Lauzach (56) : la renaturation de l’étang, un long processus qui nécessite concertation et dialogue

Infos pratiques

Adhérent depuis 2008
Maire : Patrice Le Penhuizic
Adresse : 10, rue abbé Noury, 56190 Lauzach
Téléphone : 02 97 67 05 00
Nbre d’habitants : 1227
Superficie : 10 km²
Intercommunalité : Questembert Communauté
www.questembert-communaute.fr/communes/lauzach
Contact BRUDED : Anne-Laure Marchal

Autres expériences de Lauzach

La commune a dû gérer un problème de plantes aquatiques invasives dans l’étang communal. Après réflexions, échanges avec les experts du sujet et en concertation avec les habitants, la commune a choisi d’effacer l’étang et de redonner sa place au cours d’eau tout en préservant un espace de loisirs et de balade pour les habitants.

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Un étang envahi et qui pose problème

L’étang communal est situé à l’entrée principale du bourg et donne tout de suite un cachet à l’entrée de Lauzach le long de la route départementale. C’est un espace animé par une association de pêcheurs et un lieu propice à la promenade bien connu et apprécié des Lauzachois. Cependant, la présence de l’égérie dense (Egeria densa), plante invasive, est constatée en 2018. Les élus et les membres de l’association de pêche s’en inquiètent : des chantiers d’arrachage entre élus et bénévoles sont organisés en 2019/2020 mais sans succès. Après plusieurs années, l’égérie prolifère et finit par occuper quasiment toute la surface de l’étang. Outre les impacts sur la biodiversité, l’égérie dense crée des nuisances sur les activités de loisirs notamment la pratique de la pêche qui devient presque impossible avec la densité de végétation.

En 2021, les élus sollicitent alors des techniciens spécialisés et la DDTM. Le bureau de l’association de pêcheurs est invité à participer à chaque étape. Il est suggéré de vider l’étang pour tuer la plante et s’assurer qu’elle ne reviendra pas. Cette vidange induit d’entrer dans un processus réglementaire qui a un coût non négligeable.

Au-delà de la plante invasive, les élus ont conscience des objectifs des lois sur le bon état écologique de l’eau et des continuités écologiques. D’autres espèces introduites potentiellement envahissantes considérées comme « nuisibles » sont aussi présents dans l’étang : les écrevisses américaines et les ragondins… Les élus entendent le point de vue des techniciens qui témoignent : « On peut considérer l’étang comme un être vivant. Souvent, on pense qu’il a toujours été là, mais il n’a que trente ans et aujourd’hui il n’est pas en bonne santé, il va continuer à se dégrader ». Après ces constats, les élus choisissent de lancer une étude plus poussée avec différents scénarios.

Une étude pour étudier les différentes solutions

En 2021, le cabinet ICEO est recruté pour mener l’étude qui définit trois scénarios portant sur les aspects techniques, financiers, réglementaires et environnementaux :

  1. L’effacement total de l’étang : avec une vidange et le ruisseau qui recircule dans son lit originel
  2. Le maintien de l’étang avec une vidange pour supprimer la plante invasive (avec un coût important car l’exutoire est à réaménager et sans garantir un bon fonctionnement futur)
  3. Un mélange des deux premiers scénarios avec le ruisseau qui retrouve sa continuité et un plus petit étang à côté

Ce dernier scénario est jugé bancal techniquement et ne permet de garantir la suppression de la plante invasive.

Le premier scénario d’effacement et de renaturation écologique est finalement choisi et voté en avril 2022. Ce scénario, redonnant une continuité écologique au cours d’eau et réhabilitant la zone humide est aussi celui qui est le mieux soutenu financièrement par l’Agence de l’eau. Pour les élus, l’enjeu autour de cet espace en entrée de bourg apprécié des Lauzachois, est de maintenir un espace naturel de qualité aussi pour les loisirs et la promenade. La commune recrute le cabinet d’architecte-paysagiste Artopia pour proposer un projet d’aménagement prenant en compte ces objectifs.

Une acceptation difficile des habitants : expliquer et dialoguer

Une réunion publique est organisée avec Artopia qui présente les scénarios d’aménagement avec cette question : dites-nous ce que vous voulez ? Les habitants présents découvrent le projet et posent beaucoup de questions pour comprendre pourquoi la commune veut supprimer l’étang avant de discuter de scénarios d’aménagement paysager. Quand le scénario d’effacement a été choisi, l’association de pêche a commencé à se mobiliser car ils n’étaient pas satisfaits de voir l’étang disparaître avec son activité de pêche. Des habitants se mobilisent contre le projet et lancent même une pétition… Des commentaires sur les réseaux sociaux circulent.

L’erreur qu’on a fait c’est de ne pas avoir expliqué en amont le projet. De notre côté en tant qu’élu, on avait déjà cheminé depuis plusieurs mois dans notre réflexion notamment autour des enjeux et objectifs de maintenir la qualité de l’eau.

Patrice Le Penhuizic, maire.

L’attachement à l’endroit est fort car l’étang est un espace de loisirs apprécié. Situé en entrée de bourg, l’étang figure un peu comme la vitrine de la commune. Les pêcheurs qui se sont beaucoup investis pour la pêche sur l’étang, acceptent difficilement de le voir disparaître.

Nous étions bien conscients de l’attachement des habitants à l’étang. On comprenait les interrogations et la colère. Nous aurions eu mille raisons de baisser les bras, mais nous avons une solidarité forte au sein du conseil et nous pensons que si on explique bien les choses, elles peuvent être comprises.

Patrice Le Penhuizic, maire.

Après plusieurs mois assez difficiles, une réunion est organisée en mairie avec les habitants mobilisés, le bureau d’études ICEO et la Fédération de pêche du Morbihan. Elle a pour but de mieux faire comprendre le projet. Peu à peu la polémique se dégonfle et le projet est aujourd’hui plutôt bien compris et accepté. D’autres communes se sont engagées dans ce type de projets : cela a grandement rassuré les élus.

Calendrier et budget

En mai 2024, la fin de l’instruction réglementaire est attendue. La maîtrise d’œuvre des travaux sera faite par ICEO, cabinet qui a réalisé l’étude préalable. L’objectif est ainsi de vidanger l’étang au printemps 2025 pour espérer la disparition de l’égérie dense au bout d’une année. Ensuite, une fois la vase minéralisée, les travaux d’aménagement paysager pourront commencer.

Études : 38,6 K€ TTC dont étude des scénarios possibles + dossier loi sur l’eau (20K€), étude paysagère (12 K€), étude faune/flore (6,6 K€)

MOE Travaux : 45 K€ € TTC

Travaux et suivi faune/flore : estimé à 300 K€ TTC

Le projet est très bien soutenu financièrement en particulier par l’Agence de l’eau et le Département.

Cinq ans se seront écoulées entre le début de la réflexion et l’aboutissement du projet. C’est le temps nécessaire de la réflexion, la formation et la concertation pour aboutir au choix final respectant les normes réglementaires et la finalisation des travaux.

 

Article rédigé en mai 2024

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