Chantiers d’insertion, de formation et de bénévoles pour « l’école des habitants » à Saint-Ganton (35)

Le projet de cette petite commune de moins de 500 habitants s’illustre par une mobilisation très forte de nombreux acteurs : association des parents d’élèves, instituteurs, élus, et bénévoles.

Une volonté collective des élus et habitants

Soutenus par des organismes institutionnels et professionnels variés, leur implication s’est tout d’abord traduite par un travail sur les différentes thématiques clefs (aspects fonctionnels des locaux et modes constructifs, ramassage scolaire, restauration, garderie) afin de définir des objectifs à atteindre et proposer des solutions. Dans les faits, il n’y a pas eu de cahier des charges précis pour recruter l’équipe de conception (architecte et ses bureaux d’études) mais les compte rendus des différents groupes de travail précisaient assez clairement la volonté collective d’un bâtiment sain, construit avec des matériaux écologiques, chauffé avec des ressources renouvelables…

5 chantiers participatifs différents

C’est là que réside l’originalité du projet :

• 75 tonnes de briques de terre crue (BTC) ont été fabriquées puis posées par le chantier d’insertion Nature et Mégalithes et Pierre Blandin, artisan local, avec la participation des habitants ;
• 45 m² du mur de façade ont été réalisés par les habitants avec des pierres provenant d’une ruine de la commune, offertes par une habitante ;
• une partie des meubles (bancs, porte-manteaux, armoires …) a été réalisée par la Ressourcerie locale ;
• des couvertures ont été tissées au crochet par des habitantes
• des espaces verts ont été conçus avec la MFR de Messac.

75 t de briques de terre !

« La visite de l’école de La Chevallerais avec le réseau BRUDED a été déterminante » explique Bernard Gefflot, maire. « Elle a tout simplement montré qu’il était possible de récupérer la terre des fondations lorsqu’elle est bonne pour fabriquer des briques de terre crue » confirme Gilles Belleil, conseiller. Outre l’aspect esthétique, les BTC apportent un confort acoustique, régulent l’humidité et la chaleur… Dernier avantage : cette réutilisation évitait de nombreux mouvements de terre, liés à la situation du projet sur un terrain en pente. Après un accord du groupe de suivi, les élus contactent :

• le centre de formation Noria et Cie (Redon) pour effectuer une analyse de terre : celle-ci s’avère de bonne qualité pour la réalisation de BTC ;
• le Chantier d’insertion Nature et Mégalithes pour la fabrication ;
• la Maison de l’emploi de Redon (MEDEFI), qui dispose d’une facilitatrice pour aider à la rédaction de clauses sociales dans les marchés publics ;
• un habitant, pour trouver un hangar où réaliser les BTC au sec ;
• l’association Empreinte, qui loue une presse à BTC. L’ensemble des éléments étaient réunis. En parallèle, le réseau BRUDED appuie l’architecte pour trouver des éléments de conception.

 Chantier d’habitants et chantier d’insertion pour la réalisation

Les chantiers s’organisent. L’équipe d’élus et d’habitants en charge du projet ont invités les habitants, jeunes, ados, adultes à venir participer à la fabrication des BTC. Le reste des BTC a été construit par Nature et Mégalithes. Dans les deux cas, Pierre Blandin, artisan de Plessé (44) retenu pour le marché, a participé activement à l’accompagnement des chantiers.

 Un mur en pierre entièrement réalisé par des bénévoles

« Saint-Ganton est un village en pierre. L’idée de faire un bâtiment sans pierre, pour des motifs économiques, nous semblait incohérent » indique le maire. La commission bâtiment décide donc de réaliser la totalité du mur en pierre par une équipe de bénévoles. « Notre choix a été conforté par la présence de 3 maçons de la commune sur lesquels on pouvait compter » poursuit René Bourel, adjoint. « Au final, par groupe de 6, des habitants se sont relayés de la fin mars à début juillet pour réaliser le mur » conclut Bernard Gefflot.

Des meubles avec la ressourcerie locale

« La réflexion sur le mobilier de l’école s’est faite dans le prolongement de notre démarche sur la santé. Nous avions mis tout en œuvre pour que l’école soit saine et n’émette pas de polluants dans l’air. Notre crainte était de voir nos efforts réduits à néant avec l’achat de meubles neufs sur catalogue » indique le maire. Du coup, lorsque Gilles Belleil propose de creuser la solution de meubles de récupération, l’idée est prise très au sérieux par le reste du groupe de suivi. Une démarche est entreprise avec la Ressourcerie locale qui gère un magasin faisant du neuf avec du vieux : « Mod’recup » à Bain-de-Bretagne. Pour des raisons d’ergonomie (confort des enfants, meubles à soulever lors du ménage…), le projet se limite à la réalisation de bancs, armoires, étagères et porte-manteaux. « Mais, avec plus de temps, nous aurions pu aller plus loin » estime Bernard Gefflot.

Un chantier de formation avec la MFR pour la réalisation des espaces verts

Pour la réalisation des extérieurs, après une réunion du groupe de travail communal définissant les priorités (plantes nécessitant peu d’entretien en taille, arrosage …), la municipalité a pris contact avec les enseignants de la MFR de Messac qui ont donné ce cadre d’étude et de réalisation à leurs élèves. Une fois la proposition validée en mairie, le chantier s’est déroulé sur une journée de juin 2013.