Thierry Le Bihan, maire de Mordelles (35)
« Eau, agriculture, biodiversité, énergie… la transition nécessite des ruptures »
Nous avons placé ce deuxième mandat sous le signe de la transition. C’est une orientation politique forte et murement réfléchie que nous avons portée dès notre programme de campagne. Le précédent mandat nous a permis de bien comprendre les enjeux, de préparer l’ensemble des acteurs à l’évolution de nos politiques, d’engager des actions… Néanmoins, si tout le monde s’accorde sur cet enjeu de transition, la question du ‘comment’ reste largement à imaginer et à expérimenter.
De la transition à la rupture
De notre côté, et bien que cela puisse apparaître comme un oxymore, nous sommes convaincus que derrière l’idée de transition, il y a la nécessité de rupture. Nous ne pouvons plus faire comme nous faisions avant. Pour illustrer ces ruptures, voici deux décisions récentes que nous avons prises :
- L’arrêt total de l’éclairage public de nuit, de minuit à 6h : ce qui nous a animés, avant même la question du réchauffement climatique, c’est la question de la biodiversité. C’est un enjeu considérable.
- L’arrêt des tontes de pelouse : la commune était déjà engagée depuis de nombreuses années dans une politique de gestion différenciée avec plusieurs niveaux d’entretien selon les espaces verts. Aujourd’hui, nous passons à 2 ambiances : les espaces jardinés, essentiellement concentrés dans le cœur de bourg sur une toute petite surface, qui feront l’objet d’un entretien régulier / tous les autres espaces plus naturels, qui feront uniquement l’objet d’une seule fauche tardive avec un entretien appuyé des cheminements.
Impliquer les habitants, créer du « nous »
L’autre conviction, c’est celle d’une nécessité d’associer les habitants et les acteurs et de mener des actions dans une démarche ‘de bas vers le haut’, ‘de bottum-up’. Nous avons validé en conseil municipal un projet comprenant un socle de 10 actions (cf lien en bas de page). Pour le mener à bien nous nous appuierons sur un conseil de la transition, entièrement composé et présidé par des habitants. Il agira comme une sorte de conseil de développement, chargé d’apporter un regard sur ce que nous faisons et de porter des propositions d’actions citoyennes. C’est tout l’enjeu du « nous ». Pour lui donner corps, nous souhaitons créer un ‘espace culturel et citoyen’ qui sera notre ‘maison de la transition’, du ‘ker’ plus que du ‘ty’ en breton, du ‘home’ plus que du ‘house’ en anglais. Pour lui donner corps, nous souhaitons créer un ‘espace culturel et citoyen’ qui sera notre ‘maison de la transition’. En parallèle, un comité de pilotage composé d’élus suivra les actions mises en œuvre. Les deux instances seront animées par un chargé de mission expérimenté et reconnu que nous venons de recruter : Sébastien Benoist, qui pilotait jusqu’à présent les actions de transition sur la Communauté de communes de la Roche aux fées.
Trois actions phares
Parmi les projets sur lesquels nous travaillons actuellement, nous pouvons en citer 3 :
- Nous achevons cette année le premier parcours de notre muséum qui portera le nom de « Musé’O », équipement pédagogique gratuit et en plein air destiné à sensibiliser l’ensemble des acteurs aux enjeux de l’eau et de la restauration des milieux aquatiques. La situation de l’Ille-et-Vilaine sur la qualité de l’eau est préoccupante et nous devons tous agir pour inverser la tendance. Le Musé’O tente d’expliquer pourquoi et propose quelques « comment ».
- Nous construirons durant ce mandat une nouvelle école (biosourcée, incluse dans une économie circulaire…) avec l’objectif d’une cuisine centrale qui sera conçue dans la continuité de notre ambition de proposer à nos élèves des repas composés à 100% de produits locaux au sens locavore et qui a déjà conduit à revoir entièrement le marché public de restauration collective.
- Nous allons enfin préparer une approche totale nouvelle de l’extension urbaine avec le projet de « Cité Paysanne » qui va se développer au prochain mandat. Il s’agit d’un enjeu majeur pour les métropoles françaises, dont la conception actuelle est basée sur le principe d’une limitation de la consommation du foncier agricole par l’urbanisation. Nous proposons de partir de la logique inverse, à savoir de définir tout d’abord le futur projet agricole et de voir comment on urbanise autour de ce projet. L’objectif est de n’avoir aucune perte de production agricole tout en améliorant la biodiversité. Un changement de paradigme !
Nous nous demandions si la crise sanitaire allait remettre ces projets en question mais bien au contraire, et cela peut paraître étonnant, elle n’a rien changé aux orientations de notre programme. Elle n’a fait que les conforter.
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Rédigé en mars 2021
Thématique : Démarches globales et participatives, Environnement et biodiversité, Énergie, Équipements publics