Un transport solidaire pour sept communes rurales du Trégor (22)

Le projet rayonne sur sept communes rurales de la côte trégoroise entre Lannion et Tréguier : Coatréven, Kermaria-Sulard, Louannec, Penvénan, Saint-Quay-Perros, Trélévern et Trévou-Tréguignec, soit un bassin de plus de 11 000 habitants. Toutes appartiennent à Lannion Trégor Communauté, composée de 57 communes au total.

Leurs élus font un constat simple : les personnes non véhiculées – notamment âgées – de leurs petites communes ont du mal à se déplacer pour un rendez-vous médical, participer à une célébration (mariage, enterrement) ou tout simplement voir des amis ou de la famille. Il y a pourtant un réseau de bus mais il ne maille pas suffisamment le territoire concerné. De plus, ses horaires ne sont pas forcément adaptés. C’est également le cas pour le Transport A la Demande qui ne peut pas faire face à toutes les demandes.

Une inspiration ligérienne

En 2023, Pierre Houssais – maire de Kermaria-Sulard – a rencontré un accompagnateur bénévole de l’association SOLIDEP lors d’un voyage en bicyclette du côté de Nozay (44). Cette association créée en 2019 propose “une activité de déplacement accompagné solidaire, fondée sur le bénévolat et l’échange, afin de lutter contre l’isolement et maintenir du lien social”. Séduit par cette expérience bien rodée en Pays de la Loire, il la ramène chez lui. Il s’inspire aussi de plusieurs engagements de SOLIDEP à l’égard de la collectivité : la complémentarité avec les services de transport proposés par l’agglomération.

• Les bénéficiaires sont prioritairement redirigés vers une solution existante pour le trajet demandé si elle existe.
• Il est proposé aux bénéficiaires de s’initier aux outils numériques liés à la mobilité partagée (site ou application de covoiturage par exemple) si cela leur est possible. A Kermaria-Sulard, un service d’aide au numérique existant est mobilisable dans ce cas.
• Enfin, il se peut que des personnes soient peu rassurées et mal à l’aise dans l’usage du transport en commun. Dans ce cas, l’accompagnateur peut aussi prendre les transports en commun avec le bénéficiaire.

La concurrence envers les taxis et les ambulances est également interrogée grâce à des réunions de concertation. “Il s’avère que faire 15 ou 20 kilomètres puis attendre une heure pour le retour n’est pas rentable pour un taxi”.

La création d’une association

Grâce à sa lettre électronique, Pierre Houssais réalise une consultation auprès de ses habitants et l’ouvre aux habitants des six communes alentours. Une vingtaine de réponses sont obtenues rapidement et valident le constat. L’association projette également d’aller à la rencontre des habitants à la fin du mois de septembre pour mieux recenser les besoins, les volontaires et autres demandes.

Les statuts de l’association sont déposés pendant l’été 2024. Christiane Soudais, élue de Kermaria-Sulard en devient la présidente tandis qu’un bureau se constitue avec six personnes (dont deux élus investis en tant qu’habitants) avec des représentants de quatre communes. Toutes les communes sont représentées au Conseil d’Administration. Parallèlement à la constitution juridique de l’association, l’organisation pratique se réfléchit : sept référents – un pour chaque commune – centralisent les relations entre les accompagnateurs et les bénéficiaires.

Les règles d’usage s’affinent et se définissent : la distance maximale est de 80 km, avec un tarif kilométrique de 0,35 € par kilomètre payé directement par le bénéficiaire auprès de son accompagnateur. “Cette distance a été imaginée pour pouvoir se rendre jusque l’hôpital de Saint-Brieuc” précise Christiane Soudais. Ce service fonctionne normalement durant la semaine et nécessite de s’inscrire 48h avant pour que le référent ait le temps de trouver un accompagnateur. Le règlement est très clair et remis à chaque bénéficiaire.

Ce service n’est pas à confondre avec du covoiturage. Ce dernier consiste à véhiculer quelqu’un dans un trajet que j’ai prévu de réaliser. Le transport solidaire, c’est : “j’ai besoin d’aller quelque part et je sollicite l’association pour me proposer un chauffeur solidaire qui fera un déplacement pour moi avec son véhicule personnel”.

Pierre Houssais, maire de Kermaria-Sulard

Le coût

La plus grosse dépense réside en la souscription, par l’association, d’une assurance tous risques d’un montant de plus de 2500€. Il s’agit de ne faire porter aucun coût aux bénévoles. De plus, sept téléphones portables et autant d’abonnements sont commandés (moins de 1000 €) pour permettre aux référents d’être appelés non pas sur leur téléphone portable mais sur un numéro dédié. Cette dépense est couverte par la subvention initiale de 200€ versée par chacune des communes à l’association.

Chaque membre de l’association (accompagnateur, bénéficiaire, sympathisant) verse une cotisation annuelle de 5 €. L’avenir dira s’il est nécessaire de la réévaluer vu le coût très important de l’assurance. Des subventions supplémentaires sont en cours de demande car il y a l’envie de maintenir une cotisation abordable qui sera, indépendamment des subventions, la seule source de recettes.

Pour valoriser le service de cette association, les communes communiquent avec la presse, avec les lettres électroniques et au contact direct auprès des habitants.

Il est encore un peu tôt pour faire le bilan de l’activité. Cependant, le bureau de l’association s’est très vite constitué – traduisant le dynamisme et la disponibilité pour un tel projet. En outre, des habitants de communes voisines non associées au projet font également la demande de transport. ” Tout le monde pourra être accompagnateur ou bénéficiaire, on ne ferme la porte à personne !” rassure  Christiane Soudais.

Contact

Association Solitregor : Christiane Soudais solitregor@gmail.com ou 06 62 77 01 69

Article rédigé en septembre 2024 grâce au remplissage du formulaire "Je partage un retour d'expérience".

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