La gestion écologique des espaces verts à Saint-Aubin-du-Cormier (35)
Thématique(s): Actions pour la biodiversité - Environnement et biodiversité - Zéro phyto & Espaces verts
Infos pratiques
Adhérent depuis 2015
Maire : Jérôme Bégasse
Adresse : Place de la Mairie, 35140 Saint-Aubin-du-Cormier, France
Téléphone : 02 99 39 10 42
Nbre d’habitants : 3708
Superficie : 27,40 km²
Intercommunalité : Liffré-Cormier Communauté
http://www.ville-staubinducormier.fr/
Contact BRUDED : Rozenn Simon
Autres expériences de Saint-Aubin-du-Cormier
Saint-Aubin-du-Cormier a choisi depuis plus de 10 ans de gérer ses espaces verts en intégrant une dimension « biodiversité » très forte. Une visite de la commune organisée par l’agence de la Biodiversité et BRUDED a eu lieu en octobre 2021 : elle a permis de découvrir tous les aspects abordés par les élus et les techniciens en charge des espaces verts.
Saint-Aubin du Cormier est un territoire très riche avec un tiers de forets et un tiers de surface agricole. Sa richesse réside notamment dans ses lisières dont les naturalistes connaissent l’importance et un bocage qui a été bien préservé, la commune ayant été peu remembrée. Si l’A84 est un élément fort pour l’attractivité de la commune, elle constitue néanmoins une rupture du corridor écologique entre les parties est et ouest de la commune. Le château est un espace naturel sensible du Département qui abrite 18 espèces de chauves-souris (parmi les 22 présentes en Bretagne) ainsi qu’un cormier remarquable…
Espaces naturels, étang et son environnement, patrimoine, commerces : l’ensemble de ces atouts est une force pour la ville et les gens qui viennent habiter à Saint –Aubin pour cette qualité de vie
Jérôme Bégasse, maire
Les grandes étapes d’une gestion écologique
En 2009 : signature de la charte de l’environnement, passage en 0 phyto, création du jardin médiéval et des jardins familiaux.
À partir de 2014, les élus accélèrent la gestion écologique des espaces verts :
- Mise en place d’une gestion différenciée
- Végétalisation du cimetière
- Fleurissement des pieds de murs
- Mise en place de l’éco-pâturage en partenariat avec le lycée agricole
- Signature de l’appel du mouvement des coquelicots, voté à l’unanimité
- Commission extra municipale « cadre de vie et transition »
- Éclairage : extinction à 23h (1h vend et samedi) en automne/hiver et extinction totale sur la période printemps-été
- Utilisation de végétaux locaux
- Limitation de l’imperméabilisation des places de stationnement.
- …
Focus sur les différents espaces
La végétalisation des trottoirs et des pieds de murs et barrières
En ‘zone de rencontre’ (20 km/h), les trottoirs les plus étroits ont été entièrement dédiés à la végétalisation car les piétons peuvent marcher sur la partie routière. Les effets positifs sont nombreux :
- Réduction de la vitesse des véhicules
- Réduction du stationnement intempestif (par la création de saignées dans le sol)
- Acceptation de la flore spontanée et d’un autre regard sur la nature en ville
- Création des micro-habitats de biodiversité
- Valorisation du bâti
- Obtention du prix du conseil départemental
Pour végétaliser les pieds de murs, la commune adopte plusieurs modalités :
1/ elle le fait en régie > plante et gère l’entretien
2/ elle passe une convention avec les habitants riverains qui entretiennent :
- un travail de communication est important pour ôter les idées reçues : « non, les végétaux en pied de murs ne font pas remonter de l’humidité dans les murs ; au contraire, l’humidité s’évacue plus facilement…»
- des infos sur les espèces/variétés locales à privilégier ainsi que la manière d’entretenir sont diffusées
- aujourd’hui, une dizaine d’habitants gèrent ainsi des espaces
Suppression des jardinières et de l’arrosage
Les 240 jardinières placées dans le bourg ont toutes été supprimées : les fleurs sont dorénavant plantées en pleine terre. L’arrosage a complètement été arrêté, mis à part le terrain de foot « d’honneur ».
Cela n’avait pas de sens au vu de la vraie problématique à laquelle nous sommes confrontée en termes de fourniture et de gestion de l’eau potable.
