Mordelles (35) : murs en terre porteurs, paille, … et démarche globale pour le nouveau groupe scolaire

Une école vétuste

Dès 2019, la municipalité fait le constat de l’école existante, datant des années 70, devenue inadaptée. « Nous nous sommes posés la question d’une rénovation mais le système constructif a mal vieilli (les charpentes bougent, les voiles bétons éclatent…), le bâtiment contient de l’amiante et n’est pas modulable » expliquaient les élus et les services à l’époque. Ils  indiquaient par ailleurs que deux classes avaient été ouvertes dans des constructions modulaires en 2018  et que le restaurant scolaire, situé dans l’autre école, était trop petit.  La construction d’une nouvelle école a également pour objectif « le rapprochement du développement de l’urbanisation situé à l’est de la ville et la connexion de ce nouveau quartier avec le centre-bourg ».

“L’école existante qui datait des années 70 s’avérait trop petite et très problématique pour envisager une rénovation : vétuste, énergivore et amiantée. Nous avons fait le calcul des émissions de CO2 entre une rénovation et une construction neuve et porté notre choix sur la construction neuve”.

“Nous souhaitions par ailleurs pousser plus loin les curseurs d’approvisionnement locaux de notre restauration collective, ce que nous permettait notre outil actuel” Thierry Le Bihan, maire de Mordelles

Une phase de programmation pour préciser les objectifs

Après des visites de réalisations d’autres communes avec BRUDED (Bouvron, Saint-Ganton…), les élus décident de lancer début 2020 une étude de programmation qu’ils confient au bureau d’étude Préprogram. Un certain nombre de choix sont confortés dont celui de mener le projet dans une démarche globale et notamment :

• apporter un soin particulier à la requalification des espaces publics à proximité du groupe scolaire en intégrant la problématique du stationnement et de la circulation des piétons, des cyclistes et des véhicules,
• intégrer des dispositifs de gestion des eaux pluviales,
• concevoir un bâtiment pour le bien-être de ses occupants, en tenant compte de la qualité de l’air, la santé publique, les performances acoustiques des espaces, la qualité du confort thermique en toute saison, le confort visuel, la sécurité,
• privilégier la recherche des matériaux naturels, biosourcés, sains et upcyclables, dans une démarche d’économie circulaire
• être conçu dans l’intention de minimiser les dépenses énergétiques en ciblant du passif voire en visant un bâtiment à énergie positive, en favorisant les apports d’éclairage naturel,
• aboutir à des lieux s’adaptant à la variété des activités pédagogiques  : modularité, souplesse, complémentarité, évolutivité
• Privilégier les équipements techniques ayant des coûts de maintenance faibles et facilement appropriables par les usagers
• Mettre en œuvre des clauses d’insertion sociale dans les marchés de travaux  et des chantiers participatifs

Une conception globale

La conception a été confiée au Cabinet Tracks architecture (cf présentation). Le projet a été lauréat de l’AMI construction neuve de la Fédération bretonne des matériaux biosourcés, ce qui a permis un accompagnement spécifique des filières impliquées (collectif des terreux armoricains, collectif paille armoricain, Fibois).

En  terme de matériaux biosourcés et géosourcés, le projet s’avère particulièrement novateur notamment sur deux points

• la construction en terre porteuse : mis à part le projet expérimental de Saint-Juvat réalisé avec l’ENSAB pour sa maison des maitres, c’est le premier projet d’ERP en terre porteuse dont nous avons connaissance au sein du réseau BRUDED et même en Bretagne
• l’envergure de la quantité de matériaux biosourcés utilisés : cela a necessité une organisation spécifique de la filière terre avec pas moins de 4 entreprises intervenantes, coordonnée par l’une d’entre elle

“Lors de l’association des enseignants sur l’organisation de l’école, leur principale revendication était que chaque classe puisse accéder directement à la cour. Nous avons respecté ce souhait et fait par ailleurs le choix de fortement végétaliser les espaces ”

“Un des enjeux était également de penser les accès. Le nouvel équipement s’inscrit dans une trame bocagère qui permet de relier facilement les secteurs d’habitation à pied”

“Du point de vue des objectifs nous nous sommes attachés à porter une exemplarité environnementale, en se plaçant dans une démarche d’économie circulaire, en privilégiant une approche bioclimatique et en faisant le choix de matériaux biosourcés” – Thierry Le Bihan – Maire de Mordelles

Un travail spécifique avec le bureau de contrôle

Compte-tenu qu’une partie du bâtiment est construit en bauge porteuse, considérée comme une technique non courante, un travail spécifique a été mené avec le Bureau de contrôle (Apave). Cela est passé par :

• un cahier des charges spécifique pour le recrutement du Bureau de contrôle, l’informant du souhait de la maitrise d’ouvrage de construire en terre porteuse
• un entretien des bureaux de contrôles postulant, afin de bien clarifier les missions demandées et de s’assurer des moyens mis en oeuvre pour accompagner le projet
• des va-et-vient entre la Maitrise d’oeuvre de conception, et notamment le bureau d’étude structure (TCE ingénierie), pour fournir les calculs et preuves techniques que la solution de conception proposée s’avère sûre et solide, notamment vis à vis des contraintes sismique

Quelques chiffres :

• 469 tonnes de terre valorisées
• 522 m² de murs en bauge
• 317 m² d’enduits terre
• 180 m² de torchis
• 454 m² d’isolation terre paille

La livraison est prévue en juin 2025 pour une ouverture en septembre 2025