Stellane Breton-Anjot, adjointe à Rostrenen (22)
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Crédit photo : E. Legret pour Rostrenen
Au premier semestre 2025, BRUDED propose de découvrir en format « visio-flash » des actions concrètes menées au sein de collectivités du réseau pour favoriser le vivre ensemble.
Stellane Breton-Anjot, adjointe en charge de la concertation et de l’enfance-jeunesse à Rostrenen (22) témoignera le 25 avril de l’expérience menée pour favoriser l’implication des jeunes. Dans cet entretien, elle revient sur les motivations de sa commune à initier un Conseil des Jeunes (CDJ) et présente sa particularité : il a été constitué sans candidat et sans élection pour favoriser l’engagement de chacun.
Depuis quand et pourquoi impliquer les jeunes dans la vie citoyenne à Rostrenen ?
Le Conseil Municipal des Enfants, constitué d’élèves de CM1 et CM2 existait avant notre élection en 2020. Nous l’avons fait évoluer vers un Conseil Municipal des Jeunes en janvier 2022 et il a été étendu aux élèves de sixième et cinquième de l’ensemble des établissements scolaires de la commune, et pas seulement aux jeunes Rostrenoises et Rostrenois comme précédemment.
Nous avons souhaité proposer à la jeunesse un espace de visibilité et d’expression sur ses envies et projets et tenter à ses côtés de mieux cerner le regard qu’elle porte sur notre commune. Les membres du Conseil des Jeunes sont également les mieux placé·es pour parler auprès de leurs camarades des projets portés, dont elles et ils n’ont pas forcément connaissance car leurs canaux de communication sont souvent différents de ceux des adultes. À titre d’exemple, lorsque nous avons développé les aires de jeux, de sports et de loisirs en plein air dans différents quartiers de la commune, nous nous sommes rendus sur place pour essayer tous les équipements avec le Conseil des Jeunes. Cela permettait de les rendre concrets à leurs yeux afin qu’ils puissent en parler à leur entourage de façon directe.
Nous nous rendons également régulièrement dans le nouvel Espace Service Jeunesse pour que sa fréquentation devienne simple, comme une évidence pour les jeunes au-delà des discours institutionnels.
Vous avez fait évoluer les modalités d’intégration au Conseil des Jeunes depuis janvier 2024. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Nous avons effectivement fait le choix de constituer le Conseil des Jeunes sans organiser d’élections. Il est désormais ouvert sur la base du volontariat et de l’engagement à toutes et tous les jeunes de CM1, CM2, sixièmes et cinquièmes scolarisé·es sur la commune. En effet, nous pensons que l’élection peut être un frein pour beaucoup de jeunes à un âge où il peut être difficile de se mettre en avant, de prendre le risque de l’échec et de se sentir légitime à représenter ses camarades.
Nous avons fait ce choix pour essayer de ne pas lier l’engagement au Conseil des Jeunes à l’impératif de « popularité » souvent lié au mode électif classique. L’investissement et l’engagement dans cette instance ayant aussi valeur de formation, nous pensons qu’elle doit être ouverte sans contrainte pour celles et ceux qui ont envie d’y participer, tout simplement. Cet objectif a pris le pas sur l’apprentissage citoyen du vote, qui est tout aussi important mais pour lequel les jeunes ont aussi d’autres voies d’apprentissage, comme pour les délégué·es de classe.
Par contre, l’engagement au sein du Conseil des Jeunes est conditionné à la signature d’une charte qui précise les attentes et la nature de cet engagement.
Comment avez-vous réussi à impliquer tous les jeunes qui le souhaitaient ?
Nous sommes passés dans chaque établissement présenter ce qu’était le CDJ : ses objectifs, ses grands principes et l’engagement demandé. Nous avons essayé d’être clairs sur le fait que si certaines de leurs activités périscolaires prévalaient sur les réunions du CDJ qui ont lieu le samedi matin de 10h30 à 12h une fois entre chaque période de vacances scolaires, il fallait bien réfléchir avant de s’engager.
Grâce au mode d’intégration au CDJ sans élection, nous pensons avoir permis ou facilité une mixité plus forte dans les profils des jeunes membres. Les freins restent toutefois réels puisque les parents ou responsables légaux doivent aussi accompagner l’engagement de leur enfant ne serait-ce que dans le suivi des courriers, les déplacements et la réponse aux convocations. Mais comme nous avons plusieurs membres du CDJ dans chaque classe des établissements scolaires, ils se font aussi des rappels entre eux sur les dates de réunion. Une belle coopération et une vraie entraide s’instaurent.
N’avez-vous pas eu peur d’avoir trop de candidatures ?
Peur non, c’est même une excellente nouvelle si les jeunes se sentent légitimes à y participer très nombreuses et nombreux ! Par contre, cela s’anticipe et s’encadre pour ne pas atteindre une instance qui deviendrait dysfonctionnelle en termes d’encadrement et d’accompagnement. Nous avions réfléchi à plusieurs dispositifs en cas d’un trop grand nombre de candidatures, tel un système de suppléance en binôme ou des groupes de travail par projet, voire même un tirage au sort… Mais il fallait tenter cette expérience en acceptant une part d’inconnu, sinon les limites et les craintes prennent le pas sur l’expérimentation, comme trop souvent.
En 2024, 38 jeunes ont proposé de participer et nous avons fait le choix d’intégrer tout le monde ! Au final, une trentaine de jeunes s’est montrée active tout au long de l’année. Cet effectif important a finalement beaucoup d’avantages car il permet que le CDJ ne repose pas que sur quelques jeunes qui seraient sursollicité·es. Cela permet de gérer plus facilement les absences car nous tentons de trouver l’équilibre entre la notion d’engagement et la prise en compte de leur âge et de leurs multiples activités parallèles !
En 2025, douze jeunes ont renouvelé leur engagement et seize se sont ajouté·es. C’est un bon signal, cela veut dire que l’expérience leur convient et que le bouche à oreille fonctionne au sein des établissements.
L’engagement a de l’attrait et donne même envie, au-delà d’une élection !
Stellane Breton-Anjot
adjointe en charge de la concertation et de l’enfance-jeunesse à Rostrenen (22)
En savoir plus
Une expérience à découvrir vendredi 25 avril de 12h30 à 13h30 lors d’une visio-flash
- 20 à 30 minutes de présentation par Stellane Breton-Anjot ;
- 20 à 30 minutes d’échanges avec les participants.
S’inscrire / voir le programme des visios-flash du premier semestre 2025
Rédigé en février 2025
Thématique : Associer la population à ses projets, Enfance, jeunesse et ainés, Soutenir les initiatives citoyennes