Saint-Sulpice-la-Forêt (35) : La participation citoyenne au cœur du projet urbain
Infos pratiques
Adhérent depuis 2006
Maire : Yann Huaumé
Téléphone : 02 99 66 23 63
Nbre d’habitants : 1370
Superficie : 6,72 km²
Intercommunalité : Rennes Métropole
www.saint-sulpice-la-foret.fr
Contact BRUDED : Rozenn Simon
Autres expériences de Saint-Sulpice-la-Forêt
Forte d’une culture participative développée lors du précédent mandat, la commune de Saint-Sulpice-la-Forêt a initié depuis mars 2023 une démarche participative très forte autour de l’aménagement de son cœur de bourg.
Forte d’une culture participative développée lors du précédent mandat, la commune de Saint-Sulpice-la-Forêt a initié depuis mars 2023 une démarche participative très forte autour de l’aménagement de son cœur de bourg.
Le projet de la commune, la « fabrique du village métropolitain » veut mettre en pratique la sobriété à travers l’économie du foncier, la rénovation de bâtiments, l’autonomie énergétique et la construction en terre porteuse. Elle est accompagnée dans ce projet d’ampleur par l’aménageur Territoires Publics et bénéficie d’un soutien exceptionnel pendant 36 mois, au titre de l’AMI Démonstrateur de la ville durable lancé par l’État, dont elle est lauréate aux côtés de deux autres communes adhérentes à BRUDED, Commana (29) et Trignac (44).
La démarche participative s’articule autour de 4 axes :
- Une démarche culturelle dénommée la « programmation Elementerre »,
- Le « faire ensemble sur la place » à travers les pratiques artistiques et les éco-matériaux, pour expérimenter et aménager de manière transitoire la place centrale,
- L’animation d’Ateliers Collectifs de Concertation,
- La création d’un espace dédié : La Fabrik, pour inscrire la démarche participative dans le quotidien du village.
La Fabrique du village métropolitain, c’est un projet de ‘“vivre ensemble” autant qu’un projet d’urbanisme.
Yann Huaumé, maire
La culture et l’éco-construction comme socles de la participation citoyenne
Dès le départ, les élu·es ont voulu proposer une démarche culturelle pour associer les habitants au projet. Pour cela, l’association d’éducation populaire Anime et Tisse (basée à Rennes) a été recrutée par le biais d’une consultation dans le cadre d’un marché public porté par l’aménageur Territoires Publics. Le poste d’une des animatrices de l’association à raison d’un mi-temps pendant trois ans a été financé grâce à l’AMI Démonstrateur de la ville durable.
Partant du principe que les habitants ne sont pas tous réceptifs aux mêmes types d’animations, les élu-es et l’association ont imaginé une programmation culturelle diversifiée pendant plusieurs mois, comme l’explique le maire Yann Huaumé : « Nous avons voulu aller vers les gens qu’on ne voit pas, démultiplier les formes de communication avec une approche culturelle de l’ensemble des facettes de notre projet. »
Cette programmation prend la forme de cycles thématiques autour des éléments naturels (c’est la « programmation Elementerre ») :
- La première campagne de 2023 a porté sur le matériau terre,
- la deuxième sur le matériau bois (2024),
- et la troisième porte sur l’énergie (2025) en lien avec le futur déploiement d’une boucle d’autoconsommation collective d’électricité produite par des panneaux solaires.
Le contenu des évènements est défini en partenariat avec les associations de la commune : le Guibra taverne agriculturelle, la bibliothèque, l’association socio-culturelle, le jardin partagé. L’objectif est de proposer des espaces d’échanges sur les grands enjeux sociétaux qui entourent le projet urbain. Cela prend la forme d’ateliers pratiques et de temps d’échanges, organisés autour de conférences, soirées jeux, lectures collectives, projections et expositions. « On crée une programmation culturelle avec des temps de rencontres et des temps d’actions, pour nourrir collectivement la compréhension et l’implication de chacun dans la transformation du village », commente Yann Huaumé.
Une réunion publique, ça ne suffit pas ! Un atelier public, ça ne suffit pas, parce qu’on a toujours les mêmes profils, alors on va aussi proposer des chantiers participatifs, et imaginer des espaces dans lesquels on va plutôt « faire », on va impliquer en faisant ensemble plus qu’en parlant ensemble.
