Saint-Sulpice-la-Forêt (35) : l’écoconstruction, ADN du projet urbain
Infos pratiques
Adhérent depuis 2006
Maire : Yann Huaumé
Téléphone : 02 99 66 23 63
Nbre d’habitants : 1370
Superficie : 6,72 km²
Intercommunalité : Rennes Métropole
www.saint-sulpice-la-foret.fr
Contact BRUDED : Rozenn Simon
Autres expériences de Saint-Sulpice-la-Forêt
La commune de Saint-Sulpice-La Forêt est lauréate de l’appel à manifestation d’intérêt « Démonstrateur de la Ville Durable » depuis 2022 pour son projet de redynamisation et de renouvellement du cœur de bourg intitulé « la fabrique du village métropolitain ». Cette démarche, alimentée par une concertation continue avec les habitants, vise à mettre en pratique la sobriété à travers l’économie du foncier, la rénovation de bâtiments, le développement d’énergie renouvelable, ainsi que la construction en terre crue porteuse, qui guide le projet urbain.
Saint-Sulpice-la-Forêt est un village métropolitain bénéficiant d’un cadre de vie très agréable grâce à son patrimoine bâti et la présence du végétal, profitant d’une forte dynamique territoriale. Située en 2eme couronne de Rennes, la commune compte actuellement 1 600 habitants et projette une augmentation de sa population dans les prochaines années. À travers la ZAC « L’orée de la forêt », la commune comptera progressivement 330 nouveaux logements qui seront construits d’ici 20 ans dans 6 secteurs identifiés.
La commune est lauréate de l’appel à manifestation d’intérêt « Démonstrateur de la Ville Durable » (AMI dans le cadre de France 2030) depuis 2022 pour son projet de redynamisation et de renouvellement du cœur de bourg intitulé « la Fabrique du village métropolitain ». Cette démarche, alimentée par une concertation continue avec les habitants, vise à mettre en pratique la sobriété à travers l’économie du foncier, la rénovation de bâtiments, le développement d’énergie renouvelable, la construction en terre crue porteuse. Le projet « Démonstrateur de la Ville Durable » permet à la commune, pendant une phase d’incubation de 36 mois, de mener des études qui démontrent que le ‘village durable’ est possible, en concrétisant des sujets innovants.
Façonner l’identité du village autour de la terre
Situé dans le bassin rennais, berceau de la construction en terre crue, le village de Saint-Sulpice-la-Forêt compte plusieurs bâtiments en bauge. L’objectif des élu·es est de se réapproprier cette méthode de construction pour créer de nouveaux bâtiments en terre et de rénover les bâtis anciens actuels, comme le commente Yann Huaumé, maire : « Nous bénéficions d’un patrimoine vernaculaire : la terre crue. L’idée est de remettre la terre comme un facteur d’identité du village, dans nos différents projets. Nous souhaitons maintenir les bâtiments en terre existants : être sobre, les garder et les réhabiliter. »
Une démarche de longue haleine
La démarche autour du matériau terre a été lancée dès 2015. Au moment de repenser l’espace scolaire et la création d’un nouvel ALSH, les élu·es ont imaginé un projet axé sur la terre et la participation citoyenne: le centre de loisirs inauguré en 2024 est un bâtiment à énergie positive et bas carbone. Les murs sont en bois, et une partie d’entre eux en terre et paille. Les enduits intérieurs sont en terre, les peintures et revêtements au sol sont naturels et non-émetteurs de COV.
Un centre bourg repensé…
Dans le cadre du projet Démonstrateur de la Ville Durable, l’équipe municipale accompagnée par l’aménageur Territoires publics et l’équipe de MOE urbaine (Johanne San, D’Ici là, Setur et SCOPIC) a imaginé un cœur de bourg revu dans sa circulation et dans ses composantes architecturales, avec un centre-bourg densifié et proposant de nouveaux logements. L’objectif est de revoir la circulation des véhicules en centre-bourg et d’imaginer une place haute et une place basse en cœur de bourg, avec une salle polyvalente rénovée intégrant de nouvelles fonctions expérimentées durant la phase d’incubation (co-working, espaces des assos, espaces de ressources, d’animations et d’initiatives…).
… intégrant un projet pionnier de bâtiments à étages, en terre crue
Un axe fort de la démarche porte sur le volet constructif : souhait d’utiliser un maximum d’éco matériaux avec une empreinte carbone proche de zéro, et de proposer des bâtiments et notamment des logements en terre crue porteuse, pour valoriser l’identité de village.
Trois nouveaux bâtiments vont ainsi être construits en cœur de bourg, proposant environ neuf logements chacun. L’objectif est que les nouvelles constructions soient conçues en terre crue porteuse avec un gabarit R+1+comble, voire R+2+comble.
Notre projet a vocation à démontrer qu’il est possible de construire des bâtiments à 2 voire 3 niveaux en terre crue porteuse. Nous souhaitons ainsi valoriser des savoir-faire autour de ressources locales.
Yann Huaumé, maire.
