L’ambitieux aménagement du bourg de Plourhan (22) conçu grâce à la théorie des parties prenantes
Infos pratiques
Adhérent depuis 2008
Maire : Loïc Raoult
Adresse : 1 Rue du Parc, 22410 Plourhan, France
Téléphone : 02 96 71 94 34
Nbre d’habitants : 2020
Superficie : 17,24 km²
Intercommunalité : Saint-Brieuc Armor Agglomération
www.plourhan.fr
Contact BRUDED : Cécile Jamoneau
Autres expériences de Plourhan
Ce projet structurant de centre-bourg concrétise l’ambition des élus de Plourhan présentée lors de la campagne des municipales de 2020. Il vise à réinterroger l’aménagement du bourg via le prisme des commerces, des mobilités et de l’accessibilité, de la végétalisation et de la perméabilité mais aussi de l’identité agricole de la commune.
La commune de Plourhan, 2 200 habitants, est une commune rétro-littorale de Saint-Brieuc Armor Agglomération. Elle connaît une dynamique démographique forte (sa population a doublé en 30 ans). Elle revendique son statut de commune rurale en se démarquant de l’identité des villes balnéaires voisines : « Elles ont le bleu et nous le vert ! » s’amuse à résumer Sylvie Rousseau, conseillère municipale.
Elle cherche à préserver sa dynamique avec ses commerces, ses services, ses associations. Son bourg a la chance d’accueillir en son centre une très belle mairie – ancienne maison de maître implantée au cœur d’un parc arboré – entourée des équipements (écoles et périscolaire, terrains sportifs, commerces). Il est surtout traversé par trois routes départementales, notamment utilisées par des engins agricoles.
Du projet étudiant au projet municipal
En 2015, des étudiants de l’école d’architecture de Rennes cherchent un sujet d’étude de 4ème année. La commune accepte d’en être le support et les accueillent sur des périodes de 2 à 3 jours. Des projets émergent et sont proposés au Conseil municipal. Si certains sont trop farfelus, trop chers ou pas adaptés aux besoins et aux envies de la commune, d’autres retiennent l’attention des élus :
- Déménager les services techniques dont le bâtiment vieillot « jure » dans le bourg ;
- Créer une percée entre la mairie et la place pour imaginer un espace sans voiture ;
- Aménager une ancienne ferme qui pourrait accueillir une activité agricole couplée à des activités pédagogiques et solidaires.
Plusieurs éléments proposés par les étudiants ont alimenté le programme des élections 2020 et l’un d’eux devient la base du projet de mandat, organisé en deux parties : « le bourg relié » et « l’agribourg ». Ce dernier vise à préserver une activité agricole de type maraîchage sur environ 2,5 ha, pouvant alimenter un point de vente directe et être un support d’activités pédagogiques et associatives. Ambitieux, il est actuellement freiné par des difficultés d’acquisitions foncières. En attendant, la commune poursuit son projet sur le premier volet.
Notre bourg, distingué par sa grande place mais aussi par l’économie agricole qui la traverse, est relativement atypique. Nous nous sommes appuyés sur ces caractéristiques pour lancer nos réflexions sur cet aménagement.
Loïc Raoult, maire
Une méthode de concertation novatrice
Conscient que travailler l’organisation du centre-bourg impactera les habitants, les commerçants et les agriculteurs, l’équipe municipale envisage dès le départ que le projet se construira en concertation avec ceux-ci. Cherchant une méthode de concertation adaptée au projet, le maire et son équipe se forment à différentes approches, se mobilisant plusieurs samedis pour travailler sur la stratégie de communication, la gestion de groupe et une réflexion plus large sur les principes de concertation.
Ils s’appuient notamment sur la théorie des parties prenantes, qui part du principe que « si tous les avis créent de la richesse, tous n’ont pas la même valeur dans la concertation » ; il convient alors de ne pas mobiliser tous les acteurs à la même hauteur. En bref, les personnes ont été classées selon deux catégories : celles qui relèvent de la concertation et dont il faut obtenir l’accord au projet et celles qui sont à consulter pour avis.
Nous avons souhaité initier une méthode de concertation inédite, en nous appuyant sur la théorie des parties prenantes. Ce dossier de réaménagement du bourg est important pour tout le monde, mais plus encore si on est commerçant, riverain immédiat ou agriculteur qui le traverse.
Loïc Raoult
La conception du projet
Avant de concerter les acteurs du centre-bourg, l’équipe municipale détermine les objectifs du bourg relié :
- Reconnecter les habitants à la place principale ;
- Apaiser la circulation et redonner la place aux piétons ;
- Créer une vraie place centrale, espace de vie et d’animation ;
- Accéder aux commerces/attractivité du centre bourg ;
- Mettre en valeur l’identité rurale de Plourhan.
