Plérin (22) cherche à créer une régie maraîchère
Thématique(s): Agriculture et restauration collective - Cantines en bio et local
Infos pratiques
Adhérent : 2020 (et de 2011 à 2017)
Maire : Ronan Kerdraon
Téléphone : 02 96 79 82 00
Nbre d’habitants : 15 189
Superficie : 27 km²
Intercommunalité : Saint-Brieuc Armor Agglomération
www.ville-plerin.fr
Contact BRUDED : Cécile Jamoneau
Autres expériences de Plérin
La ville de Plérin s’attèle depuis plusieurs années à la question de l’approvisionnement en bio local au sein de sa restauration collective qui fournit 1300 à 1400 repas jour. Elle a obtenu en 2022 le Label Territoire Bio Engagé. Aujourd’hui, elle souhaite aller plus loin en produisant elle-même ses légumes grâce à la création d’une régie maraîchère municipale.
En 2009, la nouvelle équipe municipale s’associe au gestionnaire de la cuisine centrale – lui aussi tout juste arrivé en poste – afin de conforter le système de la cuisine centrale en régie (l’équipe précédente semblait tentée par le recours à un prestataire). Très vite, la commune se positionne sur un approvisionnement en produits bio locaux qui prend d’année en année une part de plus en plus importante jusqu’à atteindre 40% en 2021. L’objectif est de tendre au 100% d’ici la fin du mandat.
Au-delà de l’investissement humain et financier – notamment en termes de formation des agents et d’équipements adaptés aux ambitions – le plus dur a consisté à sécuriser cet approvisionnement, d’où la création en 2013 d’un groupement de commandes, utilisé aujourd’hui par quinze communes de l’agglomération de Saint Brieuc et piloté par la ville de Plérin.
Malgré ce groupement de commandes qui fonctionne bien, l’approvisionnement en légumes reste toujours un peu compliqué. « L’adéquation entre les besoins d’une cuisine centrale et l’organisation des producteurs qui doivent planifier à l’avance leurs cultures est parfois délicate » analyse Alain Rouault, gestionnaire de la cuisine centrale. « Pourtant, avec la conjoncture actuelle sur la baisse de la consommation de produits biologiques, la restauration collective reste un levier pour les producteurs bio. Ce sont des marchés sécurisés ; ainsi les collectivités participent activement au soutien des filières ».
Les motivations pour créer une régie maraîchère municipale
Les objectifs sont clairs : impulser une action publique volontariste, résoudre les difficultés d’approvisionnement en les sécurisant et privilégier la qualité et la saisonnalité des légumes ; sans oublier le volet pédagogique.
La régie maraîchère apparaît alors comme une forme intéressante pour atteindre ces objectifs. Les élus se sont donc inspirés de Mouans-Sartoux (06) jusqu’où ils se sont déplacés pour aller visiter la célèbre régie.
« Tout est possible et rien n’est encore défini : cela pourrait fonctionner avec les agents des espaces verts et un agent compétent en maraîchage biologique. Mais aussi pourquoi pas avec des saisonniers, des chantiers d’insertion sous convention… Nous ajusterons le format en fonction des réalités » précise Pascal Laporte, adjoint au développement durable.
Il faut rompre pourtant avec l’idée que produire les légumes en régie les rendront moins chers. Cependant, à l’heure de l’augmentation exponentielle des denrées, cela permet d’avoir une stabilité de prix.
«De plus, si nous voulons être autonome en légumes, on souhaitons néanmoins maintenir le groupement de commandes pour les autres produits et pour compléter le cas échéant » souligne Delphine Mesgouez, adjointe à la restauration collective. Les approvisionnements auront également toujours lieu via des grossistes mais Alain Rouault souhaite développer plus les circuits courts, notamment en viande où l’approvisionnement est d’autant plus fluide et adaptable lorsque la relation et l’achat sont directs avec les producteurs.
L’occasion de renforcer le volet pédagogique
Ce qui nous plaît également, c’est l’aspect transversal du projet : il concerne aussi bien les services éducation, urbanisme, espace verts. Tout le monde au sein de la collectivité peut être concerné.