Nous n’avons pas reçu de fleur au label ‘villes et villages fleuris’ quand nous en avons fait la demande car ils estimaient qu’il n’y avait pas assez de fleurs visibles : les agents étaient déçus mais en fait, c’est plutôt un bon signe : quand on végétalise un bourg de manière écologique (et donc avec des fleurs vivaces et/ou de saison), il est certain qu’on a moins de fleurs en permanence… mais ce qui importe c’est que nos actions sont favorables à une plus grande biodiversité.
Laetitia Cour, adjointe à la biodiversité
Ville nourricière
La commune a créé deux jardins publics dédiés aux plantes comestibles : le jardin médiéval, géré par une association qui abrite des petits fruitiers, plantes aromatiques,… ouvert à tous et les jardins familiaux qui permettent aux habitants de créer des espaces de potagers.
Espaces jeux, balades et détente
L’étang de St Aubin créé artificiellement pour alimenter historiquement les douves du château a aujourd’hui une vocation récréative et offre un bel espace de détente/parcours de découverte « le jardin d’aventures » qui permet de nombreux usages :
- accrobranche en accès libre (1m de hauteur max) (Folk paysages)
- des aménagement réalisés avec du bois de la commune (troncs creusés…)
- jeux pour enfants
- zone de pêche récréative
- zone de promenade (sentier qui contourne)
- accès à la salle polyvalente et au cimetière par prairies/sentiers / fauches tardives
- swing golf
En savoir plus : un accrobranche pour enfants au Domaine de l’étang
Gestion des fauches
Auparavant, les agents entreposaient les résultats de fauches et de coupes sur une aire vierge, en dehors du bourg > cela consommait du temps et de l’énergie. Les résultats des fauches n’étaient pas valorisés. Depuis plusieurs années, de nouvelles méthodes ont été appliquées. Pour les tontes de pelouse, on fait du « mulching », c’est-à-dire qu’on laisse sur place : cela évite un travail supplémentaire de ramassage, couteux et inutile, ça évite également les allers-retours pour évacuer les déchets de tontes. Pour les tailles des petits arbres, les matériaux végétaux sont broyés et réutilisés en paillage.
La commune a investi dans l’achat d’un broyeur qu’elle met également à disposition des habitants qui le souhaitent, deux jours par an. Les gens viennent (place de la mairie) avec leurs déchets verts et repartent avec du paillage gratuit !
- Fauches tardives
La commune a choisi de remonter la hauteur de coupe à 8, voire 10 cm, malgré les réticences des services techniques au départ… Le résultat est intéressant car cela fait moins de travail (moins de tontes) et les pelouses/prairies restent plus vertes, notamment en été lorsque les températures sèchent habituellement les pelouses plus rases.
Les tontes et fauches sont adaptées aux usages qui en sont faits. Le swing golf nécessite une coupe rase sur certains secteurs très précis alors que de simples cheminements à 10 cm suffisent entre les zones fauchées tardivement (septembre/octobre) pour des aires de détente.
- Des difficultés d’acceptation
La fauche tardive effectuée une fois par an avec exportation nécessite deux à trois années avant de faire apparaître une diversité floristique. Il importe de communiquer pour expliquer cela car les habitants sont sensibles à l’esthétique d’un site. Une exposition sur ce thème avait été réalisée. Des informations pour déjouer les idées reçues sont aussi diffusées : « les fauches tardives ne sont pas propices aux rats, vipères (qui ne sont par ailleurs pas nos ennemis non plus) ou aux allergies grandissantes…« . Il importe de communiquer sur le temps nécessaire pour que les espaces deviennent plus esthétiques et colorés avec une plus grande diversité floristique.
- Rien ne se perd, tout se transforme
Si un arbre doit être abattu, il est valorisé au maximum : en mobilier pour les espaces verts grâce à la scierie mobile, en jeux, déco… jusqu’à broyage pour le paillage. Ce dernier sert notamment à la gestion des massifs floraux pour lesquels les bâches ont toutes été supprimées.
Participation citoyenne
La gestion écologique des espaces verts passe aussi par une participation citoyenne. La commune travaille beaucoup avec les écoles (et notamment les élèves du lycée agricole) qui ont participé à l’entretien des massifs (retrait des bâches…). La commune a lancé en 2021 un budget participatif de 5 000 € pour encourager la mise en œuvre de projets ‘citoyens’ (attente des projets en cours).
