Saint-Georges-de-Reintembault (35) : transformation d’un îlot en cœur de bourg

L’étude globale de revitalisation, fil rouge de la démarche d’aménagement

Lauréate de l’appel à projets « dynamisme des bourgs ruraux » porté par l’Etat, la Région et l’Etablissement public foncier de Bretagne (EPFB), avec le soutien du département d’Ille-et-Vilaine, la commune lance dès 2018 une étude globale de revitalisation. Cette étude est le point de départ du projet et le fil rouge du mandat suivant. Composée de seize fiches actions, cette étude permet à Marie-Claire Boucher, maire de la commune, et son équipe municipale de prendre du recul et de se doter d’un projet transversal pluriannuel (habitat, services marchands et non marchands, aménagement urbain, identité territoriale, animation…) pouvant se décliner de manière opérationnelle à court et moyen terme.

Hiérarchiser les enjeux pour concentrer les efforts sur un secteur stratégique

Suite à cette étude, la municipalité prend la décision de concentrer son intervention et ses moyens sur le secteur de l’îlot des temples. Ce site de 3 355 m² répartis  en trente-six parcelles et treize propriétaires différents est stratégique du point de vue de sa localisation en cœur de bourg et complexe au regard de la vacance globale et du grand nombre de propriétaires privés. Il concentre de nombreux freins à la redynamisation de la centralité mais dispose de nombreux potentiels à activer. Avec l’appui de l’EPF de Bretagne et de Nadège Mazoué de l’Atelier Lau, son assistante à maîtrise d’ouvrage (AMO), la commune déploie sa démarche de renouvellement de l’îlot en quatre étapes principales.

Établir un référentiel foncier pour engager les discussions

L’une des priorités de la commune est d’avoir une connaissance fine du secteur d’intervention. Un référentiel foncier-bâti détaillé est réalisé en 2018 par Maud Le Hervet, la cheffe de projet « Revitalisation » de Fougères Agglomération en parallèle de rencontres avec les habitants et propriétaires (« un à un ») du secteur. Treize propriétaires privés sont identifiés au total dans un enchevêtrement de propriétés bâties et de logements inhabités pour une majorité d’entre eux. Différents moyens sont mobilisés pour les identifier et les contacter : services des impôts, courriel, rencontres.

Convaincre les propriétaires grâce au projet d’ensemble

En rencontrant les propriétaires, la municipalité peut partager sa volonté politique de revitalisation du cœur de bourg, de créer un commerce (qui deviendra le café-jeu-restaurant le P’tit Mic) et de créer une traversée dans l’îlot urbain. Des contacts sont pris pour mener les négociations foncières avec l’EPF Bretagne, mais la quotidienneté des relations et la facilité de prise de contact des élus avec les propriétaires pousse la commune à mener elle-même l’essentiel des négociations et acquisitions. L’EPF Bretagne n’est au final intervenu qu’auprès de trois propriétaires.

La plupart des propriétaires ont souscrit au projet. Nous sommes progressivement devenus propriétaires, ici suite à une succession, là par un don, ou par des achats plus ou moins chers.

Marie-Claire Boucher, maire

La commune est appuyée dans sa stratégie par Maud Le Hervet de Fougères agglomération. Courant 2023, soit environ six ans après les premiers contacts, la municipalité est devenue propriétaire de l’essentiel de l’ilot. Le réaménagement foncier a permis de passer de 36 parcelles à 16, de treize propriétaires à six et de 150 m² en propriété communale à 1440 m².

La création d’une liaison douce, aménité paysagère au cœur de la stratégie d’intervention

L’avancée des acquisitions permet à la municipalité d’engager le travail d’aménagement paysager de la liaison douce, traversant l’îlot. En 2022, elle confie la mission à l’atelier Bivouac pour un coût de 18 000 euros. L’association de paysagistes a déjà mené le réaménagement de la place du centre courant 2021 dans un travail concerté qui a été apprécié par la municipalité. Ce réaménagement permet de créer une terrasse au P’tit Mic donnant sur le cœur végétalisé de l’îlot et de créer une liaison douce vers les Ajoncs d’or (salle des fêtes et ALSH), futur projet d’ampleur qui a permis à la commune, avec un autre projet d’ampleur de 3ha autour de l’église, propriété d’une congrégation religieuse fougeraise, d’être lauréat du dispositif Village d’Avenir de l’ANCT. Ce travail s’est fait avec des habitants volontaires et des aménagements de type mobilier sont réalisés avec les élèves de la commune.

Rechercher l’effet levier sur les propriétaires privés

Dès 2023, les effets positifs sur le logement privé sont déjà visibles. Au cœur même de l’îlot, un propriétaire a engagé des travaux dans un atelier, un ancien commerce et une maison qu’il a transformé en sept logements. Et à la sortie d’une des liaisons douces de l’îlot, des propriétaires d’une ancienne fabrique d’aliments pour bétail ont, à leur tour, décidé de rénover les bâtiments pour créer six appartements.

Ce sont deux anciennes familles très attachées à la commune que l’étude de revitalisation a convaincu de réinvestir dans le centre-bourg

se réjouit la maire

Pour Laurent Baron, dirigeant de la SCI propriétaire des sept logements crées, « il n’y a pas un promoteur immobilier qui serait venu ici avec cet équilibre économique à 25 ans ».

Les premiers locataires sont en majorité des jeunes actifs du territoire, attirés par le très bon rapport qualité-loyer des appartements. Pour Maud Le Hervet de Fougères Agglomération, l’offre proposée répond au besoin important de logements de qualité en centralité. Quant à la municipalité, elle termine la rénovation d’un deuxième logement situé au-dessus de la mairie et a proposé à ses habitants et associations locales d’investir de manière transitoire les espaces du bar-restaurant (animation appelée « cafés éphémères ») dans l’attente d’un repreneur qui arrivera en juillet 2025.

Les résultats

À la question, le projet vous donne-t-il satisfaction ? Marie-Claire Boucher répond : « Je trouve que nous avons été entourés par une ingénierie de qualité, ce qui nous a amené à mener ce projet avec méthode et a permis d’obtenir très vite des résultats visibles et de faire comprendre concrètement aux habitants nos intentions. La réalisation projetée en 2018 par l’architecte urbaniste Nadège Mazoué ressemble aujourd’hui, dans ses grandes intentions, à la réalité du lieu. Ce dessin a été très structurant pour mener ce projet, pour nous en tant qu’elu comme pour nos partenaires privés ou financiers. C’est une grande satisfaction de voir que tous, y compris les sceptiques du début, s’approprient cet écoquartier.

Ce qui a été plus compliqué était de vivre la transformation du quartier pour les locataires gérants du P’tit Mic. Ils sont arrivés au début des grands changements (2020) et sont restés trois ans. Leurs remplaçants arrivent en juin 2024 sur un espace aménagé. Le « contrat» entre la commune et les commerçants  est de ce fait beaucoup plus clair pour tous.

Enfin, L’ilot est aussi notre premier espace vert récréatif crée en cœur de bourg. Un jardin partagé animé par un habitant de la commune éducateur en environnement a démarré en 2024 et ses débuts sont prometteurs. Leu bilan final de l’opération (y compris le calcul du déficit) est en cours de rédaction. »

Le coût de réalisation

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En savoir plus

• Un aménagement végétalisé, sobre, économe et participatif de la place de la mairie – St Georges de Reintembault
• Atelier Bivouac : aménagement de la place de la mairie
• Atelier Bivouac : aménagement de l’îlot Temple

Contact

Marie-Claire Boucher, maire – 02 99 97 01 13

Rédaction : février 2025