Delphine Mesgouez, adjointe à la restauration collective
Le volet pédagogique, outre proposer des aliments de qualité et d’éveiller au goût, pourra se concrétiser notamment par un travail sur le gaspillage alimentaire, la végétalisation des cours d’école, avec l’implantation par exemple de petits fruits à grappiller. Et puis ce sera l’occasion d’intégrer de nouveaux légumes qu’on ne trouve pas nécessairement en approvisionnement classique : ail, céleri, fenouil … Enfin, la création d’un comité des usagers permettra d’intégrer les habitants.
Une recherche difficile et fastidieuse de foncier
A ce jour, le manque de foncier freine le projet. Idéalement, 2 à 3 hectares seraient nécessaires, proches du centre-ville pour être accessible notamment aux écoles. La ville a bien des terrains en bordure de la RN12 mais sa qualité agronomique est médiocre et il n’y a pas d’alimentation en eau. Elle dispose de nombreux terrains dont nous allons faire l’inventaire et leur trouver une destination.
La ville s’est naturellement rapprochée de la SAFER mais pour l’instant elle donne priorité aux agriculteurs (la régie n’installe pas un agriculteur). Selon Pascal Laporte, cela pourrait changer au vu de la chute importante de repreneurs. Le fait que ce soit une commune littorale rend également le projet compliqué, notamment quant à l’installation de serre ou le recours à de l’irrigation.
En fait, il faut être proche des agriculteurs pour être en veille, car cela se passe souvent « en off » avant d’apparaître dans les radars légaux. Il faut communiquer dessus, formellement et informellement. Il faut aussi repérer les parcelles peu ou plus exploitées, rencontrer les producteurs à la retraite.
Il faut être en veille constante et active.
Pascal Laporte
La contractualisation avec un maraîcher
Alors que la ville peine à trouver le foncier nécessaire, elle est sollicitée par un porteur de projet agricole qui recherchait des terres pour s’installer. Ce dernier réussit finalement à trouver des terres éparses à Plérin et sur les communes alentour, notamment avec le soutien du Conservatoire du Littoral, mais l’étincelle a eu lieu :
« La rencontre avec cet agriculteur est une occasion de pallier au projet de régie qui pour l’instant est freiné par le foncier, mais il permet d’engager la démarche», Pascal Laporte
C’est ainsi que l’idée d’une contractualisation associée à une planification légumière sur l’année éclot.
« Nous en sommes aux prémices de la contractualisation, d’autant plus de M. Wolff est lui aussi en phase d’installation mais nous cherchons dès à présent à évoluer ensemble pour que tout le monde ressorte gagnant de cette expérience » Pascal Laporte.
A ce jour, la planification n’est pas encore complétement calée. Alain Rouault connaît ses besoins en termes de quantités et de types de légumes tout au long de l’année. Un réel travail de planification viendrait mettre en adéquation les besoins de la cuisine centrale et la production du maraîcher. « Et en cas de surplus saisonnier, nous pourrions également prendre des stocks en chambre froide » propose le gestionnaire de la cuisine centrale. En effet, cette dernière peut facilement adapter une de ses chambres froides en cellule de refroidissement qui fera office de surgélateur. Cela permettrait en outre de proposer des légumes estivaux toute l’année. On peut également imaginer qu’en l’été, période creuse pour la cuisine mais faste pour la production légumière, les agents transforment les légumes frais puis les surgèlent pour plus tard.
Cette opportunité viendrait-elle remettre en cause le projet de régie maraichère ? Non, soutiennent les élus. Cela reste une envie forte mais c’est un projet de longue haleine, il va demander du temps et probablement évoluer. Qui sait, cet agriculteur pourrait peut-être devenir à terme l’agent de la régie ?
L’essentiel à ce jour est d’avoir démarré !
conclut Delphine Mesgouez
Liens utiles
Le groupement de commandes réunissant 17 communes de Saint-Brieuc Armor Agglomération (22)
Plérin obtient le Label Territoire Bio Engagé
Pour aller plus loin
La régie agricole de Mouans-Sartoux
Vannes (56) : une régie maraîchère pour approvisionner les crèches
Contacts
Delphine Mesgouez, adjointe à la restauration collective dmesgouez@ville-plerin.fr
Pascal Laporte, adjoint au développement durable plaporte@ville-plerin.fr
Rédigé en septembre 2022