur pour les doubles-sens et valoriser des sens uniques à 3,5 m. Le recours à une voirie mixte ouverte à la circulation des véhicules et des piétons sur une seule et même voie sans aménagement spécifique (trottoirs…) est privilégiée.

Il y a plusieurs avantages à cette gestion des eaux pluviales :

  • Le pré-traitement des eaux de ruissellement dans les noues (plantes, vent, soleil, terre, micro-organismes) et le rechargement des nappes ;
  • Pas de mise en mouvement de l’eau et donc pas de phénomène d’érosion et d’inondation ;
  • Des coûts d’aménagements maîtrisés par l’absence de canalisation d’eaux pluviales et de bassin d’orage.

Un point de vigilance cependant : pendant la phase travaux, les noues sont particulièrement sensibles aux phénomènes de colmatage (présence de terre sur les voiries qui est entraînée par le ruissellement vers les noues). De plus, il faut attendre développement de la végétation et de son système racinaire pour que ces espaces soient totalement fonctionnels.

Autre particularité de ce lotissement ; il n’y a pas eu de rétrocession de l’espace public, c’est un syndic de copropriété qui gère les espaces publics et l’éclairage. Et même si cela nécessite une pédagogie importante des services et des élus vis-à-vis des colotis, la mise en œuvre de la GIEP permet une sensibilisation des habitants à la ressource en eau.

Au départ, les habitants étaient réticents à l’idée des noues et des systèmes d’infiltration. Une pédagogie de tous les instants a permis de sensibiliser les habitants à la question du « petit cycle de l’eau », des inondations et à l’esthétique paysagère du lotissement.

Ivonig Guillot, directeur de l’urbanisme et de la transition écologique de Plérin.

Le principe de gestion à la parcelle

À l’instar du domaine public, les eaux pluviales des terrains privés sont traitées en GIEP. Une annexe au règlement du lotissement décrit le principe hydraulique général du projet et présente en détail les modalités de gestion des eaux pluviales des parcelles privatives. Elle stipule entre autres que :

  • Chaque acquéreur a l’obligation règlementaire de gérer 100% des eaux pluviales de l’épisode pluvieux de référence (pluviométrie cinquantennale) sur sa parcelle ;
  • Il lui est laissé le libre choix des techniques d’infiltration (noue, massif drainant, toiture végétalisée) ;
  • Il doit installer un merlon en partie basse du jardin pour retenir le trop plein d’eau en cas d’intempéries ;
  • Il doit fournir, au moment du dépôt de son permis de construire, une note de calcul de dimensionnement hydraulique de l’ouvrage de gestion des eaux pluviales qui sera mise en œuvre.

Une mission d’avis sur PC est confiée par l’aménageur à INFRA Services pour vérifier la conformité du dispositif retenu. De plus, il est annoncé qu’un contrôle a posteriori peut être effectué au moment de la conformité du permis de construire. En outre, le règlement du lotissement impose deux places de stationnement par logement (hors garage fermé) dont 60 % maximum pourra être imperméabilisé. Les autres surfaces doivent présenter un revêtement perméable (surface gravillonnée, pavé poreux, dalle à engazonnement…). Elément rappelé à l’ordre par la mairie en cas de non-respect, tout comme la réglementation sur les clôtures et les parements (les murets doivent être impérativement en pierres ou parement pierre).

Une place pour la biodiversité

Le lotissement intègre également des éléments en faveur de la biodiversité. La conception de cet aspect s’effectue avec l’association Viv’armor Nature qui propose :

  • La création d’un maillage bocager en limite Ouest : une bande de 3 mètres inconstructible et reboisée entre le lotissement et le champ attenant ;
  • La sélection des végétaux implantables dans le lotissement ;
  • L’installation de nichoirs pour favoriser l’accueil des hirondelles et des chauves-souris, au sein des immeubles sociaux.

Il s’agit d’une mission de prestation auprès de l’aménageur. L’association intervient dès la conception du projet pour implanter sur plan les espaces bocagers et les recommandations environnementales. Ces recommandations sont techniques : quels types de nichoirs pour quelles espèces, à quel endroit, quelles plantes … « Viv’armor Nature a été imposé par la ville à l’aménageur, il a donc fallu créer des conditions de confiance dans les échanges et définir le niveau d’ambition. Les aménagements réalisés devaient permettre d’éviter un suivi » rappelle Ivonig Guillot.

Retour d’expérience

Finalisé en 2021, le système de GIEP démontre depuis sa bonne résistance aux fortes intempéries : il n’est pas impacté par le passage de la tempête Alex (hiver 2020/21) ni par la tempête Ciaran (2023). Ainsi, aucune inondation n’a été constatée sur le lotissement des Terres Blanches, et aucun rejet n’a été observé à l’aval du périmètre aménagée même lors de fortes pluies.

La multifonctionnalité des aménagements apporte également des bénéfices en termes de biodiversité, d’adaptation au changement climatique, de cadre de vie et de santé.

La GIEP comme fil conducteurs aux projets communaux

Consciente de sa vulnérabilité en la matière et convaincue qu’une gestion alternative est la solution, la ville de Plérin traite désormais l’ensemble de ses projets sous le prisme de la GIEP : renaturation de la cour de l’école, voirie cyclable drainante sur la route des Rosaires

Saint Brieuc Armor Agglomération (SBAA) décide également à partir de 2021 de faire émerger la GIEP à l’échelle du territoire et lui dédie des moyens pour élaborer une politique significative. Cela se traduit notamment par la création du poste d’un chargé d’animation dont les missions permettent la sensibilisation, la formation des élus et des acteurs de la construction. Il réalise en mars 2023 un guide pratique conçu comme un outil pour l’aménagement public et privé. Il accompagne également de nombreux projets sur l’agglomération, et en l’occurrence celui de la route des Rosaires à Plérin.

S’appuyer sur le guide est important puisque bientôt presque plus aucun permis d’aménager et permis de construire ne seront acceptés sans la prise en compte de la GIEP

Frédéric Levé, chargé de l’animation de la politique GIEP de Saint Brieuc Armor Agglomération

La ville de Plérin, accompagnée par SBAA, travaille désormais sur l’urbanisation existante et le potentiel de déconnexion des eaux pluviales, notamment sur le lotissement des Terres Noires. A travers des études portées par l’agglomération, une évaluation du potentiel de déconnexion est réalisée à l’échelle de la parcelle cadastrale. L’objectif est d’identifier au sein des zones imperméabilisées les secteurs et les sites les plus favorables (techniquement et économiquement) à des opérations de déraccordement des eaux pluviales. Ex : les descentes de gouttière d’un bâtiment sont dirigées vers un espace vert existant (ou créé) et ainsi déconnecté du réseau enterré.

Calendrier

  • Avril 2016 : dépôt du Permis d’aménager
  • 1er trimestre 2017 : début des travaux de viabilisation
  • Eté 2017 : début des constructions
  • Mars 2021 : livraison des travaux définitifs

Les éléments financiers sont indisponibles puisque le lotissement porté par un aménageur privé.

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Rédigé en décembre 2024

 

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