Fauche tardive des bords de route de la CC du Val d’Ille (35)
Thématique(s): Actions pour la biodiversité - Environnement et biodiversité - Zéro phyto & Espaces verts
Infos pratiques
Adhérent : depuis 2006
Président : Claude Jaouen
Adresse : La Métairie, 35520 Montreuil-le-Gast, France
Téléphone : 02 99 69 86 86
Nbre d’habitants : 37000
Superficie : 297,94 km²
Intercommunalité : CC Val d’Ille-Aubigné
www.valdille-aubigne.fr
Contact BRUDED : Camille Ménec
Autres expériences de CC Val d'Ille-Aubigné
Depuis 2009, la Communauté de communes du Val d’Ille a développé un fauchage tardif des bords de route. Une expérimentation qui s’est accompagné d’une évaluation : biodiversité, bilan énergétique, valorisation des déchets de fauche… pour avancer dans la cohérence.
La compétence voirie
Les 10 communes ont décidé de confier la compétence « voirie » à la Communauté de communes. Cela concerne 270 kms de voiries soit 540 kms d’accotements gérés par une équipe de 2 personnes au service environnement et de 3 agents au service voirie. L’entretien des chemins de randonnée, l’aménagement des espaces verts communautaires sont par ailleurs confiés à l’association d’insertion Val d’Ille Environnement (VIE).
« Par tardif, nous entendons deux aspects : la fauche a lieu après le 15 juillet (suffisamment tard pour favoriser la reproduction des espèces mais suffisamment tôt pour limiter la pousse des chardons) et une seule fois dans l’année » explique Sabina Badea, en charge du dossier.
Une montée en puissance progressive
L’expérimentation de fauchage tardif a démarré en 2009. Elle concerne depuis 2009, 100% des talus et fossés et depuis 2012, 25% des accotements. « On ne pourra guère aller plus loin, compte-tenu de la volonté de n’entretenir en fauche tardive qu’un côté de la route et que toutes les routes ne sont pas adaptées au fauchage tardif » indique Aude Pelichet. Les 75% restant font l’objet d’un fauchage classique : mai (carrefours, virages), juillet (carrefours, virages, accotements), septembre (accotements).
Retour sur la chronologie
2009 : Mise en place de la fauche sur 34 kms d’accotements de part et d’autre d’une même route. Le choix des tronçons pilotes a été fait en lien avec les communes concernées. « Suite à cette 1ère expérimentation, nous avons eu des critiques concernant les questions de sécurité des piétons, cyclistes, voitures… en raison d’une visibilité amoindrie » indique Aude Pelichet.
2010 : L’expérimentation reste à 33 kms d’accotement avec le choix de ne faucher qu’un côté de la même route. « Depuis, nous avons plus d’arguments face aux remarques sur les questions de sécurité »
2011 : Le nombre de tronçons passent à 80 kms d’accotements !
2012 : 123 kms d’accotements sont concernés avec une amélioration de la continuité écologique
Export des déchets de fauche ?
« Le fait de ne pas laisser les résidus de fauche sur place a plusieurs intérêts majeurs : ça améliore la biodiversité, limite les transferts de matière organique dans l’eau et le curage des fossés » indique Aude Pelichet. Mais cela pose deux difficultés : la valorisation des résidus de fauches et la consommation en carburant pour les ramasser puis les acheminer vers les plateformes de dépôt ». La CCVI a expérimenté plusieurs matériels et solutions : épareuse à bras articulé et broyeur d’accotement, dotés d’une centrale d’aspiration, aspirant les déchets vers une remorque de tracteur.
Une des difficultés rencontrées a été le phénomène de bourrage dans les coudes de la centrale d’aspiration. Par ailleurs, « la solution de compostage n’est pas jugée totalement satisfaisante : elle nous est facturée par le Smictom et amène des déchets verts sur la plateforme à un moment où elle est déjà fortement sollicitée par les tontes de pelouse et les tailles de haies ». En 2012, l’intégralité des résidus de fauche a été donnée gratuitement aux 2 agriculteurs du territoire disposant d’unité de méthanisation.
Une évaluation multi-critères
Afin d’évaluer l’éco-bilan, plusieurs études ont été menées
– des analyses réalisées sur 3 tronçons ont montré que l’herbe exportée était conforme à la norme compostage. Cela a permis de lever les craintes de certains agriculteurs
– un inventaire floristique a été réalisé par Thomas Houssin, étudiant en en Licence d’agronomie à l’Université de Rennes 1. «Elle révèle une plus grande quantité et variétés d’espèces, avec une différence selon que le tronçon est situé près d’une zone cultivée ou d’une prairie permanente»
– un bilan des gaz à effet de serre (GES) des opérations avec exportation a également été menée en comparaison avec un fauchage classique : «l’exportation avec méthanisation permet de produire l’équivalent de 34 272 litres de fuel, soit nettement plus que ce qui a été consommé ».
Expliquer, convaincre…
« La communication est cruciale pour cette opération qui implique un changement de regard sur la gestion des bords de route » indique Aude Pelichet. « Depuis 2010, des panneaux en bois sont réalisés par le chantier d’insertion et placés sur les tronçons concernés». Certains doivent être régulièrement réparés en raison du vandalisme. «Certains opposants évoquent le salissement des parcelles par les chardons. Au contraire, ces derniers sont favorisés lorsque le sol est mis à nu par les entretiens classiques. Les effets seront sur le long terme car la fauche tardive favorise des plantes qui concurrencent les chardons. » En parallèle, la CCVI organise tous les ans une opération de «coupe des têtes de chardons» en mobilisant les services des communes. Des communications dans les bulletins municipaux et dans la presse sont réalisées tous les ans.