Yann Huaumé
Des habitants qui mettent la main à la pâte pour aménager le centre-bourg !
En lien avec la programmation culturelle, des expérimentations d’aménagements ont eu lieu sur la place centrale du bourg pendant la belle saison (printemps/été). Imaginées lors d’ateliers associant les habitants et des partenaires locaux des domaines artistiques et de la construction en éco-matériaux, ces expérimentations ont pris plusieurs formes : chantiers participatifs, installations éphémères ou durables… qui ont permis de réfléchir par l’expérimentation, au cœur de bourg de demain :
- En 2023, une fresque en terre crue a été réalisée par les habitants, en écho au bâti local, sur un bâtiment en terre situé sur la place centrale. Les habitants ont été accompagnés par l’artiste Aymeric Georget de Terre et Design « Nous avons attaqué ce chantier en tout premier pour montrer qu’on pouvait faire du beau ! Plusieurs femmes étaient présentes ainsi que 75 enfants du centre de loisirs. C’est un chantier qui a très bien fonctionné » sourit Yann Huaumé, maire .
- l’IME du Baudrier a également construit un barbecue à deux pas de la bâtisse, avec l’aide de la Briqueterie Solidaire (communauté Emmaüs), avec l’idée de créer un espace en centre-bourg, qui puisse accueillir des fêtes et regroupements d’habitants.
- un chantier participatif enduits-terre, coordonné par Thomas Anfray (maçon Terre et conseiller municipal) et l’association Ter Lieux, a été mené sur l’une des maisons du cœur de bourg.
D’autres chantiers sont prévus, en particulier la rénovation par les habitants d’un ancien cabanon en halle de 40 m² environ, avec du bois issu de haies locales. « Nous allons proposer aux habitants qui ont des arbres dont ils ne veulent plus, de les abattre gratuitement pour ensuite les valoriser sur le projet de la halle. Nous imaginons aussi une toiture en tuiles de bois ou en chaume », explique Yann Huaumé.
Pour ce faire, la commune a fait appel à François Beau, charpentier au sein de l’association Des Hommes et des Arbres pour concevoir la halle avec les habitants. La phase de réalisation va suivre, toujours dans un esprit participatif. Le montant prévisionnel des travaux s’élève à 35 000€, ils débuteront en début d’année 2025. « Au travers de l’urbanisme transitoire, nous nous sommes appuyés sur les usages actuels du cabanon ( kiosque, boite à libre, espace guinguette lors des manifestations en cœur de bourg, abri en cas de pluie, espace repos/bancs), et sur l’usage projeté via une démarche de concertation portée par Anime et tisse. Cette halle a vocation à rester, elle a nécessité des fondations et des autorisations d’urbanisme, notamment des ABF « , explique Yann Huaumé.
Des ateliers collectifs pour penser le cœur battant du bourg et ses usages
Parmi les aménagements prévus, figure en priorité la rénovation de la salle polyvalente située sur la place centrale, véritable cœur battant du bourg. « Nous souhaitons reconfigurer la salle et ses usages, pour y créer un véritable tiers-lieu où les initiatives associatives, citoyennes, communales, se rejoignent, où il fait bon passer, se rencontrer » témoigne Yann Huaumé.
Pour engager la réflexion sur ces futurs usages, les élu·es ont sollicité le cabinet SCOPIC pour animer des ateliers portant sur le devenir de cette salle et de ses abords.
« Nous voulions proposer aux habitants d’expérimenter de nouveaux usages, et de se faire accompagner pour mettre en œuvre leurs initiatives. » En 2023, un espace de co-working expérimental a ainsi été ouvert à l’initiative des habitants et de la commune, à l’étage de la salle polyvalente. Le groupe l’utilise les mercredis et les vendredis, et il définit lui-même, en collaboration avec l’association Anime et Tisse et la commune, son aménagement et son organisation.
Plusieurs types de concertation ont été imaginés : des réunions publiques, des ateliers collectifs, des méthodes d’animation actives afin de faire du récit. Depuis le lancement de ces ateliers, en moyenne 35 participants y participent, à chaque fois des petits groupes intergénérationnels.