Un des trois bâtiments aura vocation à proposer également un local commercial d’environ 3300 m² en rez de chaussée et des logements aux étages supérieurs. Ce serait une première en France pour des bâtiments de logements à étages en terre crue porteuse (bauge) ! En effet, aujourd’hui, il existe de très nombreuses constructions en terre en Bretagne, notamment dans le bassin rennais, mais ce sont des poutres qui supportent l’édifice. Les murs porteurs en terre dans des bâtiments d’au moins un étage n’existent pas encore. C’est donc le sujet de la portance (capacité d’un matériau à supporter une structure) qui est au cœur des discussions.
D’autres activités économiques et commerciales seront également accueillies en rez-de-chaussée de deux maisons en terre existantes à réhabiliter en intégrant des accès pour les personnes à mobilité réduite.
Montage de l’opération : imaginer une nouvelle façon de faire
Les élus ont mis en place un groupe de travail aux multiples compétences : maçons-terre, ingénieurs, chercheurs… Avec l’objectif d’être accompagnés au mieux pour ensuite recruter l’équipe de maitrise d’œuvre et d’un économiste adapté au projet, associer un bureau de contrôle, trouver un assureur, associer des artisans sur la construction en terre. « Nous allons réaliser un important travail sur la faisabilité technico-économique en associant également le bureau de contrôle ainsi que des assureurs dès le début du projet. Notre objectif est d’arriver en phase d’avant-projet sommaire au début du printemps 2025. » Il est également prévu que les élus se fassent accompagner par une assistance à maitrise d’ouvrage pour intégrer les enjeux spécifiques à la terre crue, tout au long de la conception et de la réalisation du projet. La SECIB a été retenue comme opérateur immobilier de ce projet.
Nous défrichons des sujets techniques, réglementaires, assurantiels… avec l’objectif d’essaimer. Selon les solutions que nous trouverons collectivement, nous réajusterons le curseur dans une vision réaliste mais toujours ambitieuse.
Yann Huaumé
Pour préciser leurs idées, les élus sont allés découvrir des projets existants, avec BRUDED notamment, comme le commente Yann Huaumé : « Nous sommes de très bons copieurs ! Beaucoup de choses existent, il faut additionner les forces plutôt que de réinventer des choses ! » Les élu·es se sont ainsi rendu·es à Guérande pour découvrir la ZAC qui fait honneur à la construction terre et à Mordelles
Les acteurs du projet
Le projet est piloté conjointement entre l’aménageur Territoires Publics et l’IAUR. Les membres du groupe de travail :
- Le groupe d’élu·es : Yann Huaumé, maire, Annaïg Pinçon (adjointe à l’urbanisme et patrimoine), Thomas Auffray, conseiller municipal, artisan terre crue, Laurence Lemarchand (conseillère déléguée à la communication et à l’information),
- Territoires Publics, aménageur de la ZAC L’orée de la forêt et pilote du projet Démonstrateur de la Ville Durable
- L’IAUR, et le programme ecomaterre, qui réunit professionnels et acteurs du milieu académique
- L’agence Johann San, urbaniste de la ZAC
- SECIB, opérateur immobilier du projet
- L’atelier Belenfant Daubas, spécialisé sur les projets en terre crue, ,
- Granulo, bureau d’étude structure et thermique
- Le cabinet Lemonnier, économiste
- L’APAVE, bureau de contrôle
- La SMABTP
- le Collectif des terreux armoricains.
- La Fédération Bretonne des Filières Biosourcés (FB2)
- L’association Accroterre qui vise à réhabiliter et promouvoir l’usage du matériau « terre »
- Rennes Métropole
L’innovation arrive par le bas et pas par le haut. Les lois évoluent quand les territoires s’engagent. Il y a un enjeu à voir comment cette expérience s’étend à l’échelle de la ZAC, comment on structure la filière terre, avec plusieurs enjeux techniques. C’est tout l’intérêt de la coopération, parce que c’est compliqué de traiter la complexité si on est seul.
Yann Huaumé
Un volet technique très présent… et qu’il faut s’approprier
Les élu·es et les membres du groupe de travail ont d’ores et déjà relevé plusieurs points d’attention majeurs :
- Le souhait de travailler avec un maximum de terres d’excavation du site, et donc d’identifier ses caractéristiques et son potentiel constructif
- Une attention sur le positionnement du curseur dans l’usage de la terre et la portance du matériau, en fonction des contraintes techniques et assurantielles
- La question du dimensionnement des opérations qui guide les échanges : la faisabilité technique des opérations est en permanence interrogée et mise en lien avec la faisabilité économique. Une grosse opération en terre crue porteuse suppose une prise de risque plus importante… mais des économies d’échelle non négligeables.
- L’enjeu d’inscrire le projet dans un cadre patrimonial, en lien avec l’ABF (abbaye présente dans la commune)L’enjeu de la réplicabilité du projet à l’échelle de la ZAC, du nord de Rennes, du Grand Ouest (enjeu de structuration de la filière), ainsi qu’à l’échelle nationale
Nous défrichons des sujets techniques, réglementaires, assurantiels… avec l’objectif d’essaimer. Selon les solutions que nous trouverons collectivement, nous réajusterons le curseur dans une vision réaliste mais toujours ambitieuse.
Yann Huaumé
Rédaction janvier 2025