Atlas de la biodiversité communale
Démarré en 2018, il a permis de réaliser des inventaires naturalistes, de mobiliser les acteurs de la commune et au-delà (habitants, associations, scolaires, lycée agricole, ingénieurs agronomes…). La commune a mis en place de nombreuses actions : fête de la nature, ‘jardiner au naturel’, sorties naturalistes, expos, campagne de communication/affiches, grainothèque, ateliers pratiques,…
Aspects réglementaires – Plan local d’urbanisme
Sa révision a été approuvée en juillet 2021. Il intègre dorénavant une plus forte dimension de biodiversité :
- Obligation de planter des haies avec des espèces locales
- Interdiction d’importer des espèces invasives
- Obligation de créer des passages de petite faune ou de surélever les clôtures de 20 cm
- Création d’emplacements réservés pour assurer les continuités écologiques
L’arbre en particulier
La commune considère les arbres comme du patrimoine à protéger et gérer individuellement. Tous les arbres de la commune (de + de 7 m, soit 1 200 unités) ont été identifiés et inventoriés grâce à un diagnostic très précis (état physiologique et mécanique = préconisation de gestion des arbres) réalisé par un bureau d’études spécialisé (Arbor études). Cela a permis d’intégrer les données dans le PLU. Ces massifs et arbres isolés sont dorénavant classés grâce à la loi « paysage » au PLU : une demande d’autorisation est dorénavant obligatoire pour tout abattage. Plus spécifiquement, cinq arbres plus remarquables y sont classés en Espace boisé classé (EBC) : une protection beaucoup plus forte qui implique des demandes d’autorisation plus nombreuses pour l’abattage.
Cimetière (7 000 m²)
Géré en « 0 phyto » depuis 2008, il est entièrement enherbé :
- les gravillons ont été retirées et le gazon (15% raygrass, 15% fétuque, reste/trèfle) semé ‘à la volée’ sans travail du sol ; tonte une fois/mois + débroussailleuse/2 mois
- les allées plus larges sont très accessibles, même en chaise roulante (mieux qu’allées gravillonnées)
- les zones plus étroites (inter-tombes) sont plantées de plants « couvre-sols » à pousse lente
Le temps de travail nécessaire à la gestion du cimetière (500 h annuelles) n’a pas évolué. Ce qui change c’est qu’on arrive à tout faire dans ce temps alors qu’auparavant, on n’y arrivait pas. Les pratiques et l’aspect du cimetière ont changé. C’est une vraie réussite et une vraie découverte pour les habitants : on n’a plus du tout de plaintes.
En savoir plus > Gérer le cimetière en zéro phyto
Accompagner les agents
Les services techniques comptent 5,8 ETP pour gérer les espaces verts (massifs, tonte/fauche/coupe, cimetière, cœur de bourg) et la voirie. Les compétences en matière de biodiversité et de gestion adaptée sont très variées au sein de l’équipe : certains agents sont plus engagés que d’autres sur la gestion écologique. Les élus ont ainsi permis à certains agents de se former à la biodiversité locale. Lors du renouvellement d’agent de l’équipe, est intégrée une dimension « gestion écologique » dans la fiche de poste. Les élus et particulièrement Laetitia Cour, adjointe à la biodiversité, accompagnent les agents dans ce gain de compétence « biodiversité ».
Les agents travaillent ponctuellement avec une association d’insertion ainsi que les élèves du lycée agricole.
Communication
Un des éléments clef pour l’acceptation de pratiques plus écologiques (qui sont nouvelles ou simplement oubliées pour beaucoup d’habitants) est celle d’une bonne communication des actions menées. Cela passe par des explications sur les choix (végétalisation des trottoirs, bord de route, fauches tardives, retrait des bâches, bannissement des fleurs annuelles, de l’arrosage et de l’usage des produits phyto-sanitaires…) :
- campagne d’affichage municipal (bulletin, affichage dans les rues, lors d’évènements…)
- exposition artistique (expo photo biodiversité à travers le cœur de bourg sur bâtiments publics)
- sensibilisation : panneaux d’explication (fauche, cimetière…)
- temps de lecture : sensibilisation tous publics
- chantiers de broyage gratuits pour les habitants
- ateliers et évènements ciblés : grimpes d’arbre, journées thématiques…
…
En savoir plus
Le compte-rendu de la visite (agence de la biodiversité) du 8 octobre 2021
Contact
Jérôme Bégasse, maire et Laetitia Cour, adjointe en charge de la biodiversité
rédigée en octobre 2021