Saint-Coulitz (29) : visite du chantier bois paille pour la construction de la salle polyvalente

Infos pratiques

Adhérent depuis 2014
Maire : Gilles Salaün
Adresse : Place François Mitterrand, 29150 Saint-Coulitz, France
Téléphone : 02 98 86 17 65
Nbre d’habitants : 442
Superficie : 11 km²
Intercommunalité : Pleyben-Châteaulin-Porzay
www.saint-coulitz.fr
Contact BRUDED : Maïwenn Magnier

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Lancé en 2021, le projet de salle polyvalente éco-construite prend forme aujourd’hui : le bâtiment en bois paille est en phase de construction. Aujourd’hui : le bâtiment en bois paille est en phase de construction.

Séduit par des visites de bâtiments éco-construits -terre, paille, bois (…) – et du ressenti de confort immédiat à l’intérieur, j’ai souhaité engager un projet de ce type pour la commune ; nous visons le fait que les surcoûts de construction répondant à ces critères écologiques, permettront de réduire considérablement les coûts de maintenance et de fonctionnement de celui-ci dans le temps : c’est notre pari

Gilles Salaün, maire

Cliquez ici pour en savoir plus sur cette expérience

Les élus souhaitaient offrir une salle des fêtes aux habitants qui réponde à leurs besoins et qui soit aussi une réussite sur le plan de la performance énergétique, écologique et économique sur le long terme. Séduits par des projets de bâtiments en matériaux biosourcés, ils ont choisi, dès le départ de lancer un projet « bio sourcé ». Les élus se sont fait accompagner par de nombreux partenaires tout au long du projet, dès sa programmation jusqu’à sa réalisation : le CAUE, Finistère ingénierie assistance (FIA), Energence, BRUDED… Lauréat à l’AMI lancé par le réseau [FB²] en 2021 sur les constructions neuves, les élus ont été accompagnés par Julie Poisson au départ. Ensuite, ils ont souhaité recruter une assistance à maitrise d’ouvrage spécifique paille qui les accompagnerait tout au long du projet. Le collectif paille armoricain travaille donc aux côtés des élus et de l’architecte – maître d’œuvre pour permettre au projet de respecter toutes les exigences de l’isolation paille. Ce bâtiment sera de surcroit quasiment passif.

Dans ce cadre, Morgan Le Goff, qui assure l’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO), a organisé une visite de chantier en janvier 2025 dans les locaux d’Eco-Bati Bois, l’entreprise basée à Saint-Renan qui fabrique actuellement les éléments de structure du bâtiment : murs et toits en caissons bois et paille (ou ouate de cellulose pour le toit).

Retour sur une visite instructive…

Étaient présent

Morgan le Goff assistance à maîtrise d’ouvrage du collectif paille armoricain, Jean-François Hamon dirigeant d’Eco-Bati Bois, les élus et les agents de la commune de Saint-Coulitz, Paul Vincent architecte et maître d’œuvre, Vincent Foucher du bureau d’études IPH, Julie Poisson de FB 2, Erwan Burel du pays de Brest, Energence, Muriel Floc’h de Alpes contrôles et Maïwenn Magnier de BRUDED.

Nous sommes reçus par Jean-François Hamon, dirigeant d’Eco-Bati Bois, spécialisée dans l’éco-construction et la menuiserie bois. Il présente la manière dont ils construisent les caissons bois et le remplissage paille pour ce projet.

L’architecte Paul Vincent reprend l’historique du projet. Le marché public a été lancé en 2021 pour un bâtiment d’une surface de 220 m² qui comprend une grande salle, des sanitaires et un office de réchauffage. Le permis de construire a été accordé en 2023 ; le chantier a démarré en juin 2024. L’idée de ce projet était bien la recréation d’une forme de centralité dans le bourg de recréer un lieu de vie pour la commune ; il s’intègre dans un projet plus large de quartier pavillonnaire en cours de réflexion (béguinage).

Julie Poisson de la fédération bretonne des filières biosourcées [FB2] explique que ce projet intègre l’AMI sur les constructions neuves lancées en 2021 :16 projets avaient été retenus dont certains sont déjà livrés. Ils ont lancé un second AMI sur la rénovation des bâtiments en biosourcé en 2024 ,11 projets ont été retenus.

Le bureau de contrôle ‘Alpes contrôleet très engagé sur les constructions biosourcées. L’idée est de s’appuyer évidemment sur la réglementation mais aussi de retrouver des solutions aux difficultés rencontrées dans ce type de construction qui n’ont pas toujours de solution réglementaire évidente. « On cherche donc à accompagner intelligemment les équipes de maîtrise d’ouvrage et de maîtrise d’œuvre : on essaie toujours de concilier les normes et les méthodes de construction », explique Muriel Floc’h, ingénieure contrôle technique et thermique.

Morgan Le Goff présente le collectif paille armoricain qui se situe sur la Bretagne et les Pays de la Loire. Il comporte plus de 200 acteurs, dont un groupement d’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) dont il fait partie. La commune de Saint-Coulitz s’est rapprochée du collectif pour avoir un appui à la maîtrise d’ouvrage. Avec sa collègue Sabrina Dumont ils ont intégré les réflexions dès la conception du projet puis assuré l’appui sur le lancement des consultations, un retour sur les analyses des offres et contribué aux arbitrages nécessaires. Dans la phase d’exécution des travaux, l’AMO assure les suivis de chantier, l’organisation de visites jusqu’à la réception du bâtiment.