Accompagnée par le service ingénierie de Saint-Brieuc Armor Agglomération qui porte la mission d’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO), elle élabore trois scénarii disposant de critères non-négociables et d’autres soumis à la discussion. Très vite, le scénario d’un contournement total du bourg par une déviation est écarté, essentiellement pour cause de surcoût mais aussi par la crainte des commerçants de ne plus voir les habitants traverser le bourg et passer devant leurs boutiques.
Le scénario retenu est le fruit des échanges avec les parties prenantes : il préconise une réduction de la largeur des voies et la mise en sens unique pour certaines, la constitution d’une grande place arborée, d’une voie piétonne reliant le parc de la mairie à la place commerciale, d’un parking déporté directement lié à la place par un porche piéton (voir zoom). Les nombreux espaces de stationnement crées en entrée de bourg permettront d’apaiser la circulation en favorisant les déplacements piétons en centre-bourg.
Une « maison du projet » est ensuite installée dans un local commercial vide. Des permanences le samedi matin et le mardi soir permettent aux habitants de venir consulter et commenter les documents produits. Elles font office d’enquête publique.
Zoom sur :
- le porche du cabinet infirmier : déjà existant, il appartient à la commune et permet de rejoindre une courette. L’acquisition de la parcelle arrière permet de créer un espace de stationnement. Le porche est une astucieuse et rapide façon de relier à pied la place centrale. Les véhicules peuvent rejoindre le parking via des accès situées aux entrées nord et ouest du bourg sur les RD51 et 21
- la modélisation 3D : pour permettre aux habitants et commerçants de mieux se rendre compte du rendu final, la commune fait produire une modélisation 3D du projet. https://www.youtube.com/watch?v=7LV0mdgvMXY
La vie dans le bourg pendant les travaux
La commune confie le chantier à l’entreprise Eurovia, laquelle s’entoure d’entreprises spécialisées dans le revêtement perméable et les dalles enherbées, etc. Les travaux sont imaginés en sept phases qui courent sur l’année 2024 et début 2025.
Le suivi du chantier hebdomadaire est assuré par le service de l’agglomération et les élus (maire, premier adjoint et adjoint aux travaux). Chaque semaine, le bourg voit sa configuration évoluer, déroutant parfois pour les passants. Ainsi, pour les tenir informés sur les ajustements de circulation, la commune utilise l’application Illiwap et son compte Facebook qui annonce toutes les semaines le plan de circulation prévu pour la semaine suivante.
Le résultat
La finalisation du projet est en cours et semble apporter satisfaction. Des ajustements ont déjà été apportés sur le stationnement de la boulangerie dont l’enrobé poreux supporte mal les manœuvres des véhicules.
La végétalisation est en cours et sera traitée avec soin, notamment par le choix des essences : « Des arbres et des plantes choisis pour leur rusticité et leur harmonie de couleurs. Cette diversité créera des espaces chaleureux et colorés, reflétant le caractère de la cité » (bulletin municipal de janvier 2025).
L’organisation d’un marché de Noël 2024 a été l’occasion de tester une évolution possible et ambitieuse non retenue lors de la concertation : rendre la place et la rue qui la longe aux piétons (une deuxième rue permet encore de traverser le bourg). La réaction des commerçants montre qu’il faut encore les rassurer mais que cela est possible.
La réduction de la vitesse n’est pas aussi effective d’escompté. Des feux intelligents (passant au rouge lorsque qu’un véhicule arrive trop vite) pourraient être installés pour réduire la vitesse des véhicules pénétrant dans le bourg. Une communication sur les règles de la zone de rencontre avec priorité aux piétons puis aux vélos limitée à 20km/h est à envisager dans les publications de la commune (bulletin municipal, réseaux sociaux).
Enfin, ce projet a permis de fédérer l’équipe municipale notamment dans le cadre de la formation auprès des « parties prenantes ». D’ailleurs, cette formation leur sert encore aujourd’hui dans la mise en œuvre d’autres projets, à l’instar de la future voie verte qui reliera Plourhan à Saint Quay Portrieux.
Les coûts
Dépenses
Il s’agit d’un projet ambitieux dont les dépenses s’élèvent à 2 153 750 € comprenant :
- Etudes : 48 K€
- AMO : 152 K€
- Acquisitions : 83 K€
- Travaux : 1,871 M€
Recettes
- FNADT (Etat) : 100 K€
- DETR 20, 22, 24 : 406 K€
- Région (Bien Vivre) : 185 K€
- Département (Contrat de Territoire) : 125 K€
- Attente d’une subvention supplémentaire de l’Etat 105 K€
- Récupération TVA 300 K€
- Autofinancement (prêt) : 1 M€
Contact
Loïc Raoult, maire : mairie@plourhan.fr , 02 96 71 94 34
Rédigé en février 2025