Pleyber-Christ (29) : Une extension en structure bois et isolation en paille pour l’EHPAD
Infos pratiques
Adhérent 2009
Maire : Julien Kerguillec
Adresse : Square Anne de Bretagne, 29140 Pleyber-Christ
Téléphone : 02 98 78 41 67
Nbre d’habitants : 3179
Superficie : 45 km²
Intercommunalité : Pays de Morlaix
www.pleyber-christ.fr
Contact BRUDED : Maïwenn Magnier
Autres expériences de Pleyber-Christ
Alors que l’EPHAD atteignant les limites de sa capacité d’accueil en 2020 lors de la crise du Covid, les élus engagés dans de nombreux projets vertueux en matière de transition écologique, ont réalisé une extension en ossature bois et isolation paille.
Des locaux inadaptés
La résidence autonomie (EHPAD) de Ker Brug, située en sortie de bourg à un kilomètre du centre, est géré par le CCAS. Le bâtiment existant accueille 67 résidents encadrés par une équipe de 60 agents. Inauguré en 2004, il présentait en 2020 des espaces trop étroits, peu adaptés et manquant de modularité pour les résidents. Le souhait des élus, des bénévoles, de l’équipe et des familles était alors de repenser et augmenter les espaces.
Une AMO paille
La municipalité porte deux projets d’extension-rénovation en paille depuis le début du mandat pour l’EHPAD et la mairie. Les élus très engagés dans la transition écologique portent une forte volonté de promouvoir l’écoconstruction avec des matériaux biosourcés et locaux, comme ils l’ont déjà fait pour d’autres projets de bâti ou d’aménagement d’espaces publics. La paille, qui pouvait être produite localement est donc apparue comme une évidence ici.
Pour mener à bien ce projet d’extension et anticiper les modalités de mise en œuvre de la paille, les élus confie une mission d’assistance à maitrise d’ouvrage aux membres du Collectif paille armoricain. Il était entendu que le surcoût de 10% induit par le coût des matériaux et de leur mise en œuvre serait absorbé dans le temps grâce à la baisse des coûts de chauffage (isolation t et l’inertie thermique renforcées). Par ailleurs, une subvention « France relance » à l’issue de la période Covid de 2020/21 permettrait également d’absorber ce surcoût.
Former la paille
Avant même d’engager le recrutement d’une équipe d’architecte, il importait de prévoir l’approvisionnement du matériau paille. Souhaitant promouvoir un « vrai » circuit court, les élus et le collectif paille se tournent vers un agriculteur bio de la commune pour lui proposer de cultiver le blé nécessaire à la récolte de paille (ce qui n’empêche pas de valoriser la partie « graine » comestible). Pour cela, il fallait prévoir un calendrier adapté aux travaux. Le blé est alors semé, récolté et mis en bottes (avec une botteleuse qui respectant le cahier des charges de la construction paille) en 2021. Ces dernières sont stockées hors sol sur palettes et hors contact des murs (dans un hangar appartenant à la mairie) et mise en œuvre durant l’hiver 2023/2024.
D’une manière globale, on considère qu’il faut semer trois hectares de blé pour récolter neuf tonnes de paille et former six-cents bottes pour isoler un bâtiment de 100 m²
Morgan Le Goff, membre du collectif paille armoricain
Les membres du collectif paille ont coordonné l’ensemble de cette étape avec l’agriculteur, les élus et le constructeur d’ossature bois. « On a eu de la chance de trouver un agriculteur volontaire sur la commune ainsi que la botteleuse adaptée » précise Céline Bohers du collectif paille qui coordonnait cette étape.
Si on veut embarquer plus de constructeurs dans des projets ‘paille’, il va falloir que l’approvisionnement soit mieux structurée
Céline Bohers, membre du collectif paille armoricain
La récolte de la paille implique l’agriculteur mais aussi les habitants qui ont participé au chantier de bottelage.
C’était un moment très convivial : c’est aussi ça un chantier paille ! ça participe à l’acceptation du projet. C’est clairement une démarche militante de s‘approvisionner en paille et de surcroit, en ‘local’
Julien Kerguillec, maire
Conception du projet
La commune lance un appel d’offre en 2022 pour recruter l’équipe de maîtrise d’œuvre, en y intégrant l’exigence d’une extension en paille respectant ‘les régles professionnelles de la construction en paille’ et la RE 2020 . Amélie Loisel, du cabinet d’architectes Laab à Lannion (qui a réalisé le SEW à Morlaix) est sélectionnée. L’architecte implique les bénévoles et les agents de l’EPHAD qui y ont contribuent largement. Le permis de construire est déposé et validé début 2022.
L’extension de 120 m² comprend un espace animation (70 m²), une cuisine et une petite salle de 20 m² et un espace détente de 30 m². En parallèle, 75m² ont été rénovés comprenant la reconfiguration du salon télé (60 m²) et la création d’un salon de coiffure.
Le mobilier adapté aux résidents vient de l’entreprise Tover tafel, spécialisée dans les jeux numériques pour les problèmes cognitifs.
Bureau de contrôle
Validées en 2012, les « règles pro » permettent de considérer la construction en ossature bois-paille comme une technique courante de construction (ce n’est pas encore le cas pour des bâtiments en paille porteuse). De ce fait, elle ne pose pas de problématique particulière en matirère d’assurance ou de validation du bureau de contrôle. Le suivi effectué tout au long du projet par l’AMO/collectif paille, a permis de rassurer le bureau de contrôle sur le respect des règles pros.
Phasage
L’EHPAD étant utilisé en permanence par ses quelques 70 résidents et l’équipe d’encadrement, il a fallu phaser les temps de travaux qui se faisaient donc en « site occupé » :
- Phase 1 : protection des locaux existants pour préparer le chantier
- Phase 2 : construction de l’extension (salle d’activités et cuisine en ossature bois/paille), réception des travaux et mise en service
- Phase 3 : rénovation des parties existantes (salon TV, coiffure, espaces de vie/circulations repensés)
Les travaux
La commune choisit de travailler avec l’entreprise Motreff basée à Lannion (22). Les caissons sont montés et remplis avec la paille en entreprise et livrés ensuite sur site. La météo capricieuse début 2024 décale les travaux. Comme pour toute construction, l’ennemi est l’humidité : c’est particulièrement vrai pour la paille. L’hygrométrie des bottes est mesurée avant la pause : elle ne doit pas dépasser un taux de 20 % d’humidité. « En préfabriquation en atelier, on peut facilement changer des bottes de paille ; c’est moins vrai en chantier de paille porteuse » explique Gurval Motreff.
Les murs sont isolés avec la paille alors que les plafonds sont isolés avec de la ouate de cellulose (entreprise à Saint-Martin-des-Champs).
La réception des travaux est faite en février 2024.
Quelques difficultés
Si la réalisation finale est très réussie et les délais et coûts globalement respectés, on peut retenir quelques points de vigilance :
- les conditions météorologiques étaient assez mauvaises tant pour la récolte que la mise en œuvre de la paille ; la protection contre l’eau/infiltration/exposition à la pluie est un point primordial.
- Les rongeurs ont pu faire des nids dans la paille pendant la période de stockage / il importe de prévoir une marge suffisante pour palier cela.
- les périodes de phasage sont difficiles à organiser, notamment dû à l’occupation du site pendant le chantier
Budget
Le projet d’un coût total de 567 K€ (TTC) a été porté par la commune et remboursé par le CCAS, gestionnaire de l’établissement qui a contractualisé un emprunt pour cela.
Dépenses (TTC)
- AMO / collectif paille > 11,8 K€
- MOE (Amélie Loisel) > 38,5 K€
- Travaux > 497 K€
- Bureaux de contrôle > 12 K€
Recettes (TTC)
- France Relance > 148 K€
- Cons. Dépt 29 > nc
- Reste à charge (CCAS) >> nc
En savoir plus
Construction paille : réseau du territoire armoricain
Contact
Julien Kerguillec, maire – 02 98 78 41 67
Morgan Le Goff, membre du collectif paille armoricain – collectifpaillearmoricain@gmail.com
Céline Bohers, membre du collectif paille armoricain
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rédaction : juin 2024