Jean François Hamon responsable de la société Eco Bati Bois. L’entreprise emploie aujourd’hui 30 salariés et dont 8 apprentis. Ils assurent la conception des panneaux en bois et leur remplissage en paille. Ils transporteront ensuite ces panneaux préfabriqués jusqu’à Saint-Coulitz ou ils assureront le montage de l’ensemble des pièces pour obtenir un bâtiment hors d’eau (les menuiseries en aluminium et bois sont montées ultérieurement).

Les éléments à retenir de la visite

Phasage. Le phasage du chantier est primordial. Toute la ligne de fabrication des panneaux doit être envisagée dès le début du chantier :

Le phasage est une vraie contrainte que l’on doit gérer dès le départ

JF Hamon

Fabrication des caissons bois/paille. Les caissons sont fabriqués au sol pour être ensuite retournés et remplis de paille manuellement avant d’être fermés et protégés par des panneaux de bois prévus au départ. Ils sont ensuite relevés à la verticale pour être chargés et transportés vers le lieu de montage.

Le plafond. Il sera isolé en ouate de cellulose moins cher et moins lourde à mettre en œuvre. La ouate de cellulose a une densité de 55 kilos au mètre cube alors que la paille est entre 80 et 110 kg par mètre cube. Concernant la toiture, le parement doit être modifié pour satisfaire aux exigences ‘feu’ du bâtiment, mais la solution n’est pas encore arrêtée.

Performance thermique. La résistance thermique des murs est d’environ 7,5 m² K/W, ce qui est proche d’une performance passive.

Les gaines/réseaux. Ils passent à l’intérieur de l’enveloppe isolée pour conserver une bonne étanchéité à l’air : « on traverse le moins possible les parois et quand on n’a pas le choix, ces traversées sont prévues d’avance et il n’y a pas de contact avec la paille pour éviter les risques de condensation », explique Morgan Le Goff.

La paille. Elle a été récoltée « chez Gaby paille et foin », un ancien éleveur qui cultive et distribue aujourd’hui que de la paille (blé et orge) sur la commune voisine de Guilers (à 2,5 km, voire 800 m à vol d’oiseau !).

Si la paille de blé bio est à privilégier pour la construction paille, les analyses de cycles de vie (ACV) montrent que même en non bio le matériaux paille donne une qualité de l’air A+ sans rejet

précise Morgan Le Goff, collectif paille armoricain

Il utilise sa botteleuse pour former les bottes aux dimensions auxquelles on adapte la taille des caissons. La largeur des bottes est de 46 cm et l’entraxe des montant est de 50 cm.

Le bois est du Douglas fourni par une scierie bretonne est issu de forêts locales.

L’humidité, le point d’attention incontournable. L’isolation en paille est possible en technique courante depuis la validation des règles professionnelles en 2012. Cependant, le point vigilance de toute construction paille et vraiment celui de l’humidité. Aussi, le regard sur ce sujet est très important dès l’approvisionnement et le stockage.

La paille n’étant pas un produit manufacturé, on doit la contrôler ici pour s’assurer d’un niveau d’hydrométrie inférieur à 20%

explique J-F Hamon

Pour cela, un échantillon représentatif sur chaque lot arrivant à l’atelier est analysé ; on mesure la densité, le format et le niveau d’hydrométrie d’une botte sur dix. Si celle-ci présente un taux d’humidité supérieur à 20%, le lot entier doit être vérifié. Des fiches d’auto-contrôle sont ensuite consignées et apportées au dossier du maître d’ouvrage. La protection des caissons achevés devra aussi être assurée durant le transport et lors du montage, pour éviter toute entrée d’eau.

Infiltrations. Une autre difficulté est l’interface avec la toiture où l’humidité peut facilement être présente. « Les chenaux (gouttières cachées ou rendue invisibles) sont absolument à proscrire dans les constructions paille en particulier car ils présentent un gros risque en termes d’infiltration ; si l’on constate un taux d’humidité trop élevé on doit extraire la paille pour la remplacer, ça devient très compliquéNous n’avons jamais eu ce problème car on y porte une grande attention ! » précise J-F Hamon.

Transport et montage. Le transport des panneaux est un moment clef. La mise en camion des panneaux de bois remplis de paille nécessite d’être très bien réfléchie dès en amont. L’ordre dans lequel ils se situent dans le camion correspond à l’ordre inverse du montage sur place. « Une erreur ici provoque une réelle complexification du chantier ». Le stockage sur les plateaux des camions doit aussi être pensé pour éviter toute entrée d’eau. La pose de panneaux OSB (qui ferment les caissons ) et le frein-vapeur leur assurent une certaine protection contre l’humidité lors des déplacements.

Durée. Il faut compter environ trois semaines de travaux pour faire les 341 m² de murs nécessaires ici. Cela consommera 700 à 750 bottes de paille pour un volume de 120 m3 et un poids de 9,6 tonnes.

Montage. Le montage « in situ » prendra environ quatre jours correspondant aux quatre camions remplis. Il faut donc une fenêtre météo adaptée pour pouvoir assurer le montage de tous les panneaux en toute sérénité :

On ne dort pas très bien toutes les nuits

conclut Jean-François Hamon

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Rédaction : février 2025

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