La réhabilitation du rando-gîte communal de Penvénan (22) en colocation pour travailleurs saisonniers

Infos pratiques

Adhérent depuis 2006

Téléphone : 02 96 92 67 59
Nbre d’habitants : 2434
Superficie : 19 km²
Intercommunalité : Lannion-Trégor Communauté
www.ville-penvenan.fr
Contact BRUDED : Cécile Jamoneau

Autres expériences de Penvénan

Pour faire face à leur difficulté de se loger, la commune de Penvénan convertit son rando-gîte en logement pour les travailleurs saisonniers. Elle en confie la gestion à l’association Habitat Jeunes en Trégor-Argoat qui le propose en colocation pour sept personnes.

Illustration HJTA ©

Cliquez ici pour en savoir plus sur cette expérience

La commune de Penvénan, 2500 habitants à l’année, est située sur le littoral du Trégor à quelques encablures de la côte de Granit rose. À l’instar des communes touristiques, sa population quadruple en été (soit une pression touristique de 271%). Toute une économie s’installe derrière cette attractivité et de nombreux saisonniers affluent pour travailler en restauration ou encore dans les campings et les hôtels environnants. Selon l’observatoire du tourisme, près de 10% des emplois sont liés au tourisme (soit 1736 emplois) à l’échelle de Lannion-Trégor Communauté (LTC). Nombre de ces travailleurs saisonniers sont confrontés à la problématique de leur hébergement pendant la durée de leur contrat.

Un rando-gîte inutilisé

En 2010, l’équipe municipale en place initie la rénovation de l’ancienne école de Buguélès pour la transformer pour partie en rando-gîte d’une capacité d’accueil d’une quinzaine de couchages ; le reste du bâtiment est aménagé en salles associatives. Malheureusement, ce projet connaît des malfaçons et des retards dans les travaux dont le coût global avoisine les 1,2M€. Déjà ébranlé par ces déboires et avant même d’être mis en activité, le rando-gîte est soumis à une étude de faisabilité en 2021 par la nouvelle équipe ; laquelle révèle un déficit inéluctable au vu des coûts de fonctionnement trop importants.

Les élus pourraient alors décider de le vendre mais cela ne suffirait pas à éponger les dettes créées par les travaux de rénovation et de transformation. Ils choisissent plutôt donc de changer la destination de ce bâtiment communal et de le réintégrer au budget principal de la commune puisqu’un budget annexe spécifique au rando-gîte avait été créé pour gérer l’activité escomptée.

Une nouvelle destination viable

Ils étudient alors plusieurs projets qui pourraient répondre à une demande sur le territoire. Ayant été rénovés dans une perspective d’hébergement touristique collectif, les lieux ne sont pas adaptés au logement de familles. Conscients du manque de logement pour les travailleurs saisonniers, ils s’intéressent alors à la création de logements saisonniers et étudiants ; un scénario qui pourrait s’avérer plus viable économiquement. Les élus, à l’unanimité, soutiennent cette proposition.

Courant 2022, Denise Prud’homm – maire de Penvénan – se rapproche du service Habitat de LTC et de l’association Habitat Jeunes en Trégor-Argoat (HJTA) qui s’attèle à la problématique de l’habitat pour les jeunes sur le territoire en développant plusieurs outils : foyers de jeunes travailleurs/résidences jeunes, conventionnement avec des logements privés, chambres chez l’habitant, accompagnement individuel… Elle n’a pas peur de développer des solutions innovantes comme des tiny-houses à Saint-Quay Perros. Elle ouvre également son champ d’action aux travailleurs saisonniers en développant des hébergements en colocation à Perros-Guirec et à Lanmodez. C’est ce dernier exemple qui fait écho aux élus de Penvénan.

L’accès au logement pour les saisonniers est à la fois un enjeu économique et démographique pour notre territoire.

Patrick Thérin, adjoint au développement économique et au tourisme

La gestion du site est donc confiée à HJTA qui verse un loyer à la commune. Ce loyer est négocié par HJTA qui ne sait pas encore comment elle réussira à remplir ce logement tout au long de l’année. Prise de risque partagée : la commune accepte de moduler le loyer en fonction du taux d’occupation. HJTA propose de louer à son tour les chambres à hauteur de 350€/chambre maximum. En l’occurrence une chambre sans salle de bains est louée 330€ à Penvénan.

Un changement d’usage long à normaliser

Il faudra cependant plus d’un an pour résoudre le volet administratif du projet. Tout d’abord changer le type d’établissement du logement pour devenir un logement social via une demande d’agrément par l’Etat et une délégation à la pierre par l’agglomération. Cela permet notamment aux futurs occupants de pouvoir bénéficier des APL.

Le changement de destination du bien oblige ensuite à modifier l’emprunt contracté pour le projet du rando-gîte. C’est l’opportunité de bénéficier d’un emprunt à un taux fixe auprès de la Banque des Territoires.

Enfin, reste à aménager le logement. Si aucuns travaux ne sont à effectuer dans ce bâtiment qui n’avait jamais accueilli personne, il faut le meubler pour faciliter la venue des saisonniers. La commune prend à sa charge l’équipement de la cuisine à hauteur de 10 000€ dont la moitié est subventionnée par LTC au titre du logement saisonnier. HJTA bénéficie d’un soutien du fonds européen Leader pour financer l’ameublement des chambres et des espaces communs.

Un premier été au complet

La colocation – composée de sept chambres dont trois avec salles de bains privatives et d’espaces collectifs : cuisine, salon, buanderie  – est investie dès le 1er juillet 2024 : boulanger, employée dans un camping à Plougrescant mais aussi professeur à Lannion, agent à l’hôpital de Trestel, … les profils sont très variés et ne sont pas uniquement des saisonniers touristiques comme imaginés. Des saisonniers agricoles pourraient aussi se présenter au vu de l’activité légumière locale. Il y a pourtant deux critères d’admission : être salarié en mobilité pour la saison et avoir un contrat de travail ou une convention de stage. Les chambres peuvent être louées par des couples.

Lors des périodes creuses (en hiver) le logement pourrait également accueillir des stagiaires ou des étudiants. Enfin, une communication auprès des entreprises qui peinent à loger leurs saisonniers est en cours pour qu’ils pensent à réserver une place au sein de la colocation pour une durée définie au préalable auprès de HJTA.

Ma seule crainte était le fonctionnement d’une colocation à sept personnes qui ne se connaissaient pas au préalable. A priori cela s’est très bien passé, chacun avait ses horaires et son rythme. Puis la colocation est située à Buguélès en bord de mer ; il y a pire comme endroit !

Patrick Thérin

Contacts

Rédigé en septembre 2024

Documents techniques

Expériences similaires

Ils nous soutiennent

Montreuil-Le-Gast école
Montreuil-Le-Gast abords école
Montreuil-Le-Gast abords école

Abonnez-vous à nos Brèves mensuelles

Recevez les actualités du réseau, des adhérents et de nos partenaires ainsi que des invitations aux événements régionaux


  Recevez nos Brèves mensuelles !