Arzano (29) : Le Régal d’Épissure, une épicerie associative qui conforte le dynamisme en cœur de bourg
Thématique(s): Commerces - Économie locale, commerces et services
Infos pratiques
Adhérent depuis 2006
Maire : Anne Borry
Adresse : 1 Place de la Mairie, 29300 Arzano, France
Téléphone : 02 98 71 74 67
Nbre d’habitants : 1 397
Superficie : 34 km²
Intercommunalité : Quimperlé communauté
www.arzano.fr/
Contact BRUDED : Guillaume Josselin
Autres expériences de Arzano
Soutenue par la municipalité, l’association « Épissure » se mobilise pour gérer une épicerie en centre bourg depuis son ouverture en 2015 : un défi relevé et bénéfique pour cette petite commune qui s’appuie sur une démarche des habitants, moteurs du projet.
Arzano est une commune rurale du sud Finistère qui compte 1 420 habitants, au sein de Quimperlé Communauté. Ces dernières années, elle présentait les symptômes d’une dévitalisation avec la disparition des médecins et le déclin progressif des commerces de centre-bourg. En 2013, la dernière épicerie du bourg cessait son activité. Un projet citoyen a permis de rouvrir une épicerie deux ans plus tard : « le Régal d’Épissure ».
En 2016, la commune lance une étude ambitieuse de revitalisation du centre-bourg. Le maintien et la création de commerces et services en centralité sont identifiés comme un des fils conducteurs du projet. La commune est lauréate de l’appel à projets régional sur la dynamique des centres-bourgs en 2017, sur le volet opérationnel.
Naissance du projet
En 2014, la nouvelle municipalité accompagne techniquement et moralement un collectif citoyen souhaitant rouvrir une épicerie alternative dans le bourg. Un débat public ouvert à la population et aux partenaires potentiels ainsi qu’une enquête sont menés pour cerner les modes de consommation et les besoins.
Un montage collaboratif
Le collectif se fédère ensuite en association nommée « Épissure ». Ce modèle bien que fragile, assure une capacité à évoluer et à offrir un service adapté aux nouvelles demandes. Soucieuse de voir ce projet innovant et original aboutir, la commune conclut une charte d’objectifs définissant leurs actions respectives et un bail locatif.
Quand les citoyens et les élus collaborent, l’équation devient « 1 + 1 = 3 » : un bel exemple de partenariat collaboratif, si chacun reste à sa place et connait son rôle. C’est l’objectif de la charte signée au début de l’aventure, qui pourrait être utile un jour si le projet venait à dériver.
Anne Borry, maire
L’association procède à différents travaux d’aménagement (façade, rayonnage…). Le local est d’abord prêté pendant trois mois à l’association qui paiera ensuite un loyer mensuel (359 € HT/mois en 2020), conforme au prix locatif dans le bourg pour un local en état moyen. L’entretien et les réparations sont pris en charge par la commune alors que les fluides sont payés par l’épicerie.
Des financements pour lancer le projet
Un dossier de financement du projet est monté sur les bases du chiffre d’affaires annuel de l’épicerie précédente (175 000 €). Des aides sont obtenues auprès du Conseil départemental du Finistère (5 000 €) et de la commune (10 000 €). Un appel à fonds privés permet le financement du matériel et du fonds de départ (15 000 €).
Une dynamique qui perdure
Le « Régal d’Épissure » ouvre ses portes en mai 2015 et vit dès les premiers mois un grand succès. Le gérant de l’épicerie est recruté par l’association dès l’ouverture pour assurer le fonctionnement du commerce avec l’implication d’une quarantaine de bénévoles. En 2016, l’emploi est maintenu et les clients se fidélisent. En 2019, l’épicerie présente un bilan très positif : trois employées (2,5 ETP), entourées de 30 bénévoles actifs, font fonctionner la boutique. Elles participent activement à la vie de l’association et sont force de proposition.
L’épicerie est devenue un véritable lieu de lien social et de contribution au « bien-manger ». Elle contribue à la vitalité économique par les emplois créés, en plus de fournir un débouché local aux producteurs du territoire. Le chiffre d’affaires n’a cessé d’augmenter, et la saison estivale permet de satisfaire aux demandes des vacanciers de passage.
Anne Borry
Vrac, local, bio et vivant
Une carte traiteur est proposée en plus de l’épicerie et des produits en vrac, issus principalement des circuits courts et/ou bio. La liste des producteurs locaux est stabilisée, malgré les petits volumes rendant les approvisionnements compliqués. Le panier moyen reste inchangé à 13 € et le nombre moyen de passages en caisse grimpe de 52 en 2017 à 82 par jour en 2018.
L’association organise aussi des événements culturels, festifs, des partages de savoirs, et s’associe à d’autres associations du territoire, l’école, l’Ehpad, la bibliothèque (…) pour porter des projets citoyens.
Un modèle vertueux
Dans un contexte difficile pour les commerces de centre bourg, ce modèle fait la preuve de son efficacité : il contribue à rendre le territoire résilient aux fractures (sociale, écologique…) et offre une solution de proximité au plus grand nombre. Épissure a été un précurseur et contribue activement au réseau des projets citoyens.
Le bilan est très positif : les citoyens d’Arzano, des communes voisines et les gens de passage se sont approprié ce commerce.
Un projet d’agrandissement
Des travaux d’agrandissement sont envisagés pour développer la préparation de plats cuisinés. Les membres de l’association préparent le projet, qui sera ensuite étudié par les élus qui apporteront un soutien technique et contribueront à la recherche de financement. « Pour la municipalité, c’est une occasion de rénover des locaux vacants et dégradés en centre bourg, qui contribueront ainsi à un service au public ».
Ce que l’on en retient
Anne Borry tire trois leçons principales de cette belle initiative :
Ce projet s’inscrit pleinement dans les valeurs de l’économie sociale et solidaire et de la transition écologique ; il rend le territoire plus résilient aux difficultés actuelles et fait de la commune un véritable laboratoire d’innovation sociale
màj juin 2020