Le pôle élémentaire de Saint-Mars-du-Désert (44) : allier matériaux bio-sourcés et sobriété
Thématique(s): Matériaux écologiques et locaux - Écoles et périscolaire - Équipements publics
Infos pratiques
Adhérent : non
Maire : Barbara Nourry
Adresse : 1 Rue de la Mairie, 44850 Saint-Mars-du-Désert, France
Téléphone : 02 40 77 44 09
Nbre d’habitants : 5 382
Superficie : 30,46 km²
saintmarsdudesert.fr
Contact BRUDED : Anne-Laure Marchal
Autres expériences de Saint-Mars-du-Désert
Au démarrage du projet, la collectivité fait le choix d’une reconstruction en poussant loin les curseurs de l’éco-construction. Malgré une forte hausse des coûts en pleine période COVID, les élu·es, main dans la main avec l’équipe de maitrise d’œuvre, ont su garder le cap de la qualité constructive et du confort d’usage.
Saint-Mars-du-Désert est une commune ligérienne de 5380 habitants, située sur la communauté de communes Erdre et Gesvres. En début de mandat 2020-2026, les élus entament un projet de territoire intitulé « démarche climat 2050 » avec pour objectif d’orienter les actions et les projets des mandats à venir vers la diminution de l’empreinte carbone de la collectivité et l’adaptation au changement climatique. Les élus se font accompagner du cabinet nantais Wigwam qui assure la fonction d’AMO.
Rénovation ou reconstruction ?
Le projet global doit intégrer plusieurs actions prioritaires dont la rénovation de l’école élémentaire publique. Ses quarante années d’existence ne lui permettent plus de répondre aux normes sanitaires, de confort et de sécurité actuelles et ses murs sont devenus trop étroits pour accueillir toujours plus de petits marsiens. Une transformation s’impose ! Le projet est passé au crible de la moulinette d’une conception durable et sobre. Pour les élus se pose la question cruciale : rénovation ou reconstruction ? « Le réemploi est toujours gagnant sur l’empreinte carbone face à la construction » assure Marika Frenette, gérante du cabinet Wigwam. « Notre équipe a longuement été tiraillée par ce dilemme », témoigne Barbara Nourry, maire de Saint-Mars-du-Désert. « Nous avons finalement opté pour la reconstruction considérant que le nouvel emplacement faciliterait la vie des enfants et de toute la communauté éducative en regroupant plusieurs fonctions sur un même lieu : l’école, le périscolaire et la restaurant scolaire. » L’école comptera douze classes, soit trois de plus que l’existant, pour accueillir de 300 à 325 élèves.
Construire oui, mais bien
On a mis tout le monde autour de la table, enseignants, parents d’élèves, élus, personnels scolaires, pour définir nos besoins et nos objectifs en mettant le bien-être des enfants au centre du projet.
Barbara Nourry, maire de Saint-Mars-du-Désert
La reconstruction dans une zone proche des équipements sportifs est actée. L’école sera ouverte sur la nature et les équipements sportifs de la commune. Le projet sera soumis à la RE 2020, un garde-fou qui assure aux élus que le projet répondra à des exigences de bonnes performances thermiques, sans toutefois pré-définir un mode constructif. Si le cycle des matériaux est pris en compte par la nouvelle norme, rien n’oblige à recourir aux matériaux biosourcés. Les élus souhaitent aller plus loin que la RE2020 sur ce point et rédigent un programme en ce sens. Le concours d’architecte pour un marché initial de 5 millions d’euros HT de travaux est lancé. L’anonymat est requis, et Wigwam rejoint l’équipe des architectes de PADW. Les exigences environnementales et le confort d’usage du projet séduisent les élus, la proposition de PADW est retenue.
Un projet bas carbone
Le projet porte sur la reconstruction du Pôle Elémentaire Georges Sand et la mutualisation des locaux avec l’accueil périscolaire complété d’un pôle restauration. Trois principes ont guidé la conception de ce bâtiment. Le premier, la valeur d’usage car « l’école est un lieu qui rassemble, stimule et enthousiasme. C’est un écosystème où s’éveillent les caractères, où grandissent les corps, où se développent les sens » (PADW). La réflexion a porté sur l’intensification et la diversification des usages par la mutualisation des locaux. Le second, la valeur technique en cherchant à proposer « une conception simple, robuste et fiable » (PADW) avec des choix techniques « hybrides » (matériaux, énergie…) dans une recherche de performance énergétique, de confort et de maîtrise des coûts. Le troisième, la valeur de la matière première au regard de la disponibilité des ressources locales dans une logique d’économie circulaire (agro-matériaux, terre, réemploi…).
Les architectes proposent un projet en suivant les éléments d’éco-conception suivants :
- La mutualisation des espaces pour maximiser leur usage
- La limitation des déplacements voitures : plus de place aux piétons, et vélos
- L’école comme projet pédagogique où une communauté d’enfants embarque une communauté de parents, sur d’autres projets potentiels : déplacements doux, rénovation ou construction écologique personnel.
- Le recours aux matériaux bio-sourcés : structure mixte bois/béton, menuiseries extérieures mixtes bois/aluminium, des façades en ossature bois, isolation laine de bois et bardage bois sur une grande partie du projet
- Une grande performance énergétique avec une étanchéité à l’air maitrisée, une ventilation double-flux et un système de chauffage au bois mutualisé avec la salle de sport voisine
Aléas et solutions trouvées, quand le contexte économique oblige à la sobriété
Avec la montée des coûts, on a retravaillé le projet pour aller encore plus loin dans la mutualisation des espaces et économiser des m².
Morgane Capet, co-gérante de PADW architectes.
« Suite à la forte hausse des coûts des matériaux en 2021 et 2022, nous avons dû revoir et optimiser le projet tant en termes de surfaces que de choix/quantités de matériaux » indique Morgane Capet, qui précise les éléments retravaillés en phase APD :
- Salles de classes mutualisées pour le périscolaire
- 200m² économisés > 1768 m² de Surface Utile aujourd’hui contre 1968m² avant modification (pour 3000 euros HT/m²SU environ soit 600 000 euros HT d’économie)
- Préau refermable pour une extension possible
- La suppression des cloisons en torchis entre les salles de cours et des matériaux de réemploi initialement prévus
« Avec 6,1 millions sur un budget d’investissement annuel d’environ 8,7 millions d’euros, le pôle scolaire c’est le projet du mandat ! Nous avions une responsabilité vis-à-vis des habitants sur ce projet très attendu et nous avons décidé de le maintenir malgré la hausse des coûts. Nous avons retravaillé le programme sans baisser la qualité du projet » témoigne Madame Nourry. « Finalement, nous avons eu une bonne surprise au moment de l’ouverture des plis, beaucoup de projet ont été abandonnés suite à la hausse des coûts, et les entreprises se retrouvaient en demande de chantier. »
La poursuite du projet doit à la solidarité entre la maitrise d’ouvrage et la maitrise d’œuvre. Les architectes ont dû reprendre totalement la conception, et nous avons suivi sur les honoraires et un allongement du délai d’études.
Frédéric Geffriaud, élu de Saint-Mars-du-Désert, membre du comité de pilotage
Plus de matière grise pour plus de sobriété
Les études carbone menées en amont de la hausse des coûts ont permis à l’équipe d’arbitrer en connaissance en optant pour la sobriété et moins de matière. Par exemple, des clôtures ont été supprimées en revoyant l’implantation du bâtiment pour que les murs fassent clôtures « naturelles ». La domotique prévue pour assurer l’ouverture et la fermeture des fenêtre qui assurent la ventilation naturelle du bâtiment pour rafraichir les salles de classe en été a été supprimée. « Les agents seront formés au bon usage du bâtiment » indique Morgane Capet. Moins de matériels high tech c’est aussi moins de maintenance et moins de coût pour la collectivité. Si la démarche de réemploi n’a finalement pas été mise en œuvre dans les matériaux, les élus, les agents techniques et le corps enseignant réfléchissent actuellement sur les modalités d’intégration du réemploi dans les marchés pour l’acquisition et/ou la revalorisation du mobilier scolaire.
Clés de réussite et conseils aux collectivités
Oliver Derrien, directeur des services techniques et Jordy Maurice, conducteur de travaux au sein de PADW témoignent de l’importance de rencontrer les entreprises en amont du chantier :« Nous conseillons aux autres collectivités de réaliser des temps d’audition en phase négociation, comme pour le recrutement de l’architecte, de manière à s’assurer que les entreprises ont bien compris le projet, qu’on est sur la même longueur d’onde » témoignent-ils tous deux. Cela permet aussi de prendre en compte leurs propositions techniques pour optimiser les coûts. « Nous sommes par exemple passés de trois à deux chaudières bois en nous appuyant sur l’expertise de l’entreprise retenue » concluent-ils.
Auditionner les entreprises, c’est beaucoup de temps passé à la lecture des offres et négociations mais ce sont des économies de réalisées et du temps de gagné sur le chantier.
Oliver Derrien, directeur des services techniques et Jordy Maurice, conducteur de travaux au sein de PADW
Le chantier est encore en cours, la réception du projet est prévu pour décembre 2024.
Les coûts
- Coût travaux : 5 469 000€ HT
- Coût honoraire : 686 650 euros HT (dont 68 600 € HT d’avenant en phase APD suite à la réadaptation globale du programme liée à la hausse des coûts après COVID)
- Total : 6 155 650 €
- Surface Utile projet : 1768m² (hors 541.91m² de circulation et 162.51m² de locaux techniques)
Contact
Mairie de Saint-Mars-du-Désert / mairie@saintmarsdudesert.fr / 02 40 77 44 09
Rédaction en octobre 2024