Yann Huaumé, maire
Incarner la participation citoyenne
Au-delà de l’invitation aux ateliers d’échanges via le site Internet de la commune et le bulletin municipal, les élu·es ont également mis en place une communication récurrente dans les différents lieux stratégiques du village. À chaque nouvel évènement, qu’il soit organisé par la collectivité ou par les associations locales, les élus installent eux-mêmes 16 panneaux d’information, appelées « manchettes », véritable réseau d’affichage communal.
En plus de ces supports, afin « d’aller vers » les habitants et de proposer un support bien identifiable pour toutes et tous, la collectivité s’appuie également sur la mise en place d’une simple caravane (la “caravane de la concertation”), qui fut un des premiers supports de communication pour animer la démarche participative de la commune, dès 2016.
Avec cet espace (mobile) sur la place du village, il est possible d’accueillir les habitants pour échanger sur leurs envies, leurs idées, leurs doutes, et leurs propositions. La caravane met également à disposition des ressources liées au projet urbain. L’association Anime et Tisse se charge de l’animation des permanences, accompagnée par un binôme d’élu·es, même si leur présence peut parfois et paradoxalement être un frein à la collecte de la parole. De façon globale, les élu·es constatent également que les animations ne touchent pas les mêmes personnes, « c’est bien la preuve qu’il faut démultiplier les façons de faire ! », sourit Thomas Anfray, conseiller municipal.
En 2024, les élus décident de transformer l’essai de la « caravane de la concertation » en proposant un lieu pérenne aux habitants : la maison de la Fabrik. Accueillie dans une vieille maison en terre appartenant à la collectivité, elle a deux fonctions :
- être un lieu de ressources et d’information sur l’ensemble projet urbain et la construction du projet de cœur de bourg. Toute la documentation les documents techniques et les éléments issus des réunions publiques sont mis à disposition. La commune fait appel à des compétences extérieures (L’œilleton, SCOPIC, Anime et tisse, BRUDED) pour faire de la facilitation graphique et produire des supports de vulgarisation,
- être un lieu test pour accueillir de futures activités sociales et/ou économiques. La maison est composée de trois petites salles où les élues vont proposer aux habitants de tester des usages pendant six mois, avec l’objectif de remettre de l’activité dans le cœur de bourg. « La démarche Démonstrateur de ville durable fait émerger des envies, la question c’est comment on les accompagne, comment on facilite le passage de l’envie à l’action, d’où cette idée de maison de la Fabrik », commente Yann Huaumé. Un appel à initiatives d’habitants ou initiatives économiques va être lancé. Dans le cadre de sa programmation, Anime et Tisse propose de travailler avec le TAG35 (pôle de développement de l’ESS) afin d’accompagner les porteurs de projet dans l’émergence et la structuration de leur projet. Pour l’instant, sont projetés l’accueil d’une créatrice (autoentrepreunariat) et des animations autour de la boulangerie en cuisson au feu de bois. Il resterait à recruter un troisième projet.
Mettre en avant les coulisses de l’action publique
En parallèle de cette démarche participative et apprenante, la commune et la SPL Territoires Publics ont confié une dimension de mise en récit artistique de leur démarche participative au collectif L’œilleton, qui a déjà accompagné les démarches d’urbanisme transitoire rennaises de l’hôtel Pasteur et de l’Hôtel Dieu. Les artistes de l’Oeilleton s’immergent dans les temps forts du projet et en tirent du matériau qu’ils façonnent sous différents formats pour donner à voir la démarche de la municipalité et de ses partenaires, ses objectifs, les difficultés rencontrées et les solutions trouvées.
Financement
Poste Anime et Tisse à mi-temps : 50% Banque des territoires, 50% commune (budget ZAC / territoires publics)
Yann Huaumé explique l’engagement fort qui a été pris pour animer la démarche participative : » Dans le cadre de la Fabrique du village métropolitain, nous avons investi 180 000€ pendant trois ans sur une démarche participative avec plusieurs méthodes (des « portes d’entrée »). Nous avons voulu mettre les moyens sur cette dimension pour embarquer le récit collectif : qu’est ce qui fait du commun ? Comment est compris le changement de la ville ? La question des moyens est fondamentale. Si on pense des démarches participatives à pas cher, ça ne marche pas, ça reste une compétence, il faut payer des gens. «
L’animation du projet c’est plus qu’une participation, on dessine le futur !
Yann Huaumé
Plus d’infos :
Podcasts sur la démarche de Saint-Sulpice, conçus par Anime et Tisse
Rédaction janvier 2025