Objectif : réduire de 80% les consommations énergétiques du centre culturel du Mené (22)

Un bâtiment énergivore

En 2020, une analyse – réalisée en interne – des consommations énergétiques du bâtiment révèle qu’il coûte 20 000 € d’électricité par an (environ 140 MWh) tandis que ses utilisateurs alertent sur l’inconfort thermique ressenti notamment dans la grande salle. Les élus décident donc d’engager de travaux de rénovation dans la perspective de réduire les coûts d’exploitation liés à ces consommations énergétiques.

Deux autres objectifs sont également recherchés :

• Se rapprocher de l’autonomie énergétique : le projet doit permettre non seulement de diminuer la consommation énergétique du bâtiment mais également de produire une partie de l’énergie résiduelle nécessaire via une installation photovoltaïque en autoconsommation collective.
• Servir de démonstrateur local auprès des utilisateurs de la salle et des habitants en général. Elle aura une fonction pédagogique autour de la production solaire photovoltaïque, en particulier sur la spécificité de l’autoconsommation collective par rapport à la revente totale.

Initialement, le bâtiment de 815m2 était exclusivement chauffé à l’électricité, via une pompe à chaleur à l’efficacité énergétique faible, un plancher chauffant électrique énergivore et des convecteurs électriques pour certains locaux spécifiques (zone de service et loge). En parallèle, le bâti faisait état de déperditions thermiques importantes.

Un audit énergétique et des financements

En 2021, la commune fait appel au BE énergétique Abaque Ingénierie qui réalise un audit énergétique et propose un estimatif des travaux nécessaires. La crise énergétique et l’inflation des coûts des matériaux post-COVID rendent rapidement obsolète le coût estimatif des travaux et les financements actés par l’Union Européenne via le FEDER – dédiés à la rénovation des bâtiments culturels – se révèlent insuffisants.

L’opportunité de bénéficier du Fonds Vert sera un vrai levier sans lequel le projet n’aurait peut-être pas vu le jour. Au final, près 80% du projet d’environ 900 000 € sont subventionnés.

Abaque Ingénierie propose alors quatre scénarii dont le plus ambitieux est retenu. Il propose un objectif théorique de réduction des consommations énergétiques de -82% et de -75% pour les émissions de gaz à effet de serre. Il comprend :

• L’isolation des toitures ;
• L’isolation des murs par l’extérieur ;
• Le remplacement des menuiseries ;
• Le remplacement de la pompe à chaleur par une nouvelle dotée d’une récupération d’énergie ;
• L’installation d’un multi-split dans les pièces annexes et la salle d’activité ;
• Le relamping LED ;
• L’installation de panneaux photovoltaïques en autoconsommation.

Zoom sur l’installation photovoltaïque en autoconsommation collective

141 m2 de panneaux photovoltaïques sont installés sur la toiture du centre culturel pour une puissance de 29 kWc. Ils produiront 31 MWh annuellement. Au-delà de la recherche d’une autonomie énergétique, leur installation a été motivée par l’objectif de réduction de 75% d’émission de gaz à effet de serre.

Le bâtiment étant initialement chauffé intégralement par de l’énergie électrique peu carbonée, il n’était pas possible de jouer sur un changement d’énergie pour diminuer les émissions. Il a fallu diminuer les consommations au maximum et compléter par de la production solaire.

Florian Grass, ingénieur autonomie énergétique du Mené

Mis en service en mai 2024, ils vont alimenter le centre culturel mais aussi d’autres bâtiments publics situés sur les différentes communes déléguées. Ces derniers ont été identifiés en fonction de leur profil de consommation électrique : consommations élevées en journée. Il s’agit de :

• la mairie principale, situé à Collinée
• le groupe scolaire de Collinée
• le groupe scolaire de Plessala
• le gymnase de Plessala
• la salle des fêtes de Saint Gouéno
• l’école de Saint Jacut de Mené
• la mairie délégué de Saint Gilles du Mené
• la salle des fêtes de Le Gouray

En raison de sa très faible densité démographique, la commune bénéficie d’une dérogation lui permettant d’étendre à 20 km (au lieu de 2 km) la distance maximale entre les bâtiments concernés par l’opération. Ici les bâtiments les plus éloignés du lieu de production sont à une dizaine de kilomètres (Plessala). La production alimente le centre culturel en priorité puis transite par le réseau Enedis pour alimenter les autres bâtiments. Malgré le transit par le réseau, il s’agit bien d’autoconsommation collective. Le surplus éventuel sera revendu.

Des résultats probants

L’équipement est récent et il est encore difficile de mesurer exactement les économies. On peut déjà évaluer que les consommations énergétiques en janvier, février et mars 2024 sont réduite de 65 % par rapport à 2022. Ces données ont été ajustées pour tenir compte de la rigueur climatique. Les -80% escomptés devraient être atteints avec la mise en service de l’installation photovoltaïque.

Un pilotage est nécessaire pour assurer le suivi et optimiser la gestion de l’autoconsommation collective. La société EnoGrid propose une application qui quantifiera l’énergie produite par les panneaux et permettra sa répartition vers les différents sites consommateurs.

Budget

Dépenses totales : 895 220 € TTC

• Travaux : 811 389 € TTC
• Maîtrise d’œuvre : 70 390 € TTC
• Études : 13 441 € TTC

Financements : 712 677 €

• FEDER : 471 326 €
• Fonds Vert : 241 351 €
• Le reste à charge en autofinancement par la commune

Contact

Florian Grass, Ingénieur Autonomie Énergétique, florian.grass@mene.fr

Rédigé en